Il n’est que peu évident d’imaginer Ibiza sans ses milliardaires et ses yachts qui envahissent le littoral ni de penser la ville autrement qu’accompagnée de ses plages, ses clubs – et parfois les deux en même temps… Seulement, depuis 2010, le nombre de touristes venant visiter la ville ne fait qu’accroître. La face d’Ibiza change, les fraudes et les agressions se multiplient, les plages deviennent privées et impraticables ; le paysage est transformé et les prix augmentent aussi vite que les loyers, au détriment d’une population qui elle, reste dans l’ombre et s’appauvrit.
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Le collectif Prou !!!, composé de citoyens engagés dans le présent et le futur de l’île défend, lui, un tourisme respectueux et un bon fonctionnement de la coexistence entre vacanciers et habitants. Il proposait de se réunir vendredi dernier afin de dénoncer les conséquences trop lourdes d’un tourisme de masse sur le paysage d’Ibiza. Plus de 500 personnes et une trentaine d’associations les ont rejoints sur la place principale de la ville. Parmi eux, on comptait le Groupe d’Étude de la Nature luttant contre la négligence des visiteurs sur la ville, qui laissent souvent une trace trop marquée de leur passage, en abandonnant des montagnes de déchets derrière eux.
Ce rendez-vous aura servi à démontrer le non-respect des touristes et surtout contrer la construction d’immeubles en abondance, la perte progressive de la culture locale et de la langue, l’augmentation des prix, la privatisation des plages ou encore les nuisances sonores qui posent en victimes les résidents de l’île. Un manifestant témoigne au site d’informations Diario de Ibiza : « Avec les prix exorbitants du marché immobilier, on a été forcé de remplacer la main-d’œuvre qualifiée, les médecins, les enseignants et la police par des disc-jockeys et des promoteurs musicaux ».
Un succès, en tout cas, pour cette première manifestation en but d’anéantir la culture BeachClub et le système Ibizien perverti ayant tout rendu touristique puisqu’elle a bien fait parler d’elle. Malgré les mesures prises par la police qui empêche certaines soirées de se passer et une loi du parlement visant à limiter les places réservées aux touristes pendant les saisons, on sent le malaise, voire le « mal-être », de la population face à ce tourisme incontrôlé. À savoir que pour une île de 572 km², en 2010 elle accueillait près de 1,7 million de touristes, quand en 2016 elle en atteignait les 5, soit près de 14% de plus qu’en 2015 nous indiquait le Petit Futé. Une île qui compte, face à son nombre florissant de visiteurs, seulement 142 000 habitants qui souffrent plus que jamais de son étiquette trop festive.