Les étranges portraits de rue et de soirées du patron de Versatile Gilb’R enfin en livre et exposés

Écrit par Chloé Sarraméa
Photo de couverture : ©Gilb'r, pour toutes les photos
Le 23.01.2018, à 11h44
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©Gilb'r, pour toutes les photos
Écrit par Chloé Sarraméa
Photo de couverture : ©Gilb'r, pour toutes les photos
Gilbert Cohen – aka Gilb’R – lâche les platines pour l’appareil photo et expose pour la première fois au Red Light Complex d’Amsterdam, du 18 janvier au 8 février. Pour l’occasion, il sort également un livre ainsi qu’un CD composé par son ami I:Cube. Les photographies, publiées en noir et blanc, sont le fruit d’un travail initié depuis l’adolescence. Gilb’R s’est confié à Trax, et nous a parlé de ses projets, de son travail de DJ mais aussi de celui de photographe.

Beaucoup connaissent Gilb’R pour son travail de compositeur et producteur de musique électronique. Dans les années 90, il commence à mixer sur Radio Nova avant de fonder son propre label Versatile Records, en 1996. Avec son ami I:Cube, ils forment le duo Château Flight et façonnent leur propre univers électronique ; ils vont de challenge en challenge, passant d’un remix de Pierre Henry – figure paternelle de la musique électronique avant-gardiste et expérimentale disparu récemment – à la production d’un EP Pour Innervisions, intitulé Baroque. En parallèle, nombre d’artistes tels qu’Acid Arab, Fabrizio Rat, Roman Flügel ou encore DJ Koze signent des productions sur Versatile. Des années plus tard, devenu figure incontournable de la house française, Gilb’R décide de mettre de côté la musique au profit de l’image, et d’exposer ses photographies prises au fil des années au Red Light Complex, QG de la Red Light Radio d’Amsterdam.

Gilb’R a commencé à faire de la photo il y a « plus d’une dizaine d’années ». Passionné, il installe un labo dans la cave de ses parents et développe lui-même ses clichés. Pour lui, « les processus créatifs sont opposés » entre musique et photographie. Cette dernière nécessite la solitude ; il la voit comme une sorte d’introspection. Il précise : « En tant que DJ – sur un dancefloor par exemple – on crée une expérience collective. Quand on regarde une photo, c’est une expérience individuelle. Si quinze personnes regardent la même photo, elles ne penseront pas la même chose. » Pour Gilb’R, la musique est une expérience collective qui incombe un aspect instinctif. La photographie, a contrario, instaure une distance. Quelque chose se fixe alors qu’en musique, tout bouge : « On ne montre pas la même chose. La photo est plus réflexive. Il faut davantage réfléchir à la manière d’exposer, de placer une photo avant ou après une autre, et surtout pourquoi. » Dans The Fluid, on retrouve majoritairement des portraits, qui ne dévoilent en rien les lieux dans lesquels les photos ont été prises. Il s’agit en fait « de scènes de rues, des soirées » où l’artiste s’est rendu, « ou bien des photo de ma famille. » Gilb’R précise que « pour cette exposition là, ce sont des lieux assez variés » autour desquels les portraits gravitent. Le choix du noir et blanc est purement esthétique, préféré par l’artiste : « Je trouve que la couleur distrait. »

Le projet photo de Gilbert Cohen naît d’une discussion avec Orpheu The Wizard, DJ de la Red Light Radio : « Il m’a proposé de faire cette expo et de faire ce livre ; il m’a mis un peu le pied à l’étrier. L’idée me titillait depuis longtemps, mais le fait qu’il me propose de faire l’expo a concrétisé les choses. » Pour les photos, I:Cube n’assistera pas Gilb’R. Mais pour la musique, hors de question de le mettre à l’écart : « On collabore depuis les débuts du label. Il est sensible à la photo aussi et il a vu la photo prendre de plus en plus de place dans mon travail et dans ma vie. Il me connaît bien, donc je trouvais cool d’associer une soundtrack à l’expo. C’est une manière de poursuivre la collaboration qu’on a déjà entamée ». L’ajout d’un CD composé par son ami de longue date fait office de lien entre l’univers musical et photographique de l’artiste. Une impression inédite, tirée à seulement 200 exemplaires vinyles : avec ça, « le support devient un peu plus “légitime”. » 

« The Fluid » est exposée à Amsterdam, terre d’accueil de Gilb’r, dans laquelle il a choisi de déménager il y a trois ans. Quatre soirées seront associées à l’exposition. Gilbert y invitera des artistes à mixer, dans les locaux de Red Light Records : le 25 janvier Suzanne Kraft, Jonny Nash et Gilb’r se produiront en live ; le 1er février, ce sera au tour de Tako et Young Marco lors d’une “listening session”. Enfin, Orpheu The Wizard & DJ Soulseek seront invités pour une dernière soirée. Les projets de Gilb’r sont multiples, il prévoit – entre autres – de collaborer avec Agnès b., «  de sortir un nouvel album d’I:Cube, un nouvel album d’Etienne Jaumet, une compil,… » 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de “The Fluid”. Le catalogue de l’exposition, accompagné de l’album d’I:Cube, est disponible sur le Bandcamp de Versatile.

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