Les 8 outils essentiels de AIR : 60 ans de lutherie électronique

Écrit par Trax Magazine
Le 10.12.2015, à 16h10
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Écrit par Trax Magazine
Rétrospective de l’œuvre de AIR, à travers la sélection de huit modules, machines et instruments utilisés par Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel depuis leurs débuts.Article paru dans TRAX#186 (Jean-Michel Jarre, octobre 2015), par Olivier Pernot

#1 Bandes magnétiques

AIR

Pour AIR, nous avons aussi utilisé des bandes magnétiques. Les albums que nous avons faits avec le producteur Nigel Godrich (celui de Radiohead, ndlr) ont tous été mixés sur bandes. Cela apporte un son plus riche, plus équilibré, plus humain. Ces masters sur bandes, c’est comme un chemin vers l’immortalité. 

Le magnétophone et les bandes magnétiques vont être, dès les années 1950, des instruments majeurs dans l’expérimentation électronique. La manipulation des bandes (coupage/collage) et l’utilisation de plusieurs magnétophones pour réaliser du mixage seront au cœur des travaux du Groupe de recherche de musique concrète (GRMC), puis du Groupe de recherches musicales (GRM).

#2 Eminent 310 Unique

AIR
Le Solina, que nous utilisons partout avec AIR, est un rayon de lumière. Comme la lumière qui traverse les vitraux dans une église. Le son est aigu et lumineux. Il rajoute de la chaleur et de la hauteur, donne de l’ampleur et de la plénitude aux morceaux.

Cet orgue électrique a été commercialisé par la marque Eminent entre 1973 et 1982. Il était le premier à proposer une section de cordes (strings). Cette technologie a été utilisée par la suite pour le ARP String Ensemble (appelé aussi Solina String Ensemble). L’Eminent et le Solina ont été utilisés par Pink Floyd, Tangerine Dream, Joy Division puis New Order ou encore Josh Wink.

#3 Memorymoog

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C’est un synthé puissant, aux textures épaisses. C’est une arme de combat. Pour notre album 10 000 Hz Legend, nous venions tout juste d’en acheter un… au groupe Mötley Crüe. Il y avait encore des presets hard rock dedans. Nous les avons gardés et modifiés, puis nous avons joué avec.

Ce synthétiseur polyphonique à six voix de la marque Moog a été commercialisé entre 1981 et 1985. Ce grand frère du Minimoog a l’avantage de posséder des programmes mémorisables. Il a été utilisé par The Orb, Jan Hammer, INXS, et 808 State.

#4 Prophet VS

AIR

Ce synthé donne des nappes très années 1980, à la Twin Peaks. Des nappes à la fois planantes et profondes, avec des textures onctueuses. Nous avons la version Rack, plus facile à ranger. Mais il existe aussi avec un clavier.

Ce synthétiseur polyphonique programmable numérique a été commercialisé en 1986 et 1987 par la firme Sequential Circuits. C’est un instrument à synthèse vectorielle. Il a été utilisé par Depeche Mode, Vangelis, Kraftwerk, John Carpenter ou Trent Reznor.

#5 Piano

AIR
Mon piano est un Pleyel des années 1970. Il a une âme. C’est l’instrument de départ de tous les morceaux de AIR. Il est là pour faire des squelettes. Il est d’ailleurs souvent désaccordé, par négligence, et cela lui donne une couleur.

Le clavier a traversé les siècles : tympanon (Moyen-âge), clavicorde (XVe siècle), piano-forte (début XVIIIe siècle) et piano (début XVIIIe siècle). Depuis, cet instrument à cordes frappées a subi peu de changements. Il est présent dans tous les styles de musiques (classique, jazz, rock, pop, soul, disco) ainsi que dans la house et l’electronica (de Daft Punk à Aphex Twin).

#6 Vocodeur

AIR
En studio, nous utilisons un vocodeur Korg DVP-1 en rack. Le son est assez métallique mais très intelligible. Sur scène, nous avons un vocodeur Roland à clavier.

Cet instrument électronique, contraction de voice coder, fabrique un son synthétique à partir des composantes spectrales de la voix. Apparu dès 1939, il sert au départ pour les conversations téléphoniques. Ce synthétiseur vocal devient aussi un instrument de musique, très utilisé par Giorgio Moroder, Herbie Hancock, Kraftwerk ou encore Daft Punk.

#7 Korg -MS-20

AIR

C’est mon synthé fétiche. Il est japonais, avec une ergonomie très simple. Ce synthé est puissant, notamment ses filtres et il est très bon dans les distorsions. Il donne des vibrations harmoniques d’amplitude supérieure.

Ce synthétiseur Korg, commercialisé entre 1978 et 1983, est analogique, monophonique et semi-modulaire. D’une grande flexibilité car il peut traiter les signaux externes, on le retrouve chez Aphex Twin, Mr. Oizo, The Prodigy, Coldcut, Front 242 ou Portishead.

#8 Thérémine

AIR
Il y en a dans notre morceau “Kelly Watch The Stars” mais c’est très difficile d’en jouer. Le thérémine sonne comme un champ magnétique. Avec ces sonorités étranges qu’on a pu entendre dans le film Mars Attacks! ou dans la série Star Trek.

Inventé par l’ingénieur russe Lev Sergueïevitch Termen (Léon Thérémine), le thérémine est l’un des plus anciens instruments de musique électronique. Pour produire des sons, le musicien balade ses mains le long des antennes (pour la hauteur de la note et son volume). Cet instrument a été utilisé aussi bien dans la musique électronique (Jean Michel Jarre, Vangelis, Fatboy Slim) que dans la pop et le rock (“Good Vibrations” des Beach Boys, “Whole Lotta Love” de Led Zeppelin).

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