Gilb’R – Espèce Funk
C’est le tout premier morceau que j’ai fait tout seul. Je l’avais enregistré avec des musiciens de la Malka Family et une 808. On avait fait un truc assez marrant parce qu’il y a une sorte de break et un changement de tempo. En fait, on avait carrément ralenti la bande. C’est un morceau presque naïf. Par la suite, il avait été réédité sur U-Star, le label des Idjut Boys.
I:Cube – Disco Cubizm
C’est la toute première sortie du label. Ça s’est fait un peu à l’arrache. Je bossais à Nova et je devais lancer le label avec la radio, mais pour diverses raisons, ça ne s’est pas fait. Très vite, je suis parti, presque du jour au lendemain. Avec I:Cube, on avait installé un home studio dans une chambre, dans lequel on a mixé rapidement les morceaux. Il y avait deux morceaux d’I:Cube, et je suis allé voir les Daft pour leur demander un remix. Ça s’est fait très vite et spontanément. Ça a été un succès foudroyant, tout le monde a été pris de court, on s’est retrouvé à represser sans arrêt. On gérait les disques nous-mêmes à l’époque, on ne pensait pas en faire beaucoup. Sauf qu’à la fin, on s’est retrouvés dans le salon avec des montagnes de papiers d’autocollants. Après, on a décidé de déléguer le boulot…
Cheek-Venus (Sunshine People)
C’est la deuxième sortie du label, et pareil, c’était accidentel. J’avais fait un morceau sur l’autre face, très différent du remix. La Funk Mob devait s’occuper du remix mais ils ont fait traîner. À un moment, je ne voulais plus attendre. Je connaissais bien Gregory, qui commençait à produire. Je lui ai proposé le remix, Il a récupéré une vingtaine de disques chez moi, et à partir d’un des samples, il a composé ce remix qui est devenu Sunshine People. Pour moi, c’est le morceau emblématique de la french house, parce qu’il a aussi quelque chose très naïf, très rough dans la production, et il est d’une efficacité redoutable. Pour moi, après Disco Cubizm, c’était un truc de fou, je me retrouvais avec deux morceaux « anthémiques » coup sur coup. Et en même temps, je ne voulais pas me laisser enfermer dans ce trip de disco filtrée. Donc pour le troisième, j’ai un peu changé de direction. Avec Gregory, on a collaboré plus tard sur un maxi qui s’appelait Headcore, ressorti il n’y a pas longtemps sur le label Lazare Hoche. Gregory est toujours là aujourd’hui, et pour moi, c’est un des mecs les plus doués de toute cette scène. Pour différentes raisons, il n’a jamais vraiment explosé, mais ça aurait dû être lui, Bob Sinclar. Malheureusement, il a été le nègre de Bob Sinclar pendant longtemps. Mais il avait la capacité de faire un truc très commercial et en même temps très bon. Maintenant, ça roule pour lui, mais ça lui a pris un peu de temps.
Julien Jabre – Sun Is Back
J’ai rencontré Julien via Gregory. Il produisait un peu à droite à gauche et on a juste évoqué l’idée de faire un disque ensemble et il est arrivé avec ce morceaux. Il compose toujours de la musique mais pour la télé, du cinéma, ce genre de choses. Il a un côté plus mélodique que Gregory, mais je trouve dommage qu’il n’ait pas poursuivi dans sa propre voie, il aurait pu faire quelque chose de plus gros. C’est un mec hyper doué mais qui n’a pas souhaité poursuivre sur la voie plus « underground ».
Manu Dibango – Soul Fiesta (Château Flight re-work)
C’est un plan qu’on a eu via l’éditeur de Manu Dibango. Je l’avais contacté pour bosser sur le catalogue de Manu Dibango, et on a trouvé les éléments séparés de Soul Fiesta. On s’est éclatés : on est partis de l’original et on a fait rejouer des parties par des musiciens, il y a Sébastien Martel qui faisait les guitares. De mémoire, c’est le morceau sur lequel on a eu le plus de pistes, au moins 40. Pour moi, ce titre est la quintessence du remix : garder l’esprit de l’original et amener un truc personnel dessus. C’était super agréable de travailler sur une chanson aussi mythique en partant des parties originales.
I:Cube + RZA – Can You Deal With That ?
RZA est venu à Paris pour un concert et on avait rendez-vous dans son hôtel. Je me souviens être arrivé dans la salle de conférences avec un ordi portable et deux enceintes. Je joue des intrus d’I:Cube, il en choisit un, et nous fixe rendez-vous à Berlin, pour sa prochaine date. Je bossais avec Jazzanova à l’époque, ils nous ont gentiment prêté leur super studio. À Berlin, dans sa chambre, RZA avait une grosse MPC qu’il trimballait avec lui parce qu’il fait tout le temps de la musique. On entre et il était en train de bosser sur un sample de Joe Dassin, “L’Eté indien”, on a un peu halluciné. Après le concert, il y avait des fans qui l’attendaient à l’hôtel, alors on s’est barrés par la sortie de secours. On a enregistré le morceau au studio, il a fait ça hyper sérieusement, ça s’est terminé au petit matin. On a repris le train direct, on était complètement éclatés. Ensuite, I:Cube a changé la musique. Ça a plu à RZA et on l’a sorti comme ça.
Fabrice Lig – X Slaves
Fabrice Lig était bien introduit dans toute la scène techno de Detroit. On avait choisi parmi les morceaux qu’il m’avait envoyés et on a sorti ce maxi. C’est un peu la connexion Bruxelles-Detroit.
Etienne Jaumet – Entropy
Etienne, je l’ai rencontré évidemment avec Zombie Zombie, et un jour, il m’amène ce morceau. Je lui dis que c’est super bien et qu’il devrait en faire plus. Puis il m’a amené l’album dont est extrait Entropy, Night Music. J’étais en contact avec Carl Craig pour autre chose et j’avais toujours eu envie de le faire participer à un projet. Mais plutôt que de lui donner un remix, je pensais que ce serait plus intéressant qu’il produise un album. On a donc envoyé le disque à Carl Craig, qui l’a produit avec son ingénieur du son dans son studio. C’est un des meilleurs disques qu’on ait sorti. Carl Craig n’a rien ajouté, il a fait du pur mix entre les éléments qu’on lui avait donnés. Comme si Etienne avait dit A,B, C, D et que Carl avait terminé l’alphabet. Quand on a reçu le disque, comparé à la démo, il avait magnifié les pistes. Pour moi, cet album est pratiquement une collaboration entre Carl Craig et Etienne Jaumet.
Aladdin (Gilb’R et Nicolas Ker) – The Sun Is on Fire
Aladdin, c’est un projet un peu maudit. J’avais toujours voulu bosser avec un mec qui faisait des chansons, et des bonnes paroles. Avec Nicolas Ker (chanteur de Poni Hoax, ndlr), on s’est retrouvés au moment où on s’était fait tous les deux lourdés par nos nanas respectives. C’était super agréable, parce que je découvrais un peu le rock avec Nicolas Ker. Je n’aimais pas trop, je n’avais jamais vraiment compris Bowie, par exemple. Ker, c’est un mec très libre, qui n’a pas du tout d’ego. Alors que je suis très expansif sur les morceaux, lui, qui vient de la pop, préfère bosser en mode couplet/refrain. Quand l’album est sorti, ce fut un four du point de vue commercial. Mais c’est un bon disque, pour lequel j’ai une vraie tendresse, à cause de cette histoire sentimentale. On le redécouvrira peut-être dans quelques années.
Gilb’R & DJ Sotofett – Cobra
Sotofett, je l’ai connu via I:Cube. Je l’ai invité à Paris et il m’a répondu : “Ok, mais je veux rester trois jours chez toi et qu’on fasse de la musique.” J’étais un peu surpris, mais j’ai dit pourquoi pas. Il a débarqué, on s’est hyper bien entendu tout de suite. Pour Cobra, notre second maxi, on a fait deux morceaux en deux jours. C’était une manière de travailler très instinctive, très rapide. Je trouve que c’est un morceau qui me représente bien : il se passe toujours plein de trucs mais on a l’impression qu’il ne passe pas grand-chose, c’est l’esprit house/techno psyché. Avec I:Cube, Sotofett est le mec avec qui je collabore le plus facilement.