Cet article est initialement paru en juin 2016 dans le numéro 193 de Trax Magazine, disponible sur le store en ligne.
C’est la destination techno dont tout le monde parle en ce moment. Ancienne cité sinistrée d’Allemagne de l’Est désormais en plein essor économique, Leipzig, située à 2 heures de voiture au sud-ouest de la capitale, attire quantité d’Allemands de l’Ouest grâce à ses loyers bon marché, son esprit alternatif et sa scène électronique, qui s’appuie sur un impressionnant vivier de talents et un patrimoine postindustriel idéal pour accueillir des fêtes. La ville est tellement à la mode que le terme de « Hypezig » a commencé à apparaître et que la presse anglo-saxonne évoque un nouveau Berlin, au grand déplaisir de ses habitants à qui rien ne fait plus peur que d’être à la mode, d’attirer des touristes et de voir la gentrification s’accentuer comme dans la capitale toute proche. Bien sûr, c’est cette étiquette prometteuse qui nous a menés sur place, où l’on a découvert que Leipzig ne suit pas la même trajectoire que sa voisine. Il s’agit bien d’une ville bohème, très attachante et profondément marquée par la techno, mais au mode de fonctionnement très différent.
Ce qui est cool à Leipzig, c’est qu’il est toujours possible de tenir un club sans licence. Il n’y a pas besoin de beaucoup d’argent, c’est très spontané. La police laisse faire si on se tient bien. La situation n’a pas changé tant que ça depuis le début des années 90.
Steffen de l’IFZ
Leipzig ne compte que 570 000 habitants, contre 3 millions pour Berlin. Elle n’a pas non plus la même histoire, n’a pas autant souffert de la guerre. C’est aussi une ville traditionnellement ouverte au monde malgré sa taille limitée et sa position excentrée. En forçant le trait, on peut chercher les racines de sa spécificité dans son passé de ville de foire depuis le Moyen-Âge. Ce fut longtemps une ville riche, avec une intense vie musicale. Bach y a vécu, le chœur qu’il dirigeait réside toujours à l’église Saint-Thomas, et l’opéra construit au début des années 80 sur l’insistance du célèbre chef d’orchestre Kurt Masur bénéficie d’une des meilleures acoustiques au monde. En réalité, la particularité de Leipzig tient au fait qu’on y captait la radio et la télévision de Berlin-Ouest à l’époque du rideau de fer, ce qui permettait à sa population d’échapper à la propagande étatique. Les habitants se remémorent avec fierté les manifestations contre le régime dès 1982, avec en point d’orgue une marche de 70 000 personnes en 1989 qui servit de prélude à l’effondrement du mur.

Après la chute, la lutte
Si les habitants de Leipzig ont accueilli la réunification avec joie, ils ne s’attendaient pas à la débâcle économique qui a suivi. Les industries de charbon et de textile ont fermé en masse, laissant derrière elles des centaines de milliers de chômeurs, des usines vides aux murs noirs de suie, des paysages crevés par l’exploitation minière, des rivières et des sous-sols profondément pollués. « Il n’y avait plus rien après la chute du mur », explique Steffen, qui travaille aux relations presse et à la programmation du club IFZ (Institut für Zukunft, soit Institut pour le futur, ndlr). Tout a été privatisé au profit de l’Allemagne de l’Ouest, les gens se sentaient maltraités. La couverture sociale a été supprimée par la social-démocratie, ça a entraîné un sentiment d’exclusion. Dans nos campagnes et dans la ville voisine de Dresde, plus fermée sur elle-même, certains ont estimé que les étrangers étaient à l’origine de leurs problèmes et ça a débouché sur la montée du néonazisme. Le mouvement s’était un peu calmé ces dernières années, mais avec l’arrivée des réfugiés syriens, il reprend et beaucoup participent aux manifestations d’extrême droite de Pegida ». La tradition humaniste de Leipzig lui a permis d’éviter l’essentiel de ces dérives, sa jeunesse militante prenant généralement un virage plus punk, très à gauche, et développant une culture d’affrontement avec les groupuscules néonazis.
Si la crise économique a fait des ravages, les friches industrielles dont elle a provoqué l’apparition ont constitué un terrain de jeu fabuleux pour le graffiti, une pratique déjà très présente depuis les années 80 et la diffusion du légendaire documentaire Beat Street sur les pionniers new-yorkais du hip-hop – autorisé par le régime communiste est-allemand du fait de son message critique sur le capitalisme. Les lettrages de Leipzig furent longtemps célèbres pour leur couleur argentée, qui se voyait mieux sur les murs noircis… Ces usines et ces entrepôts abandonnés constituaient également un cadre idéal pour la techno naissante, dont la DJ berlinoise Marusha propagea le virus en ex-Allemagne de l’Est grâce à son show sur la radio DT 64. « On pouvait faire ce qu’on voulait dans ces friches abandonnées par l’Etat puisque leurs propriétaires d’avant la guerre étaient le plus souvent inconnus, raconte Alex, le graphiste et producteur Credit 00. Dans les années 90, on partait à l’aventure dans d’anciennes bases militaires soviétiques, des centrales électriques, des entrepôts gigantesques. On posait du son et on faisait la fête à 50 sur de la hardtek dans des lieux complètement démesurés. C’était si grand que, souvent, on n’entendait même pas la musique depuis la rue. Ce phénomène n’a pas complètement disparu. Il n’y a pas si longtemps, je me souviens d’une fête sur cinq étages dans un immense bâtiment à l’abandon. La police est entrée pour nous chasser, mais nous avons continué la fête d’étage en étage jusqu’à nous entasser sur le dernier dancefloor, c’était fou. »

Aujourd’hui, les squats continuent régulièrement d’accueillir des soirées, à l’image du très punk Zoro et son impressionnante décoration de fer forgée dans la lignée de Mad Max, tandis que les immenses parcs de la ville se remplissent d’open airs gratuits aux beaux jours et que de petits clubs plus ou moins légaux subsistent encore. « Il y a tout le temps des lieux qui ouvrent et qui ferment, explique Steffen de l’IFZ. Ce qui est cool à Leipzig, c’est qu’il est toujours possible de tenir un club sans licence. C’est pourquoi la scène est si vivante, il n’y a pas besoin de beaucoup d’argent, c’est très spontané. La police laisse faire si on se tient bien. La situation n’a pas changé tant que ça depuis le début des années 90. »
Des clubs semi-légaux et militants
C’est d’ailleurs dans l’un de ces clubs à la limite de la légalité que l’on passe notre première soirée. Personne ne sait vraiment comment il s’appelle, tout le monde lui donne le nom de sa rue, Kochstrasse. L’entrée, anonyme, donne sur un jardin jalonné de sculptures métalliques. On plonge dans une bouche de briques avant de descendre un escalier qui débouche sur un petit dancefloor plongé dans une épaisse pénombre, devant lequel un DJ mixe de la hardtek derrière des barreaux, suivi d’un bar peuplé de teufeurs à capuche qui jouent au baby-foot ou se partagent des traces de speed en rigolant. On en sortira au petit matin pour explorer les friches graffées du voisinage, chouette soirée.
Le lendemain après-midi, on rend visite à l’institution de la ville, la Distillery. Son patron, Steffen, était là en 1992 lors de l’ouverture du club. « À l’époque, on passait notre temps à explorer les usines abandonnées. On a découvert une brasserie qu’on a investie, c’était censé durer quelques semaines mais les autorités nous ont laissés tranquilles pendant un an. Un jour, ils ont découvert qu’il y avait un problème au niveau des sorties de secours et nous ont demandé de fermer. On a fait une manifestation devant la mairie, on devait être un millier. Ils ont été si impressionnés qu’on a pu rester ouverts jusqu’en 1994. Puis ils ont muré le club, donc on a déménagé ici en gardant le nom. » Aujourd’hui, c’est une bâtisse de fer et de béton flanqué d’un petit jardin. La cave, que les clubbeurs du coin comparent au fameux Tresor berlinois première période, est le siège d’une techno assez dure, tandis que le dancefloor principal est dédié à la bass music le vendredi et à la house ou la techno le samedi. « Nous nous considérons comme un club de gauche, nous militons pour l’accueil des réfugiés et contre Pegida. Je me souviens d’une manifestation de néonazis devant notre club il y a quelques années, on avait mis des enceintes sur le toit et on avait joué Arschgesicht d’Otto Waalkes, c’est-à-dire qu’on les traitait littéralement de têtes de cul ! », se marre-t-il.
L’autre grand club de la ville, l’IFZ, dont l’équipe est connectée au prestigieux ://about blank de Berlin, fait la fierté des locaux qui l’appellent affectueusement leur petit Berghain. Avec ses volumes de béton et son magnifique éclairage tamisé, il accueille des pointures de la techno dans une ambiance là aussi familiale, mais pour le coup beaucoup moins gay et sexuelle que chez son grand frère berlinois. De plus, il compte toute une série de studios où les artistes de la ville ont des résidences. Son équipe se déclare, elle aussi, de gauche et, tout comme à la Distillery, organise des soirées au bénéfice des réfugiés.
Mais le club le plus militant de Leipzig est incontestablement Conne Island, un ensemble de deux bâtiments couverts de slogans antifascistes, flanqué d’un grand jardin et d’un skate-park, à la périphérie de la ville. Au départ dédié à la scène punk, il accueille aujourd’hui pléthore d’associations d’extrême-gauche et une programmation variée qui tourne autour de musiques assez appuyées. Lors de notre passage, on y donnait une soirée Miami bass/ghetto bass très pointue, la plus intéressante de notre séjour.
Porsche, BMW et les Français
Mais si la scène techno reste underground, la ville n’échappe pas à la gentrification. Beaucoup d’argent a été investi par l’État ces dernières années, Porsche et BMW ont installé des usines, les immeubles ont été réhabilités, les anciennes halles de foires ont été converties en boutiques de luxe, les mines de charbon sont devenues des lacs, les industries sont plus propres et l’environnement est nettoyé petit à petit. La plus grande cotonnerie d’Europe, la Spinnerei, où travaillaient jusqu’à 4 000 ouvriers dans ses grandes années, a été transformée en un centre d’art contemporain qui accueille 120 artistes du monde entier. Elle abrite le foyer de la célèbre New School of Leipzig, qui traite avec mélancolie de problématiques postindustrielles typiques de l’Allemagne de l’Est, même si de nouveaux courants artistiques plus contemporains s’y épanouissent également. Attirés par cette image glamour, les loyers bon marché, la renommée de l’université, les espaces verts, la réputation festive et la proximité avec Berlin (à une heure de train), les jeunes Allemands de l’Ouest arrivent en masse. On voit aussi arriver quelques étrangers, comme le Français Ben Dedek qui a ouvert son agence Electrobooking il y a une dizaine d’années dans un ancien centre de communication avec des amis. « Nous avons une pièce commune avec des cours de yoga et du théâtre, détaille-t-il. La ville nous donne une subvention de 10 000 euros pour proposer un programme culturel et pour nous aider à rénover le bâtiment. Nous avons aussi une grande cave où nous faisons des fêtes ou des projections de matchs de foot. Dans d’autres projets plus hippies, les gens partagent leur machine à laver, leur cuisine, leur salon, tandis que certains s’organisent autour de la lutte antifasciste. »

Sans aller jusqu’à se lancer dans de tels projets immobiliers, il est encore parfois possible, comme dans les années 90, d’habiter gratuitement dans un appartement en échange du paiement des charges, une solution choisie par les propriétaires afin d’éviter le squat sauvage en attendant d’avoir les moyens de rénover pour passer à une location classique. Mais dans l’ensemble, la gentrification gagne du terrain, provoque une nette augmentation des loyers et exaspère beaucoup de monde, même si certains ne sont pas mécontents de voir la ville se moderniser. « Il est encore possible de se loger à peu de frais, assure Andy, graphiste au sein du collectif Doppeldenk. On peut lancer une affaire, un restaurant, les gens qui ont des projets peuvent les développer. En revanche, pour ceux qui ne font rien, la hausse des loyers rend effectivement les choses plus compliquées. » Son ami Alex, alias Credit 00, estime aussi que « malgré les problèmes qu’elle pose, l’arrivée en masse des Allemands de l’Ouest apporte du sang neuf. Nous n’avons pas leur pop culture des 60’s, c’est intéressant. » Et l’invasion tant redoutée des touristes étrangers qui a bouleversé l’ambiance de Berlin n’a pas lieu, car les compagnies low cost ne desservent que très mal la ville, même si des lignes de bus la connectent à peu de frais au reste de l’Allemagne. « Les gens sont ici pour travailler, créer, faire la fête, pas pour visiter », se félicite Mutsch du collectif hardcore exLEpäng.
Et si la ville se voit de plus en plus accoler une image branchée, ses habitants n’en veulent surtout pas. « Nous sortons entre potes, c’est très familial, explique Jacob du duo drum’n’bass Neonlight. Nous ne sommes pas là pour nous montrer. »
Dans les soirées, le visiteur est frappé par la simplicité et la cordialité qui règnent entre les gens. Il n’est pas rare de voir quelqu’un tendre un joint à la personne derrière lui sur le dancefloor, sans attendre de merci, en indiquant juste de le faire tourner derrière. Si on laisse son verre quelque part, on peut revenir le chercher une demi-heure plus tard, personne n’y aura touché. Et même si les têtes changent avec toutes les arrivées de ces dernières années, l’ambiance ne semble pas avoir été si bouleversée. Le mode de vie bohème développé autour de la techno a maintenant près de trente ans et la deuxième génération de teufeurs tient à s’inscrire dans la continuité de ses aînés. Une position qui semble prise en compte par les autorités. « Il y a eu un projet immobilier devant notre club qui menaçait notre existence, raconte par exemple Steffen de la Distillery. Nous sommes allés voir la mairie et le plan a été changé de façon à ce que nous puissions rester, c’est assez unique en Allemagne. Il y a beaucoup de membres de notre parlement local qui faisaient la fête chez nous quand ils avaient 25 ans, ils nous soutiennent. J’espère que ça permettra à Leipzig de garder son état d’esprit. »
Graphisme et musique, la matrice hip hop
Le street art a prondément marqué la culture artistique de Leipzig. Des crews comme Org, Swe, Snow ou les plus récents Nachos ont couvert la ville de tags dans une “Graffiti Krieg” sans merci, et les graphistes de la scène électronique ont donc presque tous grandi une bombe de peinture à la main, tout en baignant dans le hip hop, l’électro et la techno. Leur tête de proue est depuis des années le duo Doppeldenk constitué de Marcel, designer informatique et longtemps programmateur de la Distillery où il a fait venir Egyptian Lover, DMX Krew, Aux 88, Dopplereffekt et Dj Godfather, et d’Andy, issu du street art et par ailleurs DJ électro. Ils ont signé beaucoup d’affiches et de flyers inspirées par « le graffiti old school, la bande dessinée de science-fiction de Moebius, le Bauhaus, Philip K. Dick et la musique sombre mais pleine d’espoir de Drexcya », souvent pour leurs propres soirées où ils ont parfois officié comme VJ, et de pochettes d’albums, en particulier pour le label local Jahtari. En plus du graphisme sur ordinateur, ils manient la peinture, la typographie et la sculpture, et sont bien introduits sur le marché de l’art contemporain. On peut aussi citer leur ami producteur électro Credit 00, également graphiste sous son nom d’Alexander Dorn, qui se balade joyeusement entre comics acidulé, robots farceurs et constructivisme russe. Tous trois sont fans d’un jeune artiste hyperproductif de 22 ans, Lukas alias Modern Trips. Graffeur acharné, graphiste et vidéaste autodidacte, lui aussi brillant producteur électro, et organisateur d’une ribambelle de soirées dans les clubs de la ville. Ses images tournent autour de la pop culture contemporaine : jeux vidéo, mangas, armes, lettrages et sneakers, avec un goût prononcé pour les formes fluides et les atmosphères ténébreuses. Mais aussi doués soient-ils, ces artistes sont un peu isolés. « Je connais quelques graphistes de talent, mais la scène n’est pas mature, déplore Lukas. Il n’existe d’ailleurs pas de style typique à Leipzig. » Il y a pourtant la Spinnerei, la vitrine de l’art contemporain de la ville avec ses artistes venus du monde entier. « Mais ils ont très peu de connexions avec la scène musicale, ils restent entre eux », objecte-t-il. Marcel de Doppeldenk est plus critique encore sur la production locale, qui peine à évoluer selon lui. « Personne ne parle d’art dans notre milieu, il n’y a pas de questionnement. C’est assez pauvre. J’aimerais bien qu’il y ait plus de mouvement, davantage de gens d’autres cultures, d’autres pays, qui s’installent ici. Mais la vérité, c’est que nous sommes encore beaucoup entre nous. »
Des artistes à foison
La scène de Leipzig est étonnamment riche pour une ville de cette taille. Ses débuts ont été influencés par la rude techno berlinoise des DJ berlinois Tanit et Dr Motte, mais également par la house de Chicago, avant d’exploser en une myriade de genres au sein desquels la bass music prend une place conséquente. Aujourd’hui, elle est avant tout connue pour sa house, grâce à des artistes comme Matthias Tanzmann, le boss de Moon Harbour, même si ce dernier est raillé pour son côté Ibiza. Son vieil acolyte Daniel Stefanik a d’ailleurs justement quitté le navire pour cette raison. L’autre label de référence, Kann, oscille entre house et techno avec Sevensol, Bender, Perm et, jusqu’à récemment, Sven Tasnadi. Dans les mêmes eaux, il y a de bonnes choses à écouter du côté de Stefan Benneman, par ailleurs organisateur du festival Nacht Digital. Mais le plus respecté de tous est assurément Kassem Mosse, qui se situe dans une veine house à la fois souple et expérimentale. Si l’on parle bass music, il faut citer l’excellente électro de Credit 00 sur son label Ratlife et de Mix Mup sur IFZ. Les vedettes de la scène drum’n bass locale, la plus active d’Allemagne, sont les deux membres de Neonlight qui trustent les charts avec leur neurofunk signée sur le label hollandais Blackout. Ce sont Derrick et Malcolm du crew Ulan Bator, qui ont organisé les premières soirées drum dans les années 90, avant d’être rejoints il y a dix ans par leurs amis Fabian et Paloma de Vibes Ambassador. Toujours en mode drum’n bass, mais aussi breakcore et hardcore, Mutsch, Detest et Raw State du collectif ExLepäng envoient du bois. Enfin, Disrupt emmène toute une floppée d’artistes locaux et internationaux sur son passionnant label Jahtari, qui occupe la niche ragga/dub 8 bits. Et tout ce petit monde profite de la présence de R.A.N.D., une usine de pressage de vinyles… Mais en plus de sa diversité, ce qui fait la particularité de la scène de Leipzig, c’est sa porosité entre les genres et les connexions entre ses crews. Nulle part ailleurs on n’entend des DJ passer aussi facilement de la drum à la house puis au breakcore dans un même set.
Des festivals en plein air
Si vous envisagez de visiter Leipzig cet été, n’hésitez pas c’est la période des meilleurs événements. Le Wave Gothic Treffen a déjà eu lieu mi-mai, mais on vous en dit quand même un mot en prévision de la prochaine édition car c’est une bonne occasion d’écouter de la coldwave et de la musique industrielle, et surtout parce que ça vaut le coup d’assister au plus gros rassemblement gothique au monde avec quelque 20 000 participants en cuir, dentelles et cols à jabot. Autre rassemblement d’importance, la parade Global Space Odyssey regroupera quelques milliers de personnes le 23 juillet autour de chars représentant toutes les scènes musicales undergrounds de Leipzig, de la techno au punk en passant par la drum’n bass, le metal et le reggae. “Au départ, c’était une manifestation en faveur du cannabis accompagnée de prises de position politique, explique Jacob du groupe de drum’n bass Neonlight. Ces deux dernières années, on y parlait beaucoup de réfugiés, mais il y a aussi pas mal de mouvements de soutien aux petits clubs illégaux ou contre la hausse des tarifs de la Gemma (la Sacem locale, Ndr). Les gens d’ici se battent pour défendre leurs droits, c’est aussi ce qui fait de Leipzig une ville à part.” La Distillery organise également son festival sur une journée intitulé Think, le 31 juillet, un grand open air coloré au bord d’un lac suivi d’un after dans le club. Cette année, on y dansera sur la musique de Dixon, Rodhad ou encore Ellen Allien. Enfin et surtout, il y a le confidentiel mais très prisé Nachtdigital, un festival en plein air à la porte de la ville qui rassemble le meilleur des scènes deep house, minimale, disco et techno de la région. Cet été, ses 3000 participants profiteront sur ses trois dancefloors, là encore disposés autour d’un lac, d’artistes aussi classieux que Robag Wruhme, Lawrence et Red Axes.
