Les nouveaux géants du secteur musical ne s’appellent plus Sony, Universal, EMI ou Warner, mais SFX Entertainment, Insomniac Events, Ultra Music et Live Nation. Pour vous faire une idée de la taille de ces entreprises, prenons l’exemple de SFX, qui organise des festivals aussi monstrueux que Tomorrowland, Electric Zoo, Stereosonic, Nature One ou Mayday. Elle est aussi propriétaire de Beatport, de plusieurs clubs à Miami et d’un certain nombre d’entreprises liées à la musique et à son développement sur le Web. Depuis octobre 2013, elle est même cotée au Nasdaq !
Son festival Tomorrowland est le plus grand événement électro du monde (360 000 personnes, le double de Glastonbury). Un terminal entier (!) de l’aéroport de Bruxelles est dédié aux festivaliers. Des avions aux couleurs du festival arrivent des quatre coins de la planète dans un flux étourdissant. Plus qu’un festival, c’est un parc d’attractions, un Disneyland de la teuf. Les teasers vidéo sont regardés par des millions de personnes, allez jeter un œil pour vous faire une idée ! Pour les organisateurs du festival, “quand les Daft Punk ont amené leur colossale pyramide de LED à Coachella en 2007, toutes les productions scéniques ont commencé à changer.”
Autre exemple, l’Electric Daisy Festival, organisé par Insomniac Events, qui a lieu juste avant l’EDMBiz. Les DJ’s stars sont filmés et photographiés quand ils arrivent dans leurs propres jets privés logotypés. Les trois membres de Swedish House Mafia sont même arrivés cette année avec un jet chacun… Le festival est aussi devenu tristement célèbre pour connaître au moins un mort par overdose à chaque édition.
Tais-toi et consomme !
La musique n’est pas le sujet premier de l’EDM. Pour le public, c’est le divertissement qui compte, et par tous les moyens. Pour les professionnels du secteur, l’important, c’est le cash en provenance des packages complets vendus aux foules. Les DJ’s font la promotion de leurs disques, souvent composés par des ghostwriters (cf. le dossier de Trax sur le sujet dans le numéro 167 : 9 morceaux sur 10 du top Beatport sont composés par des nègres), pendant leurs sets préenregistrés.
Il y a aussi Ultra Music, leader des labels indépendants de dance music, rescapé de l’eurodance du milieu des années 90 et qui a fusionné avec Sony en janvier 2013. On trouve dans son catalogue les DJ’s millionnaires Deadmau5, Steve Aoki, Calvin Harris ou encore Benny Benassi. L’Ultra Music Festival (UMF), né à Miami il y a quinze ans, est désormais présent dans une dizaine de pays. Sur scène, des voix hollywoodiennes annoncent les artistes, les mains des “kandi girls” forment des cœurs dans les airs et Martin Garrix les achève dans un élan de kicks néo-gabber sur des mélodies ultra-naïves.
Si ces événements sont à la musique ce que le KFC est à la gastronomie, les États-Unis restent une terre complexe pour les musiques électroniques. Son histoire est l’une des plus riches. Les pages de Trax sont remplies d’artistes et de labels cultes en Europe mais confidentiels chez eux. Et c’est l’EDM, mélange de house sous stéroïdes, de dubstep qui gratte et de trap de bourrin, qui récolte aujourd’hui les fruits de trente ans d’histoire. […]
Retrouvez la suite de l’article dans le numéro 175 de Trax, toujours en kiosques !