Le vinyle se paye une pub cosmique grâce à Jack White

Écrit par Trax Magazine
Le 02.08.2016, à 13h36
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Écrit par Trax Magazine
Si l’on connaissait déjà auparavant le Jack White musicien (qu’importe l’alias), le Jack White excentrique ou controversé, le Jack White mystérieux ou mégalomane, connaissions-nous sa facette passionnée de science ? Le 30 juillet dernier, l’ancien membre des White Stripes a, à l’occasion de l’anniversaire des 7 ans de l’installation de son label, fait réaliser ce qui apparaît comme une première historique et un exploit scientifique : faire jouer un vinyle dans l’espace, sous le nom de projet Icarus Craft. Par Victor Jayet – Besnard

C’est au terme d’un travail de trois ans, mené par l’ingénieur Kevin Carrico, ancien de la NASA et ingénieur reconnu pour ses travaux antérieurs sur le son, qu’a pu être relevé le défi que s’était lancé le patron de Third Man Records, Jack White lui-même. Qui n’en était pas à son coup d’essai : en 2012, déjà, étaient lâchés mille ballons remplis d’hélium auxquels étaient accrochés des CD d’un titre exclusif de l’artiste. Quatre ans plus tard, il vise encore plus haut.

 

C’est donc un vinyle plaqué or qui a eu la chance de s’envoler, à l’aide d’un ballon-sonde, à 29 km d’altitude, sur lequel était gravé le morceau de Carl Sagan – Glorious Dawn featuring Stephen Hawking, produit par John Boswell. Artiste de musique électronique expérimentale, Boswell a ainsi produit de nombreux bootlegs, pour son projet Symphony of Science, usant d’enregistrements audio et vidéo, samplant et pitchant des émissions scientifiques pour « répandre le savoir scientifique et la philosophie à travers des remix musicaux ».

Le Carl Sagan samplé sur le vinyle doré de Jack White n’est autre que le Carl Sagan nommé en 1977 président du comité de sélection pour le projet Voyager Golden Record, qui consistait à l’époque à envoyer, telle « une bouteille à la mer interstellaire », un vinyle (plaqué or lui aussi) contenant moult enregistrements de la vie sur Terre. Allant du bruit de pleurs de nourrissons à celui d’un marteau-piqueur sur l’asphalte, ce vinyle, accompagné de photographies diverses de notre planète, avait sur sa pochette un « mode d’emploi » scientifique : l’idée finale était de potentiellement établir un contact avec des formes de vie extraterrestres.

Icarus Craft

Si la mission n’a probablement jamais abouti, c’est tout de même un bel hommage qu’a effectué Jack White en faisant “résonner” dans la stratosphère (symboliquement, les ondes sonores n’ayant que très peu d’air pour se propager cette altitude) la voix déformée de Carl Sagan. Belle révérence ici, envers le Voyager Golden Record, qui était déjà dans la continuité de la plaque de Pioneer, mais également belle réussite scientifique : le diamant du lecteur vinyle n’a pas déraillé un seul instant et ce dernier a même continué à émettre après son atterrissage.

Pour fêter cela, le label de Jack White organisait le même jour à Detroit une cérémonie festive où pouvaient être achetés des reproductions (elles aussi plaquées or) du vinyle du duo Sagan/Boswell, ainsi que d’autres vinyles de la maison de disques Third Man Records. L’artiste a déclaré que « [leur] objectif principal était d’injecter de l’imagination et l’inspiration dans le quotidien des amateurs de musique et de vinyles [….], et d’inspirer les autres à rêver à grand ».

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Un bel hommage symbolique, mais surtout un très cher coup de com pour le label de Jack White, qui annonçait vouloir « marquer de nouveau l’histoire du vinyle ». Si l’industrie du vinyle, en plein essor, peut en profiter, personne ne s’en plaindra. 

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