Le son des premières raves palestiniennes cette semaine à Paris

Écrit par Trax Magazine
Le 11.07.2016, à 13h34
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Écrit par Trax Magazine
Après deux mois à nos côtés, notre stagiaire Thémis est parti en Palestine à la découverte du Jazar Crew et d’une communauté rave naissante dans cette région tendue. Avec eux, les explosions de basses remplacent celles des bombes et la fête prend tout son sens. En plus d’avoir raconté leur histoire dans notre dernier magazine, le jeune homme s’est mis en tête d’inviter le Jazar Crew et SkyWalker – les meneurs de cette révolution – à Paris ce samedi 16 juillet, à l’Alimentation générale dans le cadre du festival Palest’In & Out.En couverture : Strange Blotter, par Stéphanie Hose

Musique traditionnelle ou plus alternative, hip-hop, danse contemporaine… Les disciplines dans lesquelles exercent les Palestiniens sont nombreuses et à chaque fois, l’émotion et le message qui se dégagent de leurs œuvres prouvent l’urgence à faire reconnaître leur identité. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est cette communauté rave menée par le Jazar Crew, un premier collectif underground arabe cristallisant autour de lui les espoirs d’une génération. Formé en 2009 par des amis de toujours, le groupe s’est donné pour objectif d’offrir aux Palestiniens un espace de liberté, mais surtout la possibilité de célébrer ensemble et de découvrir la puissance de la musique électronique.

Aftermovie du Mukti Gathering (2013) :

Six ans plus tard, le Jazar Crew est à la tête du premier festival de musique électronique palestinien, le Mukti Gathering. Chaque année, plusieurs centaines de raveurs palestiniens – et étrangers – se pressent à leur événement malgré les embûches semées par les autorités israéliennes sur le chemin. L’histoire du Jazar Crew démontre que la fête est un désir universel dont nul ne devrait être privé, mais prouve aussi que la techno, la trance et ces sons que nous aimons tant sont un langage qui ne connaît aucune frontière. Leur histoire est racontée en détail dans le dernier numéro de Trax.

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On vous recommande d’être libres ce samedi 16 juillet, pour la soirée Palestine Soundsystem du collectif Intrüzion. Le Jazar Crew y sera, accompagné de SkyWalker – la première femme DJ palestinienne, qui avait importé la musique techno à Ramallah en 2009. L’événement démarrera à la Rotonde-Stalingrad où un DJ set ouvrira les festivités dès 14 heures. Ce hors-d’œuvre musical vous permettra de découvrir l’exposition Demandez aux oiseaux de Youri Cayron et Romain Rivalan, qui invite à la réflexion sur le conflit israélo-palestinien au travers de sculptures, de photographies, de projections et de vidéos.

Trailer de The Taste of Freedom, par Jan Beddegenoodts :

Le documentariste belge Jan Beddegenoodts viendra présenter ses deux longs-métrages réalisés en Palestine. Le premier, The Taste of Freedom, part à la découverte des raveurs israéliens, férus de psytrance, et questionne leur rapport au conflit. Il interroge aussi la notion de liberté, qui prend un sens très différent que l’on soit à Tel Aviv ou à Ramallah. Plus percutant encore, Thank God It’s Friday nous propose de  découvrir Nabi Saleh, un village palestinien qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Le Jazar Crew sera présent pour répondre à vos questions.

Il faudra ensuite quitter l’ambiance chaleureuse de la galerie de la Rotonde et de sa terrasse boisée pour rejoindre celle bien plus ‘basement’ de l’Alimentation générale, avec son bar à rhum et son chill out au sous-sol, avec jeux d’arcade old school et baby-foot.

Ayant vocation à inviter les artistes palestiniens à se produire aux côtés d’artistes locaux, la soirée Palestine Soundsystem démarrera sur du rap français, signé Charlatan. Le groupe palestinien Fawda prendra la suite avec un live audiovisuel original mêlant des textures brutes à des mélodies d’un oud électrique modulées en direct. La voix d’Ayed Fadel – cofondateur du Jazar Crew – surplombe le tout avec profondeur. Ce live intense et expérimental sera magnifié par une performance VJing qui traduira les paroles clamées par Ayed.

L’ambiance orientale en clair-obscur posée par Fawda sera renforcée par Nehji, l’un des résidents du collectif franco-marocain Runtomorrow. Il posera des sons mêlant deep house, techno et musique arabe traditionnelle.

Riyad, l’un des DJ’s du Jazar Crew, sera chargé de créer une transition entre ces sons doux et orientaux et ceux plus bruts et industriels de SkyWalker. La première femme DJ palestinienne sera accompagnée pour l’occasion de Karamel, cofondateur et résident de Parallele. Ils prouveront ensemble que Parisiens et Palestiniens partagent un même langage : celui de la techno.

Enfin, le Jazar Crew reprendra les platines aux alentours de 4 heures pour entrer dans le vif du sujet avant le lever du soleil, et donner aux plus farouches leur dose hebdomadaire de sons violents avec un b2b de deux heures. 

Pour ceux qui ne seront pas disponibles ce samedi, pas de panique : rendez-vous mercredi pour la soirée de clôture du festival Palest’In & Out. Exclusivement palestinienne cette fois, la programmation affiche également le Jazar Crew, SkyWalker et Fawda. Ils seront cette fois entourés du (très bon) Bachar Mar-Khalifé du label InFiné, Shadi Khries, contributeur d’Acid Arab, le groupe 47SOUL et le DJ franco-palestinien Sotusura. Musicalement, la soirée s’annonce tout aussi dingue et n’oubliez pas, le lendemain est férié !

L’événement Palestine Soundsystem et la soirée de clôture du festival Palest’In & Out sont des événements à ne pas manquer cette semaine pour tous les curieux. Au-delà du son qui s’annonce très bon et innovant, c’est l’occasion rêvée de découvrir qu’on peut faire la teuf partout, même en Palestine, un pays ravagé par la guerre et les inégalités. Les tickets pour le 16 sont en vente ici, au prix de 5,50 € la journée et 7,50 € la nuit. Pour assister à la clûture de Palest’In & Out, c’est par ici et il vous en coûtera 13 €. 

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