En 1992, Reno rencontre pour la première fois le sound system Spiral Tribe, fervents représentants des raves-party venu tout droit du Royaume-Uni. Un des fondateurs du sound system Sebastian aka 69db se souvient : « J’ai rencontré Renaud pour la première fois, à une soirée qu’on organisait dans le CAES à Ris Orangis en 1992 ». De cette rencontre, Renaud tissera des liens d’amitié avec plusieurs membres du groupe, développant un grand intérêt pour le mouvement rave.
En 1997, il décide de lancer son propre label Expressillon, prenant le relais du label Network 23 fondé par les membres de Spiral Tribe en 1994. Un projet sur lequel il signera des artistes du soundsystem en question comme Crystal Distortion, 69db ou encore Ixindamix. « Renaud est venu me voir et m’a proposé de travailler avec lui dans un vrai studio, j’ai tout de suite été partant. Ce qui est intéressant, c’est que cette rencontre qui aurait pu être une simple collaboration pour le travail s’est transformée en une réelle amitié », raconte Sebastian. Un homme que ses plus proches amis définissent en deux mots : honnête et transparent. « Ce n’était pas le manager du label sur lequel j’avais signé, c’était un frère, confirme Simon Carter alias Crystal Distortion, il avait un humour tranchant et une attitude envers la vie, la musique, les gens… Vous pouviez apprendre beaucoup de cet homme. Je sais que c’est ce que j’ai fait. »
À travers son travail sur la scène musicale et notamment dans la production de ses artistes, Renaud n’hésitait pas à prendre des risques. « Il savait que donner beaucoup de liberté à ses artistes était risqué, mais ça ne l’a jamais empêché de le faire », explique Sebastian.
Discret et humble, Reno faisait preuve d’une grande authenticité dans son travail. Il était loin de s’impliquer dans la gestion de labels pour l’argent, mais pour promouvoir des artistes émergents et une musique nouvelle. « Il n’hésitait pas à développer des artistes coups de coeur qui n’étaient pas forcément accessible, ni commerciaux. Et c’est finalement ce qui a créé toute l’identité de son projet » confirme Adrien Betra, l’un des cofondateurs de Concrete. Un homme avec lequel Renaud a développé deux entités : Perce Oreille et Passe Muraille, quelques années après la création de son propre label. Des sous-divisions d’Expressillon comme Catwax et Dub Technic.
Il y a près de quatre ans, les deux collaborateurs ont de nouveau oeuvré ensemble au sein de l’agence Surprize. En parallèle de son label, Renaud gérait la production artistique de l’agence, qui compte notamment les incontournables Concrete et Weather. Brice Coudert, directeur artistique des deux évènements parisiens, a rencontré Renaud pour la première fois à la fin de l’année 2013. « Mes collègues Aurélien et surtout Adrien, qui le connaissaient depuis longtemps, me l’ont présenté comme LA machine de guerre en gestion de label et administration et comme grand gourou de la techno ».
Eric Boulo, qui organise les events Mini Concrète et Mini Weather, connaissait Renaud « du temps où il avait monté Expressillon et moi Mixmove. Nous nous sommes retrouvés chez Surprize pour le Weather festival. Lui, Michel Pilot et moi faisions partie des plus anciens de l’équipe. Renaud était un vrai pro de la musique, il a apporté cette expérience dans le milieu underground et a été d’une aide précieuse à toutes les personnes avec qui il a collaboré. Il savait structurer les choses tout en gardant cette flamme rebelle qui éclairait ses yeux. Une passion intacte pour les musiques électroniques qu’il transmettait avec son style : toujours respectueux et à l’écoute, sérieux, humble, ouvert… »
Renaud était très impliqué dans la logistique de la production artistique de l’agence. Des connaissances, alors essentielles pour les membres de Surpr!ze qui avait besoin de renfort notamment sur la partie contractuelle des bookings et sur la gestion du label. « Il aimait vraiment la musique et les fêtes et avait envie de faire de belles choses. Pas pour la gloire ou l’argent, mais juste pour le plaisir de travailler des heures durant sur de beaux projets et de les voir se matérialiser », confie Brice. Une aventure dans laquelle Renaud avait décidé de se lancer, alors que l’agence n’en était qu’à ses débuts. « Il a rapidement su trouver sa place et nous a beaucoup aidés », poursuit Adrien Betra.
Reno Expressillon aura longtemps œuvré au sein de la scène techno française et su contribuer à l’essence des soirées parisiennes. « Dans un milieu où l’on est tous les jours critiqué, savoir qu’un gars comme lui s’était pris de passion pour notre projet et donnait sincèrement de sa personne pour nous faire avancer, c’est tout simplement ce qu’il y a de plus rassurant, gratifiant et motivant pour moi, conclut Brice. Ca va être dur de continuer sans lui, mais à notre place, il serait resté fort, donc on le restera aussi et on avancera comme s’il était encore là. »