La nouvelle a été annoncée sur le site officiel du festival : « Notre ami et instigateur, Larry Harvey s’en est allé. Larry était un visionnaire, un mentor, un philosophe et un fervent défenseur des valeurs et de la culture du Burning Man. Si nous avons perdu notre fondateur, le monde a perdu un grand homme. » Rêveur et utopiste, c’est par sa volonté de concevoir le monde à sa façon que Larry Harvey avait expliqué sa vision du festival, dans une interview présente sur le site du Burning Man. Loin d’être solitaire, l’homme a imaginé une communauté ouverte à tous, la comparant à un déménagement entre amis, dans lequel chacun tient un rôle précis dans un espace donné, faisant fi de son ego au profit de l’intérêt général.
Une cohésion de groupe qui se ressent pendant le festival, toujours en prônant, par l’art, l’entraide, l’affirmation de soi et le communautarisme. Dans cette même interview, il précise : « Artistiquement, chaque année des choses se créent. Tant qu’elles demeurent expressives et censées, qu’elles ravissent tout le monde et qu’il y a un accord commun autour, on cherche toujours à savoir qui les a inventées pour l’encourager à continuer. Et parfois l’intégrer au festival. Cette méthode participe à en faire perdurer la tradition. Nous construisons un corps, un tout à partir de cela, qui provient d’une contribution spontanée de la part des gens. »
Parti d’une simple fête entre amis organisée sur une plage, le Burning Man se déroule depuis 1990 au désert de Black Rock dans le Nevada et accueille aujourd’hui près de 70 000 festivaliers chaque année dans sa ville éphémère, Black Rock City. Une semaine par an, plus qu’une communauté, c’est une véritable nation qui s’y crée. Ses habitants proviennent de toutes les cultures, et sont accueillis sans aucune barrière. Aux antipodes de la société occidentale, il n’y a même pas d’argent ; le troc remplace la monnaie. De ce désir de communauté unie et d’équité résulte une société utopique et éphémère, qui chaque année renouvelle son esprit en gardant toujours les mêmes mots d’ordre : don, générosité et partage. Le tout sous le thème de l’art, qu’il soit musical, pictural ou conceptuel. Au terme du séjour, tout disparaît, à l’instar du “Burning Man”, mascotte de bois géante réduite en cendres, comme le veut la tradition, le dernier soir. Derrière eux, les festivaliers ne laissent aucune trace de ce site géant.
Au-delà d’avoir créé une toute nouvelle société, Larry Harvey a créé un environnement qui se construit à lui seul et où chacun peut s’exprimer librement et être soi-même. Une vraie leçon et philosophie de vie dont tout le monde pourrait s’inspirer. Qu’il explique de la plus belle des manières : « J’ai le sentiment que tout le mal du monde se produit lorsqu’on empêche aux gens d’être qui ils sont réellement. […] Nous, nous avons créé un énorme terrain de jeu où tout le monde est invité à « être ». Il ne peut y avoir de plus grande souffrance que de manquer d’être. Ça dérange l’âme. Burning Man nous donne à tous cette chance de guérir et de (re)devenir nous-mêmes. »