Sorti le 11 mai dernier en Allemagne, le film Denk Ich an Deutschland in der Nacht (If I Think of Germany at Night en anglais), qui suit les figures de la techno allemande Ricardo Villalobos, Sonja Moonear, Roman Flügel, Move D et Ata, sera présenté pour la première fois en France lors du Festival international du film de La Roche-sur-Yon le vendredi 20 octobre à 21h et le samedi 21 octobre à 14h. Les séances se dérouleront en présence du réalisateur Romuald Karmakar, auteur de 196 BPM (un film consacré à la Love Parade berlinoise de 2002), Between the Devil and the Wide Blue Sea, dans lequel il s’introduit dans la scène électronique européenne, puis Villalobos, pour lequel il a reçu l’autorisation exceptionnelle de filmer au Panorama Bar, la mezzanine du Berghain.
Notre journaliste Christophe Vu-Augier de Montregremier a pu voir le film à Berlin. Voilà ce qu’il en disait dans notre dernier numéro estival :
« Ricardo Villalobos apparaît d’entrée à l’écran, dans son studio, en train de tripoter un vinyle qu’il manque de faire tomber. Un plan fixe, avec en fond son immense synthétiseur modulaire qui clignote. Le DJ écoute un vieux disque d’un discours. « Mortel », commente-t-il. Comme toujours avec Karmakar, le montage est brut. Une coupure et Sonja Moonear peaufine un morceau. Soudain, une autre ville, un autre DJ. Ata, le fondateur du Robert Johnson à Offenbach, est assis dans son canapé et raconte ses débuts avant de fonder le label Playhouse. Maintenant un club, une vue du booth, le silence, puis du son. C’est la prise casque, ce qu’entend le DJ. Les plans s’enchaînent : Roman Flügel dans son studio, Sonja Moonear mixant au Club der Visionaere et Ata à ://about blank.
Le fil conducteur disparaît pour laisser place aux réflexions des protagonistes sur la musique électronique. Sonja Moonear explique qu’elle est partie faire la fête en Allemagne car la Suisse ou la France ne l’intéressaient pas. Move D se démarque dans une scène surréaliste, où il philosophe devant un pommier sur les lois de la physique. C’est très contemplatif. Pour ces DJ’s, il y a quelque chose de presque divin dans leur art. Le montage des cinq interviews prend certains spectateurs au dépourvu, mais on comprend la démarche « naturaliste » de Karmakar qui filme de longues séquences fixes, non traitées, sans éclairage supplémentaire. Pour lui, la jeune culture club ouvre un nouveau chapitre du dictionnaire visuel, et c’est ce qu’il tente de retranscrire dans son approche minimaliste. »
Le Festival international du film se tiendra du 16 au 22 octobre dans différents lieux de La Roche-sur-Yon avec notamment un focus sur David OReilly, le délirant réalisateur irlandais (créateur des animations du film Her de Spike Jonze ou du jeu vidéo anticonformiste Everything) qui présentera l’exposition Everything, et une rencontre avec Michel Gondry le 20 octobre, qui verra nombre de ses films projetés durant la semaine.
Le trailer du film (en allemand non sous-titré)