Le DGTL Amsterdam reste le maître de l’ouverture de la saison, c’est juste un peu mieux à chaque fois

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©JB
Le 26.04.2018, à 17h29
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Pour sa sixième édition, le festival DGTL ouvrant traditionnellement la saison des festivals durant le week-end de Pâques à Amsterdam a changé certaines choses en termes de production et de configuration tout en maintenant son aspect familier. « Pourquoi changer une équipe qui gagne ? » diront certains. Et bien parce que l’on cherche a être encore meilleurs. C’est visiblement ce que le DGTL avait en tête cette année, et il a réussi.


Par Lukas Blom

On a pu observer ce changement de ton dès le début du festival. Pour la soirée d’ouverture, l’entrée du grand hangar NDSM a été déplacée de l’autre côté du hall. Après quelques difficultés à trouver notre chemin et un ayant eu aperçu impressionnant du site rénové, nous sommes entrés dans une partie du hangar qui n’avait jusqu’alors jamais été exploitée.

Suspendue au-dessus de la porte d’entrée et de la zone des casiers, une interminable ligne de boîtes noires jette une symphonie de lumières et de sons sur les premiers visiteurs assez chanceux pour assister au spectacle. Sont diffusés des sons sombres et inquiétants, chacun déclenchant un éclair de lumière différent, et produisant une synthèse majestueuse entre 3D, son, espace et lumière. Cette installation a été conçue par Nick Verstand et Scott Franka, deux artistes déjà connus à Amsterdam pour leur travail au Festival de la Lumière de la ville. Cette installation, appelée Horizon, aura accueilli les visiteurs tout au long du week-end.

Cette année encore, ce rendez-vous annuel a réuni des festivaliers des quatre coins du monde. DGTL touche un public international, c’est ce qui ressort de leurs nombreuses autres éditions organisées à Barcelone, São Paulo, Tel-Aviv ou encore Santiago. Par conséquent, il attire des visiteurs de France, d’Espagne, d’Angleterre et d’autres pays européens, en plus de la foule fidèle et habituée des habitants d’Amsterdam. Cela créer un mélange intéressant, dont nous sommes témoins dès l’offset du vendredi : les danseurs passionnés conversent en plusieurs langues alors que la salle se remplit lentement. Au moment où Theo Parrish monte sur scène, le dancefloor avait déjà bien décollé et s’est embrasé sur son set funk et soul débordant d’énergie. Encensée par l’entourage et la foule, cette performance marque le début d’une nouvelle ère DGTL.

Pour la soirée d’ouverture, Henrik Schwarz et Frank Wiedemann d’Âme – combinés en Schwarzmann – ont offert un set en live de 90 minutes, rempli de jams funky, d’improvisations et de l’énergie abondante des deux artistes, applaudis joyeusement par la foule. Nous avons pris congé alors que se produisaient d’autres grands sets (notamment ceux de Floating Points et Hunee).

Ce n’est que samedi que l’ampleur des changements sur le terrain du festival est devenue évidente. Le fameux pont, qui divisait auparavant le terrain en deux, a été retiré et a permis de récupérer beaucoup d’espace entre les scènes Modular et Frequency – une réussite. Cet espace supplémentaire a donné à l’ensemble du festival une toute nouvelle logique, avec également l’ajout d’un espace de restauration en face de la scène Modular.

Une fois de plus, l’offre alimentaire de DGTL était exclusivement végétarienne, il s’agit de l’un des moyens dont le festival dispose pour tenter de réduire au minimum son empreinte carbone. À propos d’écologie, cette année, c’est une approche plus subtile et peut-être plus efficace qui a été établie pour mettre en œuvre le programme Révolution : une stratégie qui semble préférer l’intégration à la présentation. Différentes méthodes dans lesquelles le festival a optimisé la gestion de l’énergie et des déchets ont été intégrées au festival, par exemple : des toilettes spéciales installées à côté des stands de nourriture recueillaient l’urine des festivaliers pour faire pousser des plantes, contribuant ainsi au cycle CO2-O2. Oui, chez DGTL, votre pipi devient de l’oxygène !

Au centre de recyclage, d’autres de ces systèmes intelligents auxquels le festival a eu recours pour la traite des déchets et de l’énergie sont présentés. Durant l’événement, une équipe de bénévoles sont dévoués à la collecte des déchets plastiques (d’ailleurs difficiles à trouver en raison de l’efficacité du programme de recyclage) et un processus spécial est utilisé pour transformer les bouchons en plastique en carburant, et les bouteilles en matériaux plastiques. Toutes ces interventions se conjuguent pour donner au festival une identité très mature et consciente des enjeux environnementaux actuels. 

La musique, point central du festival, a elle aussi bénéficié des changements de cette année : les scènes ont été transformées afin d’améliorer l’expérience des festivaliers. Idée lumineuse : le toit recouvrant la scène Amp était fait d’une toile transparente, donnant une sensation d’ouverture très confortable. Cette approche a immédiatement fait ses preuves samedi après-midi, puisque Awanto3 et De Sluwe Vos ont fait de la scène Amp la première étape du coup d’envoi du festival. Les sons plus obscurs de Maya Jane ColesModeselektorMatador et Hot Since 82 ont animé, plus tard, cet espace rénové.

Pendant ce temps, le duo éphémère de Bordello A Parigi, Pin Up Club, s’est produit sur la scène Fréquence avec son live italovibré. Plus tard, DJ DustinGerd Janson de Giegling, Job Jobse (samedi), Oliver Koletzki et Satori (dimanche) ont pris les commandes de cet espace avec des performances qui ont su y maintenir une atmosphère énergique tout au long du week-end.

De l’autre côté du terrain, une arche fabriquée à base de conteneurs d’expédition donne accès à la scène Modular, où la programmation comprend les plus grands noms, tels que Mano le ToughTale Of UsMaceo Plex et Âme. La plus grande surprise fut certainement la performance de Red Axes, qui utilisa un large éventail de percussions, de synthés, et même une guitare électrique dans un live attrayant de haute énergie sur des productions bien connues.

Juste à côté du Modular, tout comme les années précédentes, le hangar NDSM est devenu l’antre de la techno pour les ravers, avec les performances de JP EnfantDVS1Speedy JSandrienBlawan et Jeff Mills, pour n’en nommer que quelques-uns. Pas notre tasse de thé pour l’ouverture de la saison estivale, mais une telle programmation techno a dû ravir les aficionados.

Nous avons définitivement trouvé notre bonheur dans les deux petites scènes du terrain sur lesquelles les artistes ont joué des sets plus intimes et singuliers. Le partenariat de DGTL avec Resident Advisor a de nouveau donné lieu à une étape « Gain by RA ». Avec une programmation soigneusement élaborée, composée autant de DJ émergents que de grandes têtes d’affiche dans un cadre intimiste, le Gain est devenu le point de rendez-vous des performances atypiques. Nos coups de cœur : l’ensemble afrothématique de Philou LouzoloHoney Dijon monte la scène en solo, et Tom Trago qui a terminé le festival avec un set disco complètement fou.

Mais la scène qui nous a vraiment marqués a été la Filter. Décorée comme un vrai bunker et assortie à un line-up intense, c’est dans ce lieu que la magie a opéré. Nous y avons établi notre QG pour le week-end, les découvertes y ont été riches et les acclamations et l’énergie intenses et sincères en faveur de la musique et de la danse. Or:La et Mall Grab ont renversé la scène samedi, et se sont fait relayer par Call Super et Denis Sulta dimanche. On se demande vraiment comment le toit a pu tenir au-dessus nos têtes tout au long du festival.

DGTL reste le véritable maître de l’ouverture de la saison estivale. Avec quelques changements intelligents, il reste attentif aux problématiques écologiques, et maintient sa superbe musicale. C’est juste un peu mieux à chaque fois.

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