« Possession est à 200% du côté de celles qui ont trop longtemps été soumises à la loi du silence, de la domination masculine et de l’exclusion patriarcale. » Le message publié le 5 décembre sur Facebook par le collectif de soirées techno est sans appel. Car après des témoignages de plusieurs femmes qui disent avoir été attouchées (vraisemblablement par le même homme) lors d’une de leurs soirées, les organisateurs ont décidé d’agir immédiatement. Comment ? Avec la mise en place d’une « hotline » contre le harcèlement et les discriminations sexistes, dès leur prochain événement.
« Parce qu’on a un public très queer et plutôt averti, nous pensions naïvement que chez nous, les femmes étaient protégées. Et pourtant, on voit que ça arrive partout, des boîtes de champs aux soirées warehouse », déplore Mathilda Meerschart, la directrice artistique de Possession. « À chacun de nos événements, nous allons donc transmettre aux participant·e·s un numéro de téléphone. Si il·elle·s se sentent en danger ou assistent à une situation problématique, il·elle·s pourront ainsi prévenir par texto ou en appelant. Les victimes seront prises en charge, les agresseur·se·s mis dehors et blacklisté·e·s. »
Ne pas remettre en cause les victimes
Au bout du fil, une personne spécialement dévolue à ce travail d’écoute et de prévention. Il·elle aura au préalable suivi une formation auprès de l’association Consentis, spécialisée dans la lutte contre les violences sexuelles en milieu festif. « Tous les membres de Possession ont déjà suivi cette formation », précise Mathilda. « J’y ai appris à ne jamais remettre en cause la parole des victimes, à ne jamais relater leurs témoignages au conditionnel. Je sais aussi désormais qu’il faut toujours rester présent auprès d’elles, mais aussi savoir laisser la place, quand c’est possible, à des professionnel·les. » C’est aussi pour cela que Possession fait appel à des associations de réduction des risques comme Fêtez Clairs.
D’après une étude menée par l’association Consentis en 2018 sur 1030 personnes, 57 % des femmes ne se sentent pas en sécurité en milieu festif. Il devient de plus en plus difficile d’ignorer le problème – c’est pourquoi les acteurs de la nuit se mobilisent et unissent enfin leurs forces. Des collectifs mais aussi des clubbeurs sont depuis le 1er décembre réunis sur le groupe Facebook BienVeillance pour chercher ensemble des solutions face aux « frotteurs ». L’un de leurs objectifs ? Sensibiliser massivement le public. Car selon les administrateurs de la page, « c’est la responsabilité de tous les teufeurs que de veiller les uns sur les autres ».