David Browne ouvre sa tribune en racontant une histoire : celle du jour où il a voulu se replonger dans l’album Low de David Bowie sur une plateforme de streaming. Avec effroi, le journaliste découvre les aléas de la connexion internet : “J’étais prêt à être enveloppé par le son. Au lieu de cela, je fus englouti dans un cauchemar numérique”. Il s’autorise même une petite vanne sympa : “La musique a attendu ce qui semblait être une journée entière à Coachella avant de démarrer”.
Frustré, notre ami fonce vers sa bibliothèque et en sort sa copie de Low sur CD. Il apprécie alors la facilité, la rapidité et la qualité offerte par ce format et se questionne : “Quand, et pourquoi, le CD est-il devenu l’ennemi numéro un du public ?”
Si le vinyle connait — à la stupeur générale — un retour de hype (qui ne lui est d’ailleurs pas favorable), le CD n’a pas suivi le même chemin. Depuis l’orée des 2010, il souffre d’une image ringarde et voit ses ventes diminuer d’années en années. On a même souvent proclamé sa mort.
Le streaming, c’est facile ; le vinyle, c’est branché ; mais le CD, lui, n’a plus grand chose pour convaincre. Aujourd’hui, on ne vend presque plus aucun single en CD. Les ventes d’albums ont chuté de moitié depuis 2007 : elles s’élevaient à 500 millions d’unités vendues contre 241 millions aujourd’hui selon Statista. Et pourtant, ce format dispose de bien des qualité : il est compact, solide et offre une qualité audio remarquable.
Ventes d’albums en format physique (CD, LP, …) annuelles aux Etats-Unis (en millions)
Il faut pourtant nuancer : si les vinyles sont à la mode, il s’en vend toujours moins que les CDs (lien de l’info). Aujourd’hui, pour un vinyle vendu aux Etats-Unis, 10 CDs sont écoulés. Le Compact Disc reste le format qui génère le plus de ventes, comme le révèlent les chiffres de l’institut d’études Nielsen.
Chiffres des ventes d’albums aux Etats-Unis par l’Institut Nielsen
Discogs, le géant de la vente de disques a d’ailleurs son mot à dire sur ce sujet et reste absent de la tribune de Rolling Stone. En allant fouiller sur leur site internet, on découvre une mine d’informations : les statistiques du plus grand magasin de disques du monde. Des chiffres qui présagent, contre toute attente, un avenir agréable pour les formats physiques.
Dans cet article, Discogs compare en effet ses chiffres avec ceux de Nielsen. En 2015, Nielsen accusait une diminution de 10% de la vente de CDs par rapport à 2014. Sur la même période, Discogs s’est félicité d’une augmentation de 43% de ses ventes de CDs. Le public de Discogs, composé en grande partie des collectionneurs et mélomanes en tous genres, semble perpétuer la tradition du disque.
Discogs compare ses chiffres à ceux de Nielsen
David Browne le dit à la fin de son papier : le CD “reste le dernier format à honorer véritablement l’idée d’album”. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’est pas mort. Le CD n’est certes plus le format favori du grand public qui, toujours avide de quantité et de nouveauté, a trouvé dans le streaming un mode de consommation idéal. Mais le CD n’a pas dit son dernier mot.
Il séduit toujours un certain public, peut-être plus averti, qui se compose majoritairement de collectionneurs, de chineurs, ou de fans. Le Compact Disc peut encore se réinventer en assumant ses avantages et ses défauts. Peut-être que dans un avenir plus ou moins proche, le cher Compact Disc ne sera plus perçu comme un objet usuel et deviendra, par la même occasion, un objet de collection, au même titre que le vinyle…