Né sous l’initiative de Thomas Sontag, le frère du Tiga et Justin Evans, (tous deux à l’origine de MixGenius) LANDR est le résultat d’une technologie développée depuis plusieurs années à l’Université Queen Mary de Londres. Dévoilée au grand public l’année dernière, cette plateforme en ligne permet de masteriser ses pistes audio sans avoir à passer par un studio. Pour cela, une formule gratuite de courte durée et différents abonnements payants plus longs sont à disposition (formule “Basique” à environ 5€, “Avancé” à 13€ et “Pro” à 35€) et permettent aux utilisateurs d’envoyer leurs productions, DJ sets ou live complets, puis de les télécharger une fois masterisés.
Fonctionnant grâce à l’intelligence artificielle, la plateforme précise : “LANDR a mûri et affiné des algorithmes développés pendant plus de huit ans dans le cadre de recherches universitaires, les testant et les ajustant grâce aux analyses d’experts en son chevronnés. Notre équipe est composée de vétéran de l’industrie de la musique, d’ingénieurs du son récompensés aux plus grandes compétitions mondiales, des meilleurs programmeurs en traitement de signaux, de musiciens, de producteurs et managers de labels qui savent exactement ce que le mastering doit accomplir.”
Une sacrée révolution pour ce processus de mastering souvent difficile et onéreux pour les artistes et qui a récemment bénéficié du soutien de quelques grosses pointures : Nas, The Warner Music Group et Plus Eight Equity Fund (soutenu par Pete Tong, Richie Hawtin, Tiga et John Acquaviva) ont participé à sa levée de fonds. LANDR a récolté 6,2 millions de dollars soit presque 5,6 millions d’euros. Des évolutions sont donc à attendre pour la plateforme.
Mais…
Mais attention, ne vous laissez pas séduire trop vite nous prévient Matthieu Courouble, ingénieur du son. Obtenir un master en MP3 320kbps (kilo-bits par seconde) ou en qualité inférieure à ça est tout simplement inutile pour la plus part des producteurs qui ne souhaitent généralement que la meilleure qualité audio possible pour leurs productions. Un vrai master, ça se sort non compressé, donc en WAV. Pour le traitement d’un seul track, le service gratuit n’offre qu’un export en MP3 basse résolution, et le “Basique” n’est qu’en 192kbps — ce qui est très compressé et de très mauvaise qualité.
Ce n’est qu’à partir du mode “Avancé” que l’on obtient son MP3 320kbps, une qualité plus que correcte pour le grand public, mais loin de satisfaire les producteurs et encore moins les ingénieurs son qui, pour réellement juger d’un track, ont impérativement besoin d’un format non compressé, le WAV, uniquement disponible avec le forfait “Pro” (le plus cher) à 39$ par mois. Mais par dessous tout, Matthieu Courouble conclut : “Pour moi, ce service ne peut pas remplacer un véritable ingénieur de mastering. Ça peut être utile pour tester son mix, savoir comment il va réagir à un processus de mastering, mais pas pour un résultat final de qualité.”
Bref, petite explication du processus, avec l’accent canadien s’il vous plait.