Par Antoine Buffard
Rien de très surprenant pour la programmation plutôt grand public du festival marseillais, mais de belles têtes d’affiche et une nouveauté avec une scène en extérieur (en plus des deux scènes indoor). Le festival annonce un record de fréquentation historique avec plus de 35 000 festivaliers pour cette édition 2018.
C’est donc sous le ciel phocéen que Lomepal & Romeo Elvis ouvrent les festivités pour les plus jeunes arrivés les plus tôt. Mais l’événement de cet anniversaire en est un autre : IAM et les 20 ans de leur plus célèbre album, l’École du micro d’argent. C’est devant un public fervent (de nombreuses personnes n’avaient pris leurs places que pour eux) que le groupe réussit sa célébration devant une partie de son public. On ne vous parlera pas de la « performance » de Petit Biscuit. Si vous êtes là, c’est que vous imaginez ce qu’on en pense. Nous sommes passés directement à Chloé et son live Endless Revision, que Trax avait emmené au Mexique l’an dernier. Un acte en permanente évolution et qu’on prend toujours un immense plaisir à revoir.
Amélie Lens, Sam Paganini et Boris Brejcha : RAS. Grosse claque en revanche devant Myth Syzer, producteur de Roméo Elvis, Hamza ou encore Bonnie Banane, et une boucherie sur scène en clôture de cette première journée dans le Palais Phocéen.
Jour 2 : on regarde un peu plus autour de nous.
La première chose qui saute aux yeux, quand on arrive à Marsatac, est l’absence totale de décoration, à l’exception d’un gros canard gonflable (type sex toy) trônant penaud au-dessus des deux seuls food trucks du festival. Hot dog ou Thaïlandais approximatif, faites votre choix ! Il y a aussi quelques lasers : deux palmiers verts et les noms des artistes en typos. Le tout en mouvements aléatoires toute la nuit. Pas de scénographie non plus. Sauf celles que les artistes ont apportées avec eux. Tout juste deux stands de sponsors un peu perdus au milieu de ce grand parc d’expositions.
On voit la fin de Rejjie Snow et on enchaîne avec KOKOKO. Disons-le tout de suite : l’un des coups de cœur de ce festival. Avec leurs instruments DIY, les Congolais enflamment la foule. Une communion avec le public se crée au fur et à mesure que les morceaux s’enchaînent. Un son très particulier qui vient de l’utilisation de matériaux de récupération : bouteilles en plastique, boîtes de conserve, fil de fer, volant de voiture, et même une antique machine à écrire mécanique qui sert de boîte à rythmes. C’est d’ailleurs à Marseille que le groupe avait fait sa première date française un an plus tôt. Les fans ont répondu présents et ceux rebutés par le son de Nekfeu sur la scène extérieure ont pu se trémousser pendant une heure.
Sélection 100% masculine ce samedi, à l’exception du set jupitérien de la Russe Nina Kraviz en clôture de l’événement. On passe voir Moha La Squale et Paul Kalkbrenner, mais c’est le set de Ross From Friends, l’une des révélations de l’année, qui est notre coup de cœur toutes catégories de ce festival. Sa house lo-fi lourdement chargée en émotions nous fait basculer dans la nuit, prêts à affronter la violence brute de Blawan avant de se laisser totalement aller aux élucubrations de Ben UFO, notre héros à jamais.
Fin en beauté, l’après-midi du dimanche, avec une immense Jennifer Cardini et un set parfait d’Ellen Allien qui clôture une édition 2018 en nette évolution sur l’an passé, mais qui a encore du chemin à faire pour parvenir aux standards français du genre. La progression la plus impressionnante est celle des sound-systems, keep up !