La scène électronique française est-elle (vraiment) prête pour se déployer à l’international ?

Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Jacques
Le 24.03.2020, à 16h31
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Écrit par Jean Gueguen
Photo de couverture : ©Jacques
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Comment va le marché des musiques électroniques français ? Et est-il prêt pour une conquête internationale ? Au cœur du festival Amsterdam Dance Event d’octobre dernier, les professionnels du secteur étaient réunis pour tenter d’y répondre.

Le 17 octobre dernier se tenait au sein du festival Amsterdam Dance Event une journée de tables rondes autour du fonctionnement du marché français des musiques électroniques : French Electronic Lab. Organisée par l’association Technopol en partenariat avec la Sacem et le Bureau Export, les professionnels du secteur cherchaient, en ce haut lieu des musiques électroniques mondiales, à éclairer les particularités du champ des musiques électroniques en France. Objectif : présenter la scène en vue de collaborations internationales. Parmi les thèmes abordés, l’on retrouvait le rapport aux institutions ou les lieux de diffusions (clubs, festivals). Et, bien entendu, la première interface des artistes avec la scène et le public, les labels, agences de booking et de management.

Labels, booking, management. De nouveaux acteurs

Au cœur de ce territoire trouble des intermédiaires de la production artistique et événementielle, ces agents sont souvent le reflet du dynamisme d’une scène musicale. Il en est un médiateur indispensable en même temps qu’il en traduit le désir de professionnalisation et d’export. Alors que le milieu est en pleine ébullition depuis quelques années, le French Electronic Lab réunissait au centre culturel De Balie un panel de discussion composés de certains de ces acteurs de premier plan en France.

Autour de la table, Thomas Lefrançois, créateur de l’agence de production artistique et événementielle Allo Floride (Bon Entendeur, Kiddy Smile, Molécule), Rachel Graham, directrice artistique du label Infiné (Rone, La Fraîcheur, Deena Abdelwahed), Max Le Disez, créateur d’AMS, agence de booking et de management (Casual Gabberz, Voiron, Sentimental Rave), et Louis Lambilliotte, chercheur de talents chez Because Music (Cassius, Justice, Mr Oizo).

La France, vivier électronique

Tous font le constat de la vivacité du tissu électronique français. Celle-ci s’est observée ces cinq dernières années par l’explosion des collectifs organisateurs, le développement des raves et l’ouverture de lieux . Une nouvelle vigueur événementielle, incarnée dans un premier temps par l’exemple du club Concrete ou des grandes soirées en warehouse à Paris, mais qui a aussi essaimé en myriades dans toutes les grandes villes de province. Ce dynamisme créatif s’est aussi accompagnée de l’émergence de talents nationaux, de labels novateurs, voire de sonorités particulières. Et de citer les artistes Simo Cell, Antigone, le label Brothers From Different Mothers (BFDM) ou le crew Casual Gabberz.

Quelques éléments d’explication de ce renouveau émergent. En tête, l’héritage de la French Touch et de son succès mondial. Celui-ci a bercé une nouvelle génération d’artistes, qui surfent aujourd’hui sur une vague de confiance fertile pour la création et nourrissant des aspirations à la professionnalisation.

Un marché à structurer davantage

À partir de ce constat positif, quelles sont dans le détail les spécificités du marché français des musiques électroniques ? Quels sont les rouages qui ralentissent l’export des artistes français à l’international, et au contraire ceux qui le favorisent ? Pour Max Le Disez, une spécificité notable est en France le timide développement des agences de booking et le peu de place offerte au management d’artistes. Cause ou conséquence, « le booker en France est souvent le manager, ou même entretient un rapport d’autorité au manager » explique encore M. Le Disez, ceci contribuant à une certaine concentration du marché interne.

Souvent soulevées les manifestations multiples de la fameuse « exception culturelle française » peut à la fois être un atout pour la création française et son export, comme, à l’inverse, en complexifier le développement artistique. Rachel Graham souligne ce double effet notamment avec le dispositif de l’intermittence qui, selon elle, peut aussi être un frein à la conversion de l’artiste en chef d’entreprise – lorsqu’il s’agit de monter un label ou une agence de booking, par exemple. Et de pointer l’absence, hormis Ed Banger, de labels français de musique underground au rayonnement important comme il en existe au Royaume-Uni avec Warp, XL Recordings ou Ninja Tune.

L’ensemble de cette intéressante table ronde est à retrouver ci-dessous (en anglais) et sur la plateforme salto.nl, média partenaire de l’Amsterdam Dance Event.

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