La MDMA pour soigner l’alcoolisme : voilà ce que testent actuellement des chercheurs anglais

Écrit par Kenza Naaimi
Photo de couverture : ©D.R
Le 30.04.2018, à 18h52
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Écrit par Kenza Naaimi
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On avait déjà entendu parler des médicaments aux amphétamines et ses dérivés pour traiter la narcolepsie. Depuis peu, des chercheurs de l’Université Impériale de Londres se sont penchés sur les effets de la MDMA pour traiter l’alcoolisme. « Un moment important pour la science » raconte Ben Sessa, psychiatre pour enfants, consultant et chercheur principal sur les essais effectués, lors d’une conférence à l’Université de Bristol.


Nombreuses sont les rechutes des patients atteints d’alcoolisme, même après plusieurs années de sobriété – près de 90% des cas. Pour tenter d’y remédier, Ben Sessa s’est penché sur les effets de certains stimulants sur le cerveau et le stress post-traumatique avec son équipe de l’Université Impériale de Londres. Lors d’une conférence à l’Université de Bristol, il explique que l’alcoolisme vient avant tout d’un traumatisme vécu dans l’enfance/la vie du patient. Le chercheur s’inspire alors des traitements utilisés aux Etats-Unis sur les vétérans de guerre atteints de stress post-traumatique (PTSD), utilisant une MDMA thérapeutique pour améliorer la relation entre patients et psychiatres.

Selon lui, la MDMA aurait des effets positifs sur l’état psychologique des patients face à leurs difficultés. Sa manière d’agir sur nos récepteurs permettrait une baisse d’anxiété et de stress ; une bonne façon de retrouver une dose d’endorphine qui calme et stimule à la fois les patients et les motive à s’engager entièrement dans la thérapie. « La MDMA amène le patient dans une zone de confort et de confiance où il peut penser librement et parler de son traumatisme sans aucune gêne – ce qui n’était pas le cas avant. » La drogue permettrait de filtrer les pensées négatives et anxieuses et ouvrirait le patient au dialogue sur sa rémission, entre exploration et réflexion.

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Le traitement s’étalerait sur trois mois pour trois prises, une toutes les trois semaines. Même si la prescription de cette drogue en gélule est assistée, nombreux sont les regards inquiets posés sur son utilisation médicale. D’autres docteurs s’alarment sur l’addiction non plus à l’alcool mais à la drogue elle-même, sans mentionner la question de l’éthique du corps médical à employer un tel traitement. Et des coûts, puisque l’exploitation d’un gramme seul – pur à 99,98% – coûte aux alentours de 10 000 livres (environ 12 000 euros) à la recherche : une licence à payer mise en place pour l’État obligatoire pour l’utilisation médicale de ce produit illicite. Malgré ces détails peu convaincants, Ben Sessa reste persuadé que la MDMA est l’avenir de la psychologie, et son travail encourageant pour ses confrères : « Ces recherches montrent la voie pour d’autres à venir, cela devient plus facile d’aborder la médecine différemment. Quelque part, nous sommes novateurs. »

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