Depuis l’investiture d’Anne Hidalgo à la mairie, les nuits parisiennes se sont vues dédier une place importante dans l’ordre du jour des politiques de la ville. En 2016, la mairie a engagé 12 millions d’euros dans sa « politique ambitieuse de la nuit ». Et l’adjectif n’est pas faible puisqu’il s’agit de contenter les riverains, les professionnels du milieu comme les usagers, dans une ambiance de cohabitation respectueuse.
Dans les mesures, il est beaucoup question de médiation et de régulation, mais aussi de transports et de nouveaux lieux de vie nocturne. D’après l’adjoint à la nuit, il s’agirait d’éviter que Paris se retrouve dans une situation comparable à Londres, qui a vu la répression des nuisances miner son dynamisme nocturne.
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Mise en place d’une surveillance des nuisances nocturnes par l’observatoire Bruitparif
Bruitparif est l’observatoire du bruit en Île-de-France, actif à Paris depuis 2012, où il surveillait les nuisances sonores liées au transport routier. En 2017, il s’agira d’appliquer des mesures comparables aux nuisances liées aux activités nocturnes. Des stations d’enregistrement seront posées sur les réverbères dans les quartiers les plus animés (Oberkampf, Bastille, afin, d’après M. Hocquard, d’objectiver le débat et de sortir du simple échange d’opinions où chacun dit tout et son contraire. Il s’agira de mesurer la fréquence et la puissance de la nuisance afin de proposer la bonne sanction ou au contraire un simple conseil. Autres nouveaux acteurs de cette lutte contre les nuisances, les « chuteurs ». Des types qui disent chut aux usagers un peu trop bruyants donc, que ce soit en terrasse ou dans la queue des boîtes de nuit. Cette activité – qui n’est pour l’instant pas un métier – pourrait même bénéficier d’une formation certifiée.
Création de deux commissions de régulation des débits de boisson afin de fluidifier la médiation des problèmes liés aux bars
« Aujourd’hui, lorsque la police passe dans un bar, le propriétaire doit d’abord attendre de recevoir sa convocation en commission, puis encore deux, trois semaines pour connaître sa sanction », nous a confié l’adjoint à la nuit. La création de ces deux commissions de régulation – composées de représentants de la police, des syndicats, des réseaux de professionnels et des associations – devrait permettre de fluidifier la médiation. Les régulateurs pourraient accorder plus de temps à l’analyse des faits et mieux adapter leurs sanctions.
Création d’une nouvelle Direction de la prévention de la sécurité et de la protection
320 nouveaux agents viendront gonfler les rangs des brigades de lutte contre les incivilités préexistantes, dont les fameux Pierrots de la nuit. L’adjoint au maire nous promet qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle police municipale : « Il y a eu une discussion très claire avec les Républicains qui nous demandaient de créer une nouvelle police municipale, ce qu’on a refusé. Les brigadiers auront un pouvoir de procès-verbal concernant les incivilités, les nuisances sonores… Mais pas les délits. » La brigade ne serait notamment pas habilitée à contrôler les identités. Il s’agirait surtout d’une force de dissuasion et de surveillance, présente dans les espaces publics ouverts la nuit, comme les grands parcs qui seront ouverts 24h/24 pendant l’été.
Intensifier la pression politique sur le STIF et la région pour augmenter les transports nocturnes
Concernant l’intensification des transports nocturnes, et notamment le serpent de mer de l’ouverture du métro la nuit, la mairie a l’air déterminée mais son pouvoir de décision sur ce sujet est limité. La question dépend en effet de la région Ile-de-France, de l’État et du STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France). M. Hocquard : « On veut faire une interpellation politique forte pour reculer d’une heure au moins la fermeture du métro et augmenter la fréquence et le nombre de Noctiliens (les bus de nuit, ndlr). La question ne concerne pas que les transports, c’est aussi la mixité et la diversité de la ville qui sont en jeu ici. »
“C’est important de diversifier les lieux de vie nocturne pour améliorer la mixité des usagers. Mais on ne va pas ouvrir de boîte de nuit municipale !”
Développement de nouveaux espaces via l’appel à projets « Inventons la métropole »
Ouvert à tous, cet appel à projets sera lancé fin septembre pour une désignation des lauréats à l’automne 2017. Il s’agit d’inciter les acteurs privés à développer des projets hors des quartiers de l’ouest parisien, et notamment en banlieue.”C’est important de diversifier les lieux de vie nocturne pour améliorer la mixité des usagers. Mais on ne va pas ouvrir de boîte de nuit municipale ! On essaye d’inciter les acteurs privés à s’installer dans d’autres coins de Paris”, explique M. Hocquard.
Soutenir les nuits LGBT
Les propositions sur la question ne sont pas encore très abouties. Pour l’instant, il s’agirait, d’après l’adjoint, de proposer un programme nocturne dédié à la nuit LGBT lors de la quinzaine de la Marche des Fiertés. Anne Hidalgo aurait d’ores et déjà proposé à Jean-Luc Roméro de réfléchir sur le sujet afin que des propositions concrètes soient émises dès la rentrée.