Depuis le 1er avril 2005, le Centre national de la chanson des variétés et du jazz (CNV) est chargé de récolter les taxes s’appliquant aux producteurs de spectacles. Et chaque année, l’organisme remet un rapport statistique sur “la diffusion des spectacles” basé sur 65 000 représentations déclarées en 2015 au CNV. On a épluché le document, et il se trouve être une véritable pièce à conviction : la preuve de l’essor des musiques électroniques sur le marche des offres culturelles.
40% de hausse de fréquentation pour les événements de musique électronique
L’information principale, c’est qu’entre 2014 et 2015, les événements de musique électroniques ont vu leur fréquentation augmenter de 40%, avec 939 entrées en moyenne par événement payant. C’est une hausse vertigineuse mais que nous avons tous pu sentir. Les festivals installés se sont développés et déclinés, des nouveaux sont apparus, les petits collectifs ont gagné en importance… Par ailleurs, toute une nouvelle génération d’adeptes de la musique électronique a fait son apparition, à la suite de la popularisation du genre. Les musiques électroniques ne représentent cependant que 5% du total des représentations payantes déclarées au CNV.
Si le prix moyen du billet pour accéder aux événements de musique électronique a augmenté de 14 %, il ne dépasse pas 23 €. Cette hausse de fréquentation adossée aux nouveaux tarifs permet aux recettes de billetterie d’augmenter de 57% en 2015.
Croissance globale des festivals
Les festivals confirment leur importance sur le marché du spectacle avec une hausse générale de 10% de leur nombre, leur fréquentation et leurs recettes de billetterie. Le CNV parle d’une “tendance des plus grands festivals à capter un public croissant” et d’un “accroissement de la ‘festivalisation’ des programmations”.
Il est intéressant de noter que plus haut, il est fait mention d’une présence toujours plus accrue de “plateaux électroniques” dans les festivals. Ce phénomène explique d’une part la hausse de fréquentation des musiques électroniques (démocratisées en festival) et celle des festivals (fréquentés par un nouveau public).
Les 30 plus gros festivals (parmi lesquels le Weather Festival mais aussi les Vieilles Charues et l’Avignon Off) représentent à eux seuls 50 % de la billetterie pour seulement 36% de la fréquentation. On observe ici un effet de concentration du public sur des événements aux prix plus élevés, attiré par des programmations ou thématiques plus populaires et fédératrices. Néanmoins, l’étude met en lumière une déconcentration globale du public.
Une meilleure répartition du public sur l’ensemble de l’offre culturelle
2015 aura été l’année de la bascule pour les événements réunissant plus de 6 000 participants. Les choses n’allaient déjà pas très bien en 2014 avec 14 tournées qui n’avaient récolté que 1,3 million d’entrées. L’année dernière aura été fatale avec 8 spectacles de plus 6 000 personnes, pour 81 représentations, 0,9 million d’entrées et 63 millions d’euros de recettes. On compte parmi ces tournées celles de Johnny Hallyday ou Madonna. La fermeture de Bercy pourrait avoir jouer un rôle selon le CNV, mais ce pourrait être une tendance.
La région PACA a la cote
Puisqu’il commence à fuir les spectacles hors de prix, le public se réfugie dans des spectacles dits “à grande jauge” (1 500/3 000 entrées), qui voient leur nombre, leur fréquentation et leur billetterie augmenter de 20%. Le CNV observe ici un “glissement des classes” qui entraîne une meilleure répartition du public sur l’ensemble de l’offre culturelle.
Enfin, Paris, Lille et Lyon ne sont plus les seuls principaux hubs du spectacle. De nouvelles salles ouvrent leurs portes sur l’ensemble du territoire et les tourneurs s’adaptent à une demande croissante du public provincial. La région Provences-Alpes-Côte-d’Azur enregistre la plus forte croissance : +30% de représentations payantes, pour 21% de recettes et 13% de fréquentations. La Bretagne se développe également avec 10% de représentations supplémentaires, 20% de billetterie et 19% de fréquentation.