Si les magasins français « sont de plus en plus déserts », la solution, d’après Le Monde, ne se situe pas dans le remplacement de ces derniers par d’autres magasins. « 11,7 % des commerces de centre-ville déserts en 2017 », voilà le chiffre alarmant annoncé par la fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé Procos, et publiés par le quotidien national le 8 décembre 2017. Résultat : « une saturation des commerces » dans un pays qui leur consacre « 17 millions de mètres carré ».
Pour pallier à cela, une action des pouvoirs publics est nécessaire, et ces derniers commencent à manifester une prise de conscience. Le Monde révèle qu’en 2017 le Sénat et l’Assemblée nationale ont mis en place des groupes de travail « pour avancer des propositions concrètes de revitalisation des centres-villes ». En France, les municipalités tendent à favoriser la création de nouveaux magasins. Problème : c’est justement le trop-plein de commerces qui engendre l’augmentation des friches. Pourquoi ne pas y organiser des soirées, puisque le public révèle un fort attrait pour les lieux alternatifs et insolites comme une alternative aux club ? Plutôt que de voir des fêtes s’organiser clandestinement, parfois au mépris des normes de sécurité, voilà peut-être un terrain favorable au dialogue.
Qu’ils soient axés sur la musique ou plus largement la revitalisation des lieux abandonnés, certains collectifs s’efforcent de trouver des solutions durables et légales. Le collectif parisien Plateaux Urbains, par exemple, se présente comme une coopérative d’urbanisme temporaire, et met à disposition des espaces vacants, en friche, pour « des acteurs culturels, associatifs et de l’économie sociale et solidaire ». Plateaux Urbains a notamment réinvesti, l’été dernier, l’ancien club Showcase pour le transformer en Génie d’Alex – lieu festif éphémère. À Bordeaux, les Magasins Généraux de l’ancienne caserne Niel ont été rénovés : l’écosystème de Darwin est né. Autre exemple, à Marseille, où la friche la Belle de Mai a vu le jour grâce à la réhabilitation d’une Manufacture des Tabacs du XIXème siècle, tout près du Vieux-Port. Là-bas, on trouve des espaces de travail, des jardins, une librairie, un cinéma, et plusieurs salles de spectacle comme le Cabaret Aléatoire…
La SNCF s’impose également comme acteur institutionnel majeur en offrant quelques-uns de ses espaces abandonnés à plusieurs collectifs parisiens. L’association des collectifs MU et le Point Éphémère donnera notamment naissance à un spot incontournable en bordure de périphérique : La Station – née d’une rénovation de l’ancienne Gare des Mines de la porte d’Aubervilliers. L’Aérosol s’est également transformé en musée et s’impose comme une place forte de l’art urbain sur un site industriel. Enfin, le Ground Control, site artistique temporel, ouvrira ses portes le 19 janvier 2018. Il est le résultat d’un projet pensé par la SNCF : « L’urbanisme transitoire, faire vivre de manière éphémère certaines emprises SNCF, dans l’attente de leur reconversion urbaine. » Car l’entreprise ne peut s’empêcher de souligner l’éphémérité de ces projets.
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À l’étranger, d’anciennes structures se sont également transformées en clubs ; des lieux uniques qui marquent désormais le paysage de la nuit mondiale. À titre d’exemples : la Printworks de Londres, ancienne imprimerie de trois étages, ou encore le Telegraph Building, à Belfast, qui abritait l’ancienne rédaction du célèbre journal anglophone au XIXe siècle – les DJ’s Blawan et Len Faki y auront même mixé pour son inauguration. En Allemagne, une ancienne centrale électrique deviendra le Kraftwerk, qui héberge, depuis 2007, l’illustre Tresor. Alors, quand Le Monde évoque les grands centres commerciaux déserts en périphérie des villes, on se prend à rêver…