La bataille contre le sexisme dans le monde des DJ’s continue

Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Mari Ferrari, DJ EDM
Le 07.02.2017, à 11h41
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©Mari Ferrari, DJ EDM
Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Mari Ferrari, DJ EDM
Les DJ’s, hommes et femmes, sont de plus en plus nombreux à dénoncer le sexisme dans l’industrie de la musique électronique, et c’est une excellente nouvelle. Dimanche dernier, Jackmaster annonçait sur Twitter avoir pris conscience de cette situation “inacceptable”. Le même jour, une vidéo devenue virale apparaissait sur Facebook ; devant un écran sur lequel est écrit “I will be famous because of sexism” (“je vais devenir célèbre à cause du sexisme”), la DJ EDM Mari Ferrari se trémousse derrière ses platines et deux bouteilles de champagne, parée de faux seins et d’un jogging ostensiblement rembourré, pour, semble-t-il, dénoncer le culte de l’apparence.

Si vous n’avez jamais entendu parler de Mari Ferrari, c’est sans doute que vous n’êtes pas amateur d’EDM et de canons à fumée. Chez Trax, nous avouons ne jamais nous être penchés sur la carrière de cette DJ, qui semble tout de même jouir d’une certaine popularité dans le milieu et mixer dans les clubs du monde entier, de Dubai à Mexico. À défaut d’avoir sorti beaucoup de productions musicales, elle ne manque pas de prouver son investissement en postant une vidéo d’un set de quatre heures (!) où elle explique point par point sa manière de mixer.

Une autre vidéo, partagée plus de 4 000 fois en l’espace de deux jours, la montre dans son home studio en train de mixer “déguisée” en bimbo. Faux seins, fausses fesses : un look et des attributs physiques nécessaires, si l’on en croit la mise en scène et le message “I will be famous because of sexism” en arrière-plan, pour réussir dans le milieu. Un excellent coup de com’ et une vidéo au demeurant humoristique qui a le mérite d’attirer l’attention sur un réel problème.

Dans une série de tweets le 5 février dernier, le DJ Jackmaster partageait justement sa prise de conscience du sexisme dans l’industrie de la musique électronique : “Il est beaucoup trop facile d’ignorer la position privilégiée que nous occupons en tant que DJ masculin. Il y a quelque chose de très anormal ici. […] Entendre ce que j’ai entendu ce soir au sujet des femmes dans l’industrie est putain d’inacceptable. […] Je m’excuse pour mon ignorance préalable et mon silence à ce sujet. Cela s’arrête maintenant“.

Je reçois un ou deux e-mails par semaine de très jeunes femmes qui ont vécu des expériences traumatisantes et qui me demandent comment réagir“, nous racontait The Black Madonna en mai dernier. La DJ et D.A. du Smart Bar à Chicago est réputée pour son engagement et sa dénonciation des injustices subies par les femmes et les minorités dans le milieu. “Quand tu es une femme, ou que tu appartiens à n’importe quel groupe autre que celui des hommes blancs hétéros, tu es forcément un acteur politique, que tu le veuilles ou non“.

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Le problème, c’est ce qui est dit et imposé par les hommes puissants en coulisses“, écrit Jackmaster. Alors, Mari Ferrari, meilleure porte-parole de la cause ? Sans préjuger de son talent, les nombreuses photos suggestives de la DJ postées sur ses réseaux, jouant avec le culte de l’apparence physique, pourraient tout au contraire être accusées par certain(e)s de normaliser le rapport de force qu’elle dénonce…

I don’t need Feminism, because … @i.amleoo

Une photo publiée par Mari Ferrari (@djmariferrari) le 23 Janv. 2017 à 4h33 PST

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