Drôle de journée pour la teuf. Samedi 18 mai, le collectif Rudmo Squad et le Festival de l’Engagement organisaient la seconde Journée de la Teuf place Stalingrad, à Paris. L’événement se présentait non pas comme une fête, mais une journée revendicative pour défendre la culture de la fête libre, proposant une sonorisation, mais aussi ateliers de construction de caissons et interventions des acteurs de référence du mouvement. Selon les organisateurs, une autorisation avait bien été obtenue auprès de la préfecture quelques jours avant l’événement pour deux paires d’enceintes, mais pas pour l’installation des soundsystems.
Malgré cela, à 10h30, soit une demi-heure avant le lancement de la journée, un convoi de policiers procède à une saisie partielle du matériel de sonorisation. La journée démarre malgré tout, entourée de policiers. Selon Gabriel, de Rudmo Squad, « quand je sortais de la place, je n’entendais même pas le son ». Une heure plus tard, la totalité du son est coupé et Gabriel est emmené pour être auditionné : « le policier me dit que tout sera classé sans suite, et qu’on va récupérer le matériel mardi ». « À mon retour, c’était chaotique » poursuit-il. La journée se poursuit, avec une affluence d’environ 1500 personnes. Les ateliers et interventions ont bien lieu, mais l’organisation est perturbée. Pour Gabriel, tous ces soucis ont détourné l’attention, au détriment de la manifestation qui, déplore-t-il « n’a pas vraiment eu lieu au final ».
Le maire du 19ème arrondissement de Paris, François Dagnaud, avait publié un communiqué le 17 mai où il annonce avoir prévenu le préfet « sur les risques majeurs de détournement de cette procédure pour organiser dans les faits un concert techno », hypothèse que dément Gabriel. Impossible de dire l’impact de cette déclaration auprès de la préfecture, contactée sans succès, mais on peut imaginer que cette dernière a craint les débordements suggérés par monsieur Dagnaud. « On nous renvoie cette image-là », déplore Gabriel. « Dans beaucoup de manifestations il y a de la musique. Pourquoi nous ça ne passe pas ? »
Ce dernier dénonce par ailleurs l’illégalité de cette saisie : « aucun arrêté préfectoral ne nous a été présenté » affirme Gabriel, « on n’avait que les menaces de 40 CRS, il n’y avait aucun dialogue possible ». Écœuré, il soutient que cela relève de la censure. « L’objectif était de changer le regard des gens sur la techno, mais là, on ne peut pas s’exprimer ».
La première édition de la Journée de la Teuf avait déjà eu lieu place Stalingrad, le 19 mai 2018.