Jonny Banger est-il le seul designer qui s’inspire avec intégrité du mouvement rave ?

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R.
Le 04.10.2019, à 14h16
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©D.R.
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Photo de couverture : ©D.R.
Plébiscité par VogueKendrick Lamar ou Skepta, les vêtements de contrefaçon dessinés par l’Anglais Jonny Banger jouent pourtant l’intégrité, préférant de loin le monde des rave party que celui des catwalks.

C’est arrivé le 4 juin 2013. Ce jour-là, le petit monde des tabloïds anglais est sur le pied de guerre. Tulisa Contostavlos, chanteuse et célébrité anglaise dont raffole la presse à scandale vient d’être arrêtée par la police britannique qui la soupçonne de trafic de drogue. Aussitôt, les médias du pays se déchaînent, trop contents de pouvoir raconter l’histoire d’une jeune fille de la classe populaire tombant dans la drogue en découvrant le strass et les paillettes. L’histoire est pourtant plus compliquée. La star est en effet victime d’une douteuse manipulation : un reporter sous couverture se faisant appeler « Fake Sheikh » était en effet parvenu à la séduire en lui promettant un gros rôle, avant de lui demander de lui trouver de la cocaïne. Une histoire farfelue qui n’a pas manqué d’agacer Jonny Banger. Pour ce dernier, il s’agit encore une fois de « rouler la classe ouvrière dans la boue. » De son vrai nom Jon Wright, cet Anglais grande gueule ayant grandi à Colchester dans le comté d’Essex n’a pas toujours été le designer branché que s’arrache aujourd’hui le monde de la mode et les artistes comme Kendrick Lamar ou Skepta. En 2013, à l’époque de l’affaire Tulisa, il n’était même personne, forcé d’enchaîner les repas de nouilles en sachets tout en déprimant après avoir quitté son boulot. Pour son anniversaire, il s’amuse tout de même à se faire imprimer un T-shirt « Free Tulisa ». L’effet est immédiat. Ses amis veulent le même. Pareil pour les DJ’s Skream et Jordan du duo Rizzle Kicks qui lui en réclament. Très vite, le T-shirt de Jonny Banger devient viral. Ce dernier décide de lancer sa marque dans la foulée. Pour le nom, ce sera Sports Banger.

Il faut dire que Jonny Banger n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine du bootleg et du vêtement pirate. Plus jeune, avec son père et son frère, il écumait déjà les vide-greniers pour y vendre de faux maillots de football ou des T-shirts barrés de faux logos Ralph Lauren, Adidas ou Reebok. L’époque n’était alors pas à la contrefaçon et cette petite affaire leur a parfois causé des problèmes. Mais Jonny Banger ne semble pas avoir lâché l’affaire. Aujourd’hui, ses pièces n’hésitent pas à tout mixer sans le moindre complexe. Le logo HH de la marque Helly Hansen devient par exemple “Happy Hardcore” et le Criminal Justice Act voté par Margaret Thatcher en 1994 pour empêcher toute rave party se transforme en “Crime Rave”. Autant dire que Sports Banger a tout pour faire mouche. Car ces derniers temps, si elle semble parfois revoir ses points de vue sur la contrefaçon, la mode est surtout plus que jamais sensible à l’univers de la musique électronique, comme en témoigne Versace s’inspirant du leader de The Prodigy Keith Flint pour sa collection printemps/été 2020 ou Balenciaga qui sortait cet été une collection “I love Techno” au prix exorbitant. « Si tu ne vas pas en rave, alors tu ne devrais pas la vendre, » fulmine Jonny Banger pour qui ces grandes marques ne font que surfer sur une tendance qu’elles ne connaissent pas vraiment.

Preuve que Jonny Banger n’est pas près à faire le moindre compromis, son dernier coup d’éclat est l’édition d’un T-shirt « Fuck Boris » qui a déjà fait le tour du pays sur les épaules de bon nombre de célébrités et d’anonymes. Cette manière d’adresser un cinglant doigt d’honneur à Boris Johnson et au Brexit n’a finalement rien d’étonnant. Depuis toujours, Jonny Banger se fiche éperdument de déplaire ou même de gagner de l’argent avec sa marque. Pour comprendre en détail l’histoire de Sports Banger, le numéro 225 de Trax Magazine revient sur tout le parcours de Jonny Banger et sur son goût pour la fête et le bootleg. Une histoire sans contrefaçon.

Trax Octobre

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