« De nos jours, les gens qui font la fête ne veulent pas penser au président américain, aux gens qui meurent à la frontière avec le Mexique ou à la guerre au Soudan ». Voilà, en une phrase, le sombre constat de Jeff Mills sur l’état de la musique électronique aujourd’hui. Dans un entretien avec l’AFP réalisé dans le cadre de son live aux Chorégies d’Orange, The Wizard affirme qu’avant, « la techno était à portée plus politique » tandis qu’aujourd’hui, elle serait plutôt le fait « de personnes des classes moyennes ». Contrairement aux années 70 où, explique-t-il à France24, « la musique électronique abordait les questions de violence, de racisme. », elle serait devenue l’occasion pour les gens « de faire la fête pour arrêter de penser. »
Outre la commercialisation croissante d’un genre qui, d’après lui, tend à se confondre avec une forme de pop, les conditions de production de la musique électronique aurait également changé la donne : « Aujourd’hui, c’est très facile de faire de la musique et c’est plus rapide de la diffuser. Je ne pense pas que les gens l’analysent aussi longtemps qu’avant ». Et à l’auteur du cultissime “The Bells” d’ajouter « qu’avant, même si c’était un morceau de cinq minutes, on faisait très attention au mixage, on s’y attardait. Chaque période de dix secondes devaient signifier quelque chose, la musique avait plus d’architecture et de dimension ».
Que ce constat corresponde ou non à la réalité, il n’en demeure pas moins que le pionnier de Detroit compte bien continuer à expérimenter. Les Chorégies d’Orange seront en effet l’occasion pour lui de se produire en compagnie de l’Orchestre régional Avignon-Provence pour un live entre futurisme techno et musique classique.