Partagé entre divers projets (les sorties du label Versatile en premier lieu), Gilbert Cohen se lance néanmoins dans un nouveau projet ambient : une formation tricéphale du nom de The Explosion, établie par Gilb’R (machines, production), Giani Caserotto (guitare) et Fabrizio Rat (piano, synthétiseur).
L’ensemble s’est rencontré autour de la production d’un premier disque collaboratif — Terry Riley Cover EP, avec Château Flight (Gilb’R et I:Cube) et Cabaret Contemporain, lequel comporte des apports de Rat et de Caserotto. À nouveau, les trois musiciens semblent voués à la musique minimaliste et au répertoire de Terry Riley, auxquels s’ajoutent de multiples influences : Robert Fripp de King Crimson (se sont-ils appropriés les fameux frippertronics ?), Brian Eno, l’imposant Godspeed You! Black Emperor et Wolfgang Voigt.
Contacté par la rédaction de Trax, Gilb’R révélait ainsi les contours dudit projet :
Comment t’est venue l’idée de ce projet ambient ?
Ce n’est pas une idée qui m’est venue, mais une musique qui m’a toujours accompagnée. La musique, du moins en ce qui me concerne, c’est toujours des rencontres. J’ai rencontré Giani et Fabrizio sur une série de live de covers de Terry Riley (avec Château Flight et le Cabaret Contemporain). Je les ai invités un soir à mon studio et ce disque a surgi, fruit de quelques sessions musicales (deux ou trois). C’est un disque assez spontané au départ, plus élaboré par la suite.
L’ambient pour Gilb’R de Versatile, qu’est-ce que ça va donner précisément ?
Je ne trouve pas que ce disque soit ambient. Calme peut-être. Pour moi, l’ambient s’apparente plus à des textures, elle est dénuée de rythmes, mais ce n’est pas le cas ici. À part sur un seul titre, inspiré par les Ragas indiens.
Aurait-on besoin d’une certaine douceur musicale en 2015, dans une grande période techno ?
La douceur est toujours la bienvenue. D’ailleurs, je regrette qu’il n’y en ait pas plus en club. Dernièrement, j’ai joué au Studio 80 à Amsterdam, et à deux heures du matin, j’ai commencé avec 15 minutes d’ambient. Je ne l’avais jamais fait en peak time et c’était super. J’imagine que si j’avais fait ça à Paris, au bout de 5 minutes, j’aurais vu des mines désespérées, apeurées, du genre « mais où est le kick ?? » Ça instaure une certaine tension, douce et très agréable.

L’album (encore anonyme) de The Explosion devrait paraître fin novembre sur Versatile Records.