[ITW] Darius : “Tout est parti d’une soirée Roche Musique”

Écrit par Sylvain Di Cristo
Le 30.09.2015, à 16h34
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Écrit par Sylvain Di Cristo
Échappé du duo Cherokee, fortement lié au label (nu-disco) Roche Musique, le producteur français de 25 ans à peine s’investit follement dans son projet solo. À l’occasion de la sortie de son nouvel EP (Helios) et de son apport à la compilation Roche Musique (le titre “Ô”, associé à FKJ), nous attrapions Darius à la sortie du Peacock Society pour faire le point.

Ton EP Romance, sorti l’année dernière, a rencontré un sacré succès, tu saurais l’expliquer ?

Alors, pas du tout… Peut-être parce que j’ai été un peu silencieux pendant un an et demi vu que je bossais avec mon duo Cherokee, un projet que j’ai complètement délégué depuis à Dorian (l’autre moitié, ndlr).

Avec Romance, on parle d’un vrai succès. Rien que sur ton Soundcloud, on voit plus de 4M d’écoute sur “Hot Hands”, 1,5M sur “Espoir”…

Oui, c’est vraiment inespéré, mais en même temps c’était un objectif en soi.

Tu crois que ça a un rapport avec l’été ?

Oui, certainement, c’est une alliance qui m’est familière. J’ai grandi près de la mer : pour moi, c’est un repère. J’ai besoin d’avoir ce son-là quand je suis dans le train par exemple. Plein de trucs passent dans ma tête, comme ces termes qui reviennent souvent : « mélancolie », « nostalgie », « bons moments », « amour », « amitié »… « Espoir », surtout. Quand j’ai commencé, il y avait beaucoup d’espoir – dans ma petite chambre, à ne faire que composer, après avoir arrêté mes études… Ça me fait vraiment plaisir parce que cet EP est sorti de mes tripes.

Tous ces mots parlent à beaucoup de monde, il semblerait que tu aies trouvé une bonne formule…

Ça fait plaisir parce que, pour le coup, je ne me suis pas trop questionné quant à la direction artistique… J’ai fait avec les sonorités qui me plaisaient et je me suis jeté à l’eau.

Tes influences à ce moment-là ?

Il y a eu le départ de Disclosure qui m’a bluffé, d’un point de vue technique, rythmique… Mais honnêtement, j’essaie de ne pas « trop écouter » – si ce n’est les bases —, de ne pas me laisser envahir par d’autres influences. J’essaie plutôt de m’enfermer dans ma bulle et d’expérimenter seul, de sortir quelque chose de véritablement personnel.

Comment as-tu vécu ce succès ? Des choses ont changé pour toi ?

Je ne l’ai pas senti comme quelque chose qui a bouleversé ma vie, mais ça a facilité les choses pour pouvoir tourner un peu plus, pour travailler avec une chouette équipe comme Savoir Faire, pour évoluer musicalement avec la famille Roche Musique, puis avoir des collaborations et des remixes d’artistes que je respecte beaucoup. Ça a été la chose la plus enrichissante dans l’histoire.

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Un nouveau titre, “Helios”, en featuring avec Wayne Snow, est sorti sous format EP (avec les remixes de Pomo et Bondax, lourd), un an après ton précédent EP, Romance. Des remixes, quelques dates entre temps, mais tu t’es fait plutôt rare. Qu’est-ce que tu nous prépares ?

Un album. Mais je ne sais pas encore si je vais inclure ce morceau dedans. Ça pourrait ! L’idée serait de sortir le fameux “single-EP-album”, mais pour l’instant j’essaie surtout de trouver du temps parce que mes dates de gigs sont très serrées. Ce single, “Helios”, c’est un avant-goût, un aperçu de ma nouvelle palette de couleurs – même s’il va se passer quelque temps avant que je sorte le prochain morceau, toujours avec Wayne Snow, et qui est déjà terminé.

Tu en es où pour le moment de cet album ?

J’en suis aux trois quarts du boulot mais le temps me manque… Je suis un peu perfectionniste et j’aimerais avoir le temps d’expérimenter, d’aller vers d’autres horizons… Par exemple, là, je suis encore bloqué sur Flying Lotus, je sens un vrai truc spirituel chez lui et je m’identifie un peu à ça en ce moment.

Un truc un peu obscur aussi, un peu dark… Ça ne te branche pas d’ailleurs ce côté-là ?

Peut-être pas le dark, mais un truc plus profond oui, ça m’attire. En tout cas pour mon live, j’aimerais construire un univers qui commencerait dans la mélancolie, le suspens, qui évoluerait dans la puissance et puis à la fin, tu l’as mérité, c’est le bonheur… Je ne veux pas juste un beat cool, entraînant, je veux vraiment procurer des émotions, si possible.

En un an, tu as surement dû murir musicalement, ton style a dû se préciser, non ? Tu te diriges vers autre chose ?

J’aimerais surtout pouvoir produire des morceaux plus dansants…

On est déjà sur quelque chose de dansant pourtant… ?

Il y a peut-être un côté entraînant, mais pourquoi ne pas se pencher vers quelque chose de plus… je ne dirais pas forcément “club”, mais quelque chose de plus rapide, de plus puissant. Il y a tellement de rythmiques que je n’ai pas encore exploitées…

Quel est ton rapport avec la French Touch ?

Ma première école. Le premier morceau French Touch que j’ai connu, c’était “Flawless” de The Ones. C’était énorme, une vraie révélation. La French Touch, c’est aussi mes premiers pas dans la production : j’ai commencé à bidouiller des logiciels tout seul, sans vraiment y connaître grand-chose, et je travaillais à partir d’autres morceaux de cette époque.

Ça se ressent encore aujourd’hui… Y compris dans ta famille musicale, Roche Musique, qui peut être considérée comme le plus fidèle représentant d’une French Touch 3.0 – si on peut dire ça.

Avec la team de Roche Musique, on s’est rencontrés il y a 5 ans environ, avec Kartell et Cézaire, sur un label qui s’appelait Shiny Disco Club, et c’était précisément la recette de l’écurie. On se sentait attirés par les mêmes choses, puis on s’est retrouvés à jouer tous ensemble à Tours, à l’Excalibur Club, avec FKJ aussi. Cette date restera à jamais gravée dans la roche, c’est le cas de le dire. Tout est parti de cette soirée.

Tu te sens un peu représentant de cette scène aujourd’hui, en France ?

Je n’aurais pas cette prétention. Mais si les gens le pensent, pour moi, il n’y aurait rien de mieux.

Là on est au Peacock, tu viens de finir ton set, comment ça s’est passé ?

Pour te dire très franchement, c’était fabuleux, intense, magique… Je pense qu’il s’agit du plus bel échange que j’ai eu avec un public. J’ai transpiré de bonheur. Cette soirée m’a définitivement marqué, je suis très heureux.

C’est quoi ta config sur scène ?

Elle n’est pas bien compliquée : mon casque, ma clé USB et mes petits dossiers funk, disco, house, techno… et la volonté de construire une histoire. Pour le moment, c’est un DJ set, mais un live est prévu (je touche du bois). Parce qu’il y a encore beaucoup de travail. Je préfère ne pas en dire trop, si ce n’est le fait qu’il s’agisse, pour moi, de la suite logique de mon parcours et d’une chose qui me passionne : jouer ses propres productions et voir les gens réagir, il n’y a rien de plus beau !

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