Il y a deux véritables stars dans ce festival suédois : le lieu bien sûr, mais également le line-up qui, sur ses deux éditions, concurrençait allègrement les mastodontes mondiaux style Movement ou Dekmantel, une touche de classe en plus. Le spectre artistique partait de la scène suédoise (principalement de Stockholm), passait par les artistes ascendants internationaux et se terminait par les grosses pointures de la techno et de la house. Ainsi, sur trois jours cette année, nous pouvions voir Mr. Tophat & Art Alfie, Paranoid London en live ou Jeff Mills ; Clea Herlöfsson, The Black Madonna ou Ricardo Villalobos b2b Zip ; Haidl & Lindstrøm, Hunee ou Dixon. Ce qui est absolument inédit pour cette petite commune de 10 000 habitants.
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Un deuxième festival inattendu
Car oui, Rättvik est un peu comme le mignon petit village du Mercantour français, coincé entre lac et forêt, où l’on a pied jusqu’à facile 300 mètres et où le vrombissement des moteurs ne s’arrête jamais… Ah, j’ai oublié de vous dire, en plus de son amphithéâtre en plein air mondialement célèbre (où se tient le festival), Rättvik accueille chaque année la Classic Car Week, parade de vieilles voitures américaines bichonnées toute l’année par leur propriétaire. Alors, quand les festivaliers débarquent en ville avant de rejoindre le Dalhalla, les vestes en cuir cloutées et bandana versus festivaliers maquillés à l’arrache et un peu éméchés, ça fait un sacré joli tableau – et beaucoup de bruit.
Moi qui pensais qu’une fois arrivé sur le site (grâce au laborieux système de navettes) j’allais y retrouver le calme que me promettait la forêt suédoise, je me trompais : j’ai rarement entendu un aussi bon sound-system dans un festival et les quatre scènes y allaient toutes de bon cœur. Aucun voisin aux alentours, enclavé dans un trou de 60 mètres de profondeur, l’amphithéâtre jouit d’une acoustique naturelle unique qui sublime le puissant mur de son dont il dispose. Le son pouvait vous transpercer sans en faire autant sur votre tympan ; limpide comme l’eau bleue turquoise de la carrière de calcaire qui dormait tout à côté de la main stage, malheureusement interdite au public. Pour les trois scènes restantes, Funktion One assurait le show sans crainte aucune des limites de l’audition, tournant un peu parfois au capharnaüm sonore d’une scène à l’autre. En avant Guingamp.
Bonne bouffe et after fantôme
Le seul endroit relativement calme était la cantine, un grand chapiteau qui abritait l’un des nombreux (et plutôt excellents) food trucks du Hornstulls Marknad, importé de la capitale suédoise, sorte de grand Marché des Enfants-Rouges en plein air. Mais de toute manière, “pas l’temps d’niaiser”, il y a Jeff Mills qui commence son set sur la grande scène.
Les nuits étaient fraîches dans la tente en carton recyclable, et ce n’est ni la pluie ni l’humidité qui ont empêché les jeunes festivaliers suédois (principalement) et étrangers (plus qu’on pensait) de poser du son une fois la journée de festival recousue, aux abords du camping, blottis dans l’obscurité opaque de la forêt du comté de Dalarna. On aurait presque aimer ne pas avoir été mis au courant que tous les trains de la dernière journée étaient complets pour rejoindre l’aéroport, histoire de louper notre vol et d’y rester un peu plus longtemps. Adieu Rättvik, mais pour 2017, ce sera bonjour l’Estonie !