[INTERVIEW] Mangabey, une house solaire et analogique

Écrit par Pierre Serafini
Le 16.02.2016, à 18h17
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Écrit par Pierre Serafini
Mangabey signe son nouvel EP Reflection chez Boussole Records. Quatre morceaux tout en finesse, entièrement composés à l’aide de machines analogiques, qui sort dès demain. L’artiste revient avec nous sur ses influences et les origines de sa house qui respire le soleil du sud et les soundsystems de Londres.

1/ Peut-on revenir sur l’histoire de ce nom ?

Alors pour la petite histoire, puisqu’il y en a une : le Mangabey est un singe et je trouvais que tout venait de là dans l’histoire de l’Homme, l’art et la musique. Dans la musique que je produis, il y deux aspects de cet animal : d’un côté l’animalité qui s’en dégage via la danse qui fait appel aux sens les plus primitifs, et puis de l’autre l’humanité exprimée à travers la maîtrise de la technique et des machines. En gros, pour moi, la musique est un retour à l’origine de nos instincts.

 2/ Qui se cache derrière ?

José, Toulousain passionné de musique depuis que j’ai réussi à mettre une cassette dans la vieille sono de mes parents avant même de savoir marcher… Plus sérieusement j’ai été très tôt un audiophile du jazz et du funk. Mes parents et mes sœurs travaillent dans les arts du spectacles et dans le cinéma depuis ma naissance, ce qui m’a, sans aucun doute, influencé pour choisir ce chemin.

J’ai commencé à faire du piano dès mes 8 ans et c’est à 15 ans que je me suis réellement investi dedans, lorsque j’ai eu l’opportunité d’intégrer un groupe de jazz-funk avec qui j’ai joué au festival de Marciac. Cela a duré trois ans, jusqu’au jour où je me suis mis à la MAO (musique assistée par ordinateur). J’ai commencé en produisant du hip-hop, ça faisait référence aux influences que j’avais jusque-là, tout en ayant la possibilité d’y intégrer des sonorités plus modernes. De là, je me suis vraiment pris de passion pour toute sorte de machine analogique.

Je me suis mis à écouter de la musique électronique car tout ce mouvement des années 80 et 90 est né avec l’évolution des synthétiseurs, samplers et machines en tout genre, et c’est ça qui me fascinait. La house reste pour moi le genre qui me touche le plus et dont je prends le plus de plaisir à composer, c’est là où le métissage de mes influences est le plus profond.
 © Louis Derigon

3/ Qui d’autre gravite dans ta team ?

Principalement mes potes avec qui l’on a crée le collectif et désormais label, Boussole Records.

4/ Au lycée t’étais plutôt quel genre ? Et côté musique ?


Au lycée j’ai fait une classe littéraire option musique donc mon parcours était déjà bien tracé : je ne pouvais pas vraiment devenir professeur de français ! Du côté de la musique, c’était plein d’influences. Je jouais avec le groupe de jazz cité plus haut, j’écoutais et composais timidement du hip-hop dans ma chambre et je découvrais la magie de la musique électronique et des synthétiseurs grâce à des amis. C’était aussi les premières soirées dans des clubs, comme à l’Ambassade à l’époque sur Toulouse. Bref je dévorais tous ce qu’on me mettait sous les oreilles.

5/ Si tu devais définir ton son aujourd’hui…




Je me suis longuement posé les questions types du musicien : est-ce que je vais dans la bonne direction ? Si je mélange les genres, à quel point faut-il le faire pour ne pas m’égarer ?
Ayant des influences vraiment variées c’était important que je puisse les canaliser pour arriver à bien définir mon projet et ce vers quoi je voulais aller.


Rapidement je suis arrivé à produire une musique qui me correspondait, alliant mon goût prononcé pour le jazz à des des structures plus proches de la mouvance garage et de la House de Chicago. Un peu de funk, un peu de disco, quelques samples et surtout ce son analogique qui me fait vibrer.


6/ Parle-moi un peu de cet EP …




Étant le premier à sortir un format EP sur Boussole Records, j’avais à cœur de ne pas décevoir sur cette sortie, et de proposer 4 titres cohérents retraçant mon univers et mon histoire musicale. Le premier morceau « Hancock’s Idea » est très inspiré jazz, c’est une sorte de déclaration d’amour à des artistes phares de mon enfance comme Herbie Hancock, Quincy Jones, King Curtis ou John Coltrane. Pour la structure c’est le morceau de Dan Shake « Trader II » qui m’a beaucoup inspiré.


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Le deuxième morceau « Evening Joy » est plutôt lié à ce que j’écoute ces derniers temps. Je pense à des artistes comme Max Graef, Glenn Astro et Theo Parrish. Je me retrouve bien dans leurs choix de samples, de grain et de cette harmonie jazzy/club. Dans ce morceau je voulais laisser une place importante à l’improvisation qui est selon moi bien trop absente dans la musique aujourd’hui.


« Reflection » témoigne de ma période plus disco, il est vraiment tourné sur le groove. J’ai beaucoup dansé sur des artistes comme Earth Wind and Fire ou plus récemment Breakbot. J’ai surtout voulu mettre en avant la banalisation du synthé un peu cheap qui est remis au gout du jour chez des artistes comme Palms Trax ou Jacob Korn. Pour le dernier morceau « Thelonious Dawn » l’objectif était de mélanger un piano à la façon de Thelonious Monk, qui a toujours été l’un de mes pianistes favoris, avec un coté plus brut de la musique house tel que l’entend Mall Grab par exemple.


© Louis Derigon


7/ C’est quoi ton set-up sur scène ?


Pour mon live, je ramène une bonne partie de mon studio sur scène. Je suis sur un laptop avec Ableton et j’ai une APC40 pour lancer mes samples. Les drums et percussions sont joués en majorité avec une boite à rythme TR8 et pour les nappes et chords piano je varie entre un Nord Stage et un synthétiseur analogique Mopho X4. Mon set allie des sons house-jazz avec une partie plus acid portée par une petite bassline Volca Bass. Sur scène comme en studio j’aime laisser une place importante à l’improvisation sur les synthés donc j’ai des petits claviers divers pour compléter. 



8/ T’as prévu quoi pour ta prochaine date ? C’est quand d’ailleurs ?


Ma prochaine date c’est ce samedi 20 février au Bikini de Toulouse, pour la première partie de Breakbot. J’ai prévu un nouveau live avec pas mal de groove, ça devrait bien faire danser les gens !


9/ Si je regarde un peu tes playlists du moment, j’y trouve quoi ?


Différents labels comme Wolf Music, Heist Recordings ou MCDE Records. Après j’aime me perdre sur la toile avec les podcasts et EPs de Dekmantel, les rythmes groovy de Local Talk ou de S3A Records et les rythmiques plus énergiques d’Ultramajic ou de R&S. Sur mon portable en ce moment on trouve surtout du Palms Trax, Legowelt et Henry Wu, accompagné de pas mal d’artistes funk-soul en tout genre.


 


10 / Il y a quoi à l’horizon pour toi ?


Pour le moment je me concentre sur la sortie de mon EP et l’avancement de mon projet Live pour bien tout structurer. Si ma musique peut accompagner le quotidien des gens et leur procurer du plaisir, j’en serais le plus heureux ! Autant en musique que dans ma vie, place à l’improvisation.


11/ Un dernier mot ?


Musique, musique, musique ! 



Prochaines dates :


20 Février : Live au Bikini avec Breakbot, Toulouse.
04 Mars : Live à La Chapelle des Carmélites, Toulouse.
15 Avril : Boussole House Party w/ S3A au Bikini, Toulouse.

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