Chaque année, Nuits sonores a pour tradition de donner carte blanche à des artistes et de leur confier une scène pendant une journée ou une soirée. Pour sa 19ème édition, du 25 au 29 mai prochains, la curation ne sera pas des moindres : la rappeuse Lala &ce, première artiste lyonnaise à se voir confier la programmation d’une scène du festival, inaugurera les Nights le mercredi 25 mai, suivie de DJ Harvey, Helena Hauff et enfin Honey Dijon les jours suivants.
La soirée « A night with Lala &ce » s’annonce particulièrement dansante et éclectique avec au programme un mélange planant bien senti de talents émergents et confirmés de la scène française. On y retrouvera la chanteuse et compositrice pop avant-gardiste Oklou, le producteur Brodinski en b2b avec Low Jack, la tête pensante du label Boukan Records Bamao Yendé et son acolyte Le Diouck, le rappeur new wave La Fève, le DJ parisien Broodoo Ramses signé sur &ce Recless, le label de Lala &ce, l’univers hip-hop hybride de Sandandsolo, la prometteuse productrice house Tatyana Jane et enfin le bijou dancehall Midas the Jagaban, seule artiste non-francophone du lot. Pour Trax, Lala &ce est revenue sur son choix de line-up et ses liens avec la musique électronique.
Tu es originaire de Lyon, quelle était l’image que tu avais du festival Nuits sonores quand tu habitais là-bas ?
J’y suis allée une fois, après quand j’étais petite je pouvais pas trop sortir [rires]. J’étais un peu bloquée, enfin je sortais en cachette mais c’était dur d’y aller. Donc j’y suis allée une fois et c’était vraiment l’évènement, le truc qui arrive en été, c’était notre festival. L’année dernière j’ai fait une scène là-bas et là, de faire le line-up cette année, c’est un truc de fou.

Qu’est-ce que ça représente pour toi d’être la première artiste lyonnaise à qui Nuits sonores a donné carte blanche ?
C’est ouf, ça me fait super plaisir. Et puis la boucle est bouclée un peu : quand j’étais petite je regardais ça un peu de loin, et là non seulement j’ai fait une scène mais en plus je fais le line-up. C’est trop bizarre, je réalise pas trop mais c’est grave cool. C’est pour ça que j’ai mis du cœur sur le line-up, je voulais vraiment un truc qui me ressemble.
Le line-up ressemble beaucoup à ton univers : c’est très mélangé et surtout ce sont des noms très modernes, très actuels, à la croisée entre les gens : rap, r&b, musique électronique, dancehall, afrobeat… Comment as-tu fait pour choisir ces artistes, quelle était la réflexion derrière ?
J’aime bien le club, j’aime bien sortir, j’aime bien les DJs. Du coup c’était important pour moi qu’il y ait des DJs, que les gens bougent. Et puis, la musique électronique et les DJs, c’est l’identité de Nuits sonores. Du coup je me suis dit : « Il faut que je fasse un mélange, mais il faut aussi que je mette des gens qui sont proches de moi que ce soit dans le live ou dans mes goûts musicaux ». Du coup j’ai fait un mix de tout ça, j’ai mis du rap new wave avec La Fève et Sadandsolo. J’ai mis des DJs qui peuvent faire bouger les gens et qui sont aussi cultivés musicalement : donc Broodoo Ramses, qui est très proche de moi mais qui commence à faire sa place à Paris, et Tatyana Jane, qui est super chaude. Et puis Brodinski aussi c’est un truc de fou parce que quand j’étais petite je l’écoutais beaucoup, c’était une star pour nous. Et je respecte beaucoup ce qu’il fait, le tournant qu’il a pris à faire des prods trap pour des rappeurs américains. Il y a Oklou aussi que j’aime beaucoup, dans un autre style pop, mais pointu. Après il y a Midas The Jagaban qui est plus afrobeat turn up, et forcément il y a Le Diouck aussi, de mon label : lui c’est un alien, il a son univers à lui. Donc ça me représente vraiment bien, quand je regarde le line-up j’ai envie d’y aller. Même si j’y étais pas j’aurais acheté mon ticket.

Midas The Jagaban c’est d’ailleurs la seule artiste non française ou francophone que tu as programmée, le reste ce sont des artistes de la scène française. Ça t’est venu naturellement ?
C’est vrai. C’est venu naturellement, j’avais une autre DJ en tête qui n’est pas française mais elle ne pouvait pas venir. Sinon c’est vrai que ça m’est venu comme ça, en vrai c’est beaucoup mes proches qui sont là aussi, des gens que je connais dans la vraie vie pour la plupart. Je pense que ça va être une nuit très famille, on va pouvoir aller sur la scène des uns et des autres, moi j’irai surement sur la scène de Bamao et Diouck, Sandandsolo… J’ai envie de tout voir en fait, ça va être spécial je pense.
On retrouve pas mal d’artistes de la scène électronique, tu es toi-même souvent un peu associée à cette scène-là, notamment du fait des producteurs avec lesquels tu travailles comme Low Jack. Que représente cet univers pour toi ?
Quand j’étais à Lyon, quand j’étais adolescente, j’écoutais pas mal d’électro, je faisais des fêtes… J’aimais bien Paul Kalkbrenner, j’écoutais Ed Banger, j’étais pas mal dans ce milieu, tout en écoutant forcément du rap. Ce n’est pas très loin de moi. Du coup c’est vrai que le projet qu’on a fait avec Low Jack ça ne m’a pas tant déroutée que ça. Je suis proche de cette scène et ça me fait plaisir d’y être affiliée, même si je n’ai pas vraiment de sons électroniques – enfin il y a des petites touches parfois. Ça m’inspire, c’est sûr.
Quand on regarde les autres artistes à qui Nuits sonores a donné une carte blanche, c’est très techno, house, disco… Ça te fait quoi de te retrouver au milieu de Honey Dijon, DJ Harvey, Helena Hauff ?
C’est un délire franchement, je sais pas du tout ce que je fais là, mais let’s go ! En vrai ça me fait plaisir, je peux faire ma soirée à Lyon avec les gens que j’aime bien.

Quelles sont tes attentes pour cette soirée ?
J’ai envie qu’on retourne tout dès le premier soir, que ce soit comme la finale, mais le premier soir. Et j’ai hâte de voir ce que ça va donner parce qu’en vrai c’est que la famille qui est là et ce ne sont que des gens super talentueux, je pense qu’il y a vraiment un truc à faire.
« A night with Lala &ce » aura lieu le mercredi 25 mai de 23h à 05h à la Sucrière et au Sucre (Lyon) pour Nuits sonores. Toutes les informations et la billetterie sont à retrouver sur le site du festival.