Pas très loin du Rex Club, dans le troisième arrondissement, le disquaire House Monkey Records vient tout juste d’ouvrir ses portes. Dès l’entrée, le logo bleu à la grosse Tour Eiffel du comptoir annonce la couleur : ici, on ne vend que des disques de producteurs français.
Derrière le concept du magasin, il y a d’abord l’expérience de digger d’Anthony, son propriétaire. S’il possède des disques de producteurs français, il se rend vite compte que c’est plus dû à ses recherches sur Internet qu’à ses passages chez les disquaires. Pourtant, quand il sort, ce n’est que très rarement pour écouter de grosses têtes d’affiche étrangères. « La nuit parisienne est en pleine effervescence, avec de plus en plus de petits collectifs. Mais leur promotion se fait surtout grâce aux évènements, le gros travail que font les producteurs derrière est peu mis en avant. » Anthony décide donc de créer House Monkey Records, vitrine de cette petite scène française dont il est si fier.
« À terme, j’aimerais pouvoir dire que le shop est une vitrine française, plus qu’un disquaire uniquement centré sur la musique. » La porte est en effet ouverte à tous les projets, et pas seulement les projets musicaux. Aux murs, on trouve les peintures sur vinyles de Zekid, les sacs de PWFM… « J’aimerais que la petite scène voit le shop comme un espace de détente qui lui est dédié, que ses acteurs puissent y venir digger, mais aussi discuter, boire une bière. Les associations peuvent même venir faire leurs réunions dans nos canapés si elles le souhaitent ! » Aucun partenariat n’est refusé : « L’application Night4Us, qui permet de générer des line-up plus facilement, est passée nous voir. On les a accueillis avec plaisir. Ils sont Français et aident au développement des nuits françaises, pourquoi leur fermer notre porte ? »
Finalement, c’est l’ambiance des nuits parisiennes que House Monkey Records souhaite recréer au cœur du magasin. « Derrière tout ça, il y a ma propre expérience du monde de la nuit à Paris et notamment ma première expérience club avec Arch8type, nous raconte Anthony. Ils ont été super cool avec moi. Ils m’ont invité à mixer avec Charles Fenckler, juste avant Illnurse qui faisait son premier live. Dans la salle, il y avait une vingtaine de groupies qui criaient son nom, j’étais assez impressionné. Mais en backstage, je me suis rendu compte que les mecs étaient super détente. Y a pas de mauvaises personnes dans ce milieu, de mecs pédants. Certains sont là pour faire du business mais tu trouveras ça dans tous les métiers. C’est cet esprit que je veux mettre en avant dans le shop, celui de la scène française qui ne se prend pas la tête et fait ce qu’elle aime. »
Dans les bacs, on trouve des disques de gros labels tels que Concrete Music, Astropolis Records, Bass Culture… Mais aussi des petits producteurs dont certains n’ayant même pas encore de distributeurs. « En ce moment, il y a même des gens qui passent et qui n’ont rien du tout, juste un projet en cours. J’essaye de les mettre en contact avec les distributeurs. Pour l’instant, il y a beaucoup de Parisiens mais c’est juste parce que les petits labels des autres régions sont difficiles à approcher. À terme, c’est la scène française dans sa globalité qu’on veut mettre en avant. »
In Any Case Records, tout jeune label parisien qui sortira son premier disque en septembre, salue l’initiative : « Il y a de plus en plus de labels français et c’est vraiment cool d’avoir un lieu qui les mettent tous en avant. Nous sommes distribués par Syncrophone mais comme les deux magasins sont en très bons termes, on devrait pouvoir trouver nos disques chez House Monkey Records. C’est bien d’avoir ce genre de lieu de rencontres pour la scène française, ça crée de la proximité entre les associations, les producteurs et les petits DJ’s. »
House Monkey Records se veut donc le centre névralgique de la petite scène française, mais surtout une vitrine ouverte sur l’extérieur. Anthony souhaiterait offrir aux petits labels français l’opportunité d’accéder aux DJ’s étrangers. « Pour un DJ, c’est assez rare d’arriver chez un disquaire et de ne connaître aucun disque. Le fait de promouvoir les petits labels et la scène française maximise leurs chances de trouver des pépites dont ils n’avaient jamais entendu parler. »
« Finalement, House Monkey Records, c’est la maison des singes français. Le nom vient d’une blague de mes potes qui n’écoutaient pas de musiques électroniques et qui me disaient toujours : ”Casse-toi avec ta musique de singe !” J’ai décidé de bien le prendre, parce qu’après tout, on est un peu des singes : on fait les cons sur une musique rythmée, on écrit sur les murs, on pisse dehors à la sortie des boîtes… »
Après la petite crémaillère lors de la Fête de la musique, un deuxième évènement est prévu le 17 juillet en collaboration avec toute l’équipe de singes de Phosphore Music.