Cet article est initialement paru en octobre 2019 dans le numéro 225 de Trax Magazine, disponible sur le store en ligne.
Par Maxime Jacob
Alors que la colère s’empare progressivement de Pierre Picy, derrière la caisse de la Maison Sauviat, son visage vire au cramoisi. Ses tempes grises battent, sa mâchoire se contracte et ses mains se crispent sur le rebord du comptoir en acajou de la boutique. « Les politiques, ils ne font rien pour Barbès ! Il n’y a plus que des voyous ici ! », fulmine le disquaire, faisant référence aux jeunes Algériens qui errent devant son magasin et qui font du carrefour Barbès un point central du trafic de cigarettes. Ici, le hard discount inventé par Tati dans les années 50 vaut désormais pour les paquets de Marlboro, vendus 4 euros 50 pièce, qu’ils soient contrefaits en Chine ou au Maghreb. Tout le monde sur le boulevard ne parle plus que de ce business de survie, qui attire bien plus l’attention des passants que les dizaines de CD de raï qui peuplent encore la vitrine de la Maison Sauviat, éternel disquaire de Barbès englué au 124, boulevard de la Chapelle. Un établissement rarement fréquenté, à quelques mètres de l’une des stations les plus empruntées de Paris, avec plus de 25 000 franchissements de portiques par jour. D’ailleurs, les rares clients qui se sont aventurés dernièrement chez Sauviat n’en gardent pas un souvenir impérissable. Le seul qui ait noté l’établissement sur Google, un certain “Niko L”, l‘a gratifié d’une seule étoile sur 5. Commentaire ? « Le patron est antipathique. »
Le temps des Cheikh
S’il n’arrive même plus à paraître cordial avec ses clients, c’est que le disquaire est l’unique reliquat d’un monde disparu, englouti sous les enseignes de téléphonie mobile. Fantasmé en no-go zone par Fox News à la suite des attentats du Bataclan, Barbès était pourtant un pôle culturel très puissant, la capitale économique de la musique nord-africaine pendant près d’un demi-siècle.
Les ouvriers n’avaient presque aucun bien. Tout ce que l’on trouvait dans leur chambre, c’était un mange-disque.
Kamal Hamadi, figure de la chanson algérienne
Au commencement de cette histoire : la grand-tante de Pierre Picy, Léa Sauviat. Provençale mariée à un Auvergnat, la mélomane tenait un magasin de musique dans le 13ème arrondissement avant d’ouvrir son enseigne du boulevard de la Chapelle en 1947. « Léa Sauviat vendait de la musique classique mais, très rapidement, elle s’est rendu compte que ce qui marchait à Barbès, c’était la musique “ orientale ” », explique Nidam Abdi, ancien journaliste à Libération et spécialiste de la musique nord-africaine. En 1947, le quartier de la Goutte-d’Or est déjà peuplé de nombreux travailleurs venus d’Algérie française. « Ces immigrés répondaient à l’appel du gouvernement français », rappelle le journaliste. « Il fallait reconstruire le pays après les guerres mondiales et la France avait besoin de main-d’œuvre. Ils travaillaient toute la journée à l’usine, notamment pour Citroën ou Renault. » Des milliers de jeunes hommes venus d’Algérie s’installent dans Paris Nord pour relancer l’économie sur le Vieux Continent.
La plupart d’entre eux dorment à l’hôtel à défaut de pouvoir se payer un appartement. Du haut de ses 82 ans, Kamal Hamadi, auteur-compositeur et figure de la chanson algérienne, se souvient : « Les ouvriers n’avaient presque aucun bien. Tout ce que l’on trouvait dans leur chambre, c’était un mange-disque. » Les travailleurs venus d’Alger, d’Oran et de Kabylie n’ont pas les moyens d’aller dans les chics cabarets orientaux du quartier Latin, fréquentés par l’intelligentsia parisienne. Alors, les week-ends, ils se rendent dans les bars proches de Barbès, seul coin de Paris où l’on peut trouver de la viande hallal et des produits importés. « Beaucoup d’artistes se cachaient parmi ces ouvriers, précise Kamal Hamadi. Le soir, dans les bars, certains se produisaient. On sympathisait entre hommes et l’on chantait des chansons qui parlaient du pays. » Les chanteurs de cette époque sont appelés Cheikh, “maître” en arabe, et chantent “El Ghorba” – la douleur de l’exil.
Avant que l’Algérie et la France ne signent les accords d’Évian en 1962, le business de la musique orientale était géré à Paris par de grandes maisons de disques françaises. Au début des années 1950, Léa Sauviat conseille Ahmed Hachlef, directeur artistique en charge du répertoire oriental chez Pathé-Marconi, major française et filiale d’EMI. La révolution menée par le FLN en Algérie et à Paris va changer la donne. « Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, les maisons de disques françaises n’étaient plus vraiment légitimes pour produire les artistes algériens », explique Nidam Abdi. « C’est à ce moment-là que les Algériens, les Marocains et les Tunisiens se sont lancés dans la production de musique à Paris. Ils ont racheté les stocks des maisons de disques françaises. Ahmed Hachlef a, par exemple, racheté une partie du répertoire Pathé-Marconi puis a fondé ses propres éditions, le Club du Disque Arabe, en 1972. »

Ruée vers l’or
Au début des années 1960, le business de Léa Sauviat lui rapporte beaucoup d’argent. Entre les étagères d’acajou remplies de 45-tours, des platines permettent aux ouvriers algériens d’écouter les disques de leur choix. On y trouve les maxis de Kamal Hamadi, de sa femme Noura, mais aussi ceux de la star kabyle Slimane Azem ou de Lili Boniche. La longue file d’attente devant la Maison Sauviat donne des idées à un certain Si Ahmed Soulimane, simple employé dans un centre commercial algérien du quartier. « Si Soulimane travaillait aux galeries algériennes, il distribuait les tickets aux clients », rappelle Kamal Hamadi. « Il n’arrêtait pas de répéter “ Mme Sauviat, son business, c’est une mine d’or ”, mais il n’avait pas un rond. Il a trouvé un associé et ils ont ouvert La Voix du Globe. » Le disquaire s’installe rapidement au 120, boulevard de la Chapelle. Il sera imité par des dizaines d’autres. « Aucun de ces disquaires ne venait de la musique, détaille Kamal Hamadi. Ils étaient ouvriers, simples employés ou commerçants. Mais le disque était à l’époque vu comme un moyen de très bien gagner sa vie. »
Au cours des années 1970, alors que la France ferme les frontières et met en place la politique du retour contre 10 000 francs, le nombre de disquaires augmente considérablement. En complément de leur boutique, les disquaires se lancent dans l’édition : la plupart d’entre eux produit des artistes. Le boulevard de la Chapelle se transforme en marché du disque, avec au moins vingt enseignes concurrentes qui vendent, produisent et distribuent des disques à l’orée des années 1980. Oasis, Cléopâtre, La Voix du Globe, Bab, Chandor et plus tard MCPE se partagent le territoire.
Scène chez Bab
Samedi 14 septembre 2019, sur les coups de 16h, deux clients entrent chez Bab au 116, boulevard de la Chapelle. La boutique déborde de sacs de voyage de toutes tailles et les deux visiteurs ont été attirés par les valises exposées sur le trottoir. Mais ce jour-là, impossible de parler maroquinerie avec Riad et Karim Boualala, les deux frères qui tiennent la boutique depuis la fin des années 1960. Ils reçoivent la visite de Michel Lévy, un vieil ami du temps où ils vendaient de la musique estampillée Chandor. Michel Lévy est connu de tous les anciens disquaires de Barbès. Riad prend un air grave quand il présente son ami : « Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit… Cheb Mami, il avait une voix magnifique, je n’en disconviens pas… Mais Cheb Mami, il ne serait jamais devenu le grand Mami sans Monsieur Michel ! ». Son frère Karim opine du chef. Michel Lévy, 66 ans, producteur et manager historique de Cheb Mami, sait ce que son ex-poulain lui doit, mais reste modeste : « J’ai fait mon travail. Si vous trouvez que je l’ai bien fait, alors j’en suis très heureux ».
Une fois la cassette arrivée au magasin, les disquaires la diffusaient en boucle et à fond tout le week-end. Le lundi matin, on savait si le morceau était un tube ou pas.
Michel Lévy, producteur de Cheb Mami
Le Barbès dans lequel débarque le producteur en 1982 est un peu différent de celui des années 1970. François Mitterrand au pouvoir facilite le regroupement familial, qui ne s’appliquait pas aux Algériens lorsqu’il fut initié en 1976. Les travailleurs font venir leur famille d’Algérie et s’installent en banlieue Nord et en Seine-Saint-Denis. Autrefois prisé par les immigrés célibataires pour ses bars et ses bordels ouverts 24 heures sur 24, Barbès devient un carrefour de shopping pour les familles. Michel Lévy : « Aller à Barbès, pour une famille algérienne, c’était synonyme de fête. C’était l’attraction du week-end pour les enfants. On y arrivait tôt, on se rendait d’abord chez Tati pour faire de bonnes affaires, on faisait ses courses puis on mangeait un couscous avant de déambuler le long du boulevard où l’on achetait des cassettes chez les disquaires ».
Au moment où, à Barbès, la cassette remplace le disque, une nouvelle scène musicale émerge dans les bouges d’Oran, en Algérie. Les Cheb (“jeunes”) ringardisent les Cheikh (“maîtres”). Ils improvisent des paroles sur des instrumentations synthétiques et pop, loin des orchestrations organiques et traditionnelles des décennies précédentes. Les enregistrements oranais arrivent à Barbès dès 1982, où les labels locaux dupliquent les cassettes et les distribuent par camion dans les marchés de France, de Lyon à Montpellier. C’est le début de la vague raï, terme qui désigne une forme “d’opinion” ou “d’improvisation” en arabe. « Il s’est développé une véritable industrie intra-communautaire de la cassette autour du boulevard de la Chapelle », remet Michel Lévy. « Les cassettes sortaient toujours le vendredi matin. Les disquaires allaient les chercher à l’usine, les clients faisaient la queue devant les magasins en attendant l’ouverture. Une fois la cassette arrivée au magasin, les disquaires la diffusaient en boucle et à fond tout le week-end. Le lundi matin, on savait si le morceau était un tube ou pas. » Et un tube pouvait se vendre à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’exemplaires, le tout à l’ombre des majors. Les touristes algériens se rendent aussi en pèlerinage à Barbès. « Ils venaient dans les boutiques et demandaient à acheter “ la cassette originale ”, parce qu’au pays, ils ne trouvaient bien souvent que des versions pirates. Pour une même cassette de Chaba Fadela, on trouvait en Algérie une illustration avec Dalida et une autre avec Rika Zaraï. »

L’ANPE du raï
Pour devenir des stars et être reconnus par leurs pairs, les chanteurs de raï devaient obligatoirement venir à Barbès, où résidait l’industrie. Des dizaines de chanteurs débarquent ainsi en quelques années dans les environs de la Goutte-d’Or. Pour les trouver, il suffisait de se rendre au Cadran Magenta, un bar en contrebas de Barbès, aujourd’hui transformé en boutique de mariage. « J’appelais cet endroit “ l’ANPE du raï ” », sourit Michel Lévy. « Vous organisiez un mariage ? Un anniversaire ? Il suffisait de vous rendre au Cadran pour trouver un chanteur de raï disponible installé en terrasse. »
C’est là que Michel Lévy aperçoit Cheb Mami pour la première fois. « Mami se dirigeait vers le Cadran. Nous étions en hiver 1985, il avait les cheveux en pétard, il était mal rasé avec des boutons sur le visage et il mangeait une merguez-frites. » Cheb Mami a 18 ans, il réside alors chez un marchand de sommeil de Montreuil. Ses cassettes tournent déjà dans les boutiques de Barbès. La nuit, il joue dans les cabarets raï, chez El Khaima, au Monseigneur de la place de Clichy ou chez Omar Khayam à Saint-Lazare. « Cheb Mami et les autres commençaient leur tournée à 22 heures, ils enchaînaient les concerts dans les cabarets. Ils pouvaient chanter à cinq endroits différents au cours de la nuit. » Dans ces cabarets spécialisés, où le thé coûte 50 francs (l’équivalent d’à peu près 20 euros pour l’époque), se relaient les producteurs de Barbès désireux de signer les artistes. « L’idée était de draguer les raïmen pour qu’ils n’aillent pas voir la concurrence. Il fallait les rincer, les inviter à notre table, leur payer des bouteilles d’alcool et leur présenter des copines – qui bien souvent étaient des prostituées du coin », retrace Michel Lévy.
Dans l’industrie musicale de Barbès, tout se fait au black. Christian Ducasse, photographe qui a couvert l’émergence du raï dans le Nord parisien, se souvient : « Je suivais Cheb Mami lors de ses tournées de cabarets parisiens. Les salles ressemblaient à de petites boîtes de nuit avec une scène. Cheb Mami était annoncé à 22 heures, il arrivait à 4 heures du matin, il chantait et les clients lui glissaient des billets dans les poches à l’issue du concert. C’était son cachet. » Michel Lévy confirme : « Aucun des chanteurs ne s’enregistrait à la Sacem parce que le droit d’auteur, en Algérie, ça n’avait pas de sens. Le papier, l’écrit, n’avait aucune valeur contractuelle. Seule comptait la valeur de la parole donnée. Un producteur s’engageait oralement auprès d’un raïman et l’accord était scellé. Il payait l’artiste quelques centaines ou milliers de francs en liquide à l’issue de l’enregistrement. S’il vendait beaucoup de cassettes et que l’artiste s’en rendait compte, il lui payait une voiture, mais les artistes n’étaient pas rémunérés sur les ventes. Beaucoup se sont fait arnaquer, en vérité. »

De La Chapelle au Super Bowl
Issu du show-business et des majors – il était l’attaché de presse de Mike Brant et de Salvador Dalí dans les années 70 –, Michel Lévy est l’un des artisans de la popularisation du raï auprès du grand public. « En 1986, j’ai sorti des albums de Cheb Khaled et de Cheb Mami en vinyle parce qu’il était impossible de faire de la promo auprès des médias français avec des cassettes », explique-t-il. « J’ai présenté Khaled comme le roi du raï et Mami comme le prince, pour l’inscrire dans ses pas. » Au même moment, Martin Meissonnier, producteur français de Manu Dibango, organise avec la Maison de la Culture de Bobigny le premier festival raï en France. Cheb Khaled joue pour la première fois en Europe, aux côtés du couple Fadela-Sahraoui et de Cheb Mami, programmé par Michel Lévy. « Ce festival a constitué l’acte fondateur du raï en France. Il a connu un succès fou. À partir de là, toutes les mairies de France vont vouloir leur événement raï. Les médias vont enfin s’intéresser au phénomène. Pour eux, le raï était le symbole du vivre-ensemble, de l’intégration réussie à la française. » Les cassettes de Cheb Mami et de Khaled finissent par quitter Barbès pour se retrouver dans les rayons de la Fnac, où elles se vendent 70 francs contre 20 pour une cassette classique à La Chapelle. Khaled et Mami enchaînent les plateaux de télévision, d’abord chez Michel Cardoze sur TF1, puis chez Michel Drucker et Thierry Ardisson. Khaled sort son hit “Didi” en 1992 sur Barclay. En 1998, Pascal Nègre, à la tête de Polygram, réunit Khaled, Rachid Taha et Faudel autour d’un album live, Un, deux, trois, soleils. Quant à Michel Lévy, après avoir obtenu une collaboration entre Cheb Mami et Hilton Rosenthal, le producteur de Johnny Clegg, il est contacté par Sting pour un duo. Le titre, “Desert Rose”, emmènera Cheb Mami jusqu’à la mi-temps du Super Bowl en 2001. Cette année-là, les Raven écrasent les Giants de New-York 34 à 7 et le chanteur algérien fait du raï un phénomène planétaire.
Les stars du raï s’internationalisent et perdent peu à peu l’identité sonore de leurs débuts, mais Barbès continue un temps à produire des artistes et à représenter une forme de raï underground, plus fidèle au son des débuts. Les années 1990 signent pourtant le déclin de l’industrie de La Chapelle. En Algérie, la guerre civile éclate en 1991. Divers groupuscules islamistes prennent les armes et s’opposent violemment à l’armée. Les raïmen, dont les morceaux parlent d’amour et de flirt, sont considérés comme immoraux par les fondamentalistes. Pour Nidam Abdi, le conflit sonne la fin de la fête : « Petit à petit, l’identité maghrébine s’est vécue à travers un prisme religieux qui a remplacé la culture de la fête, pourtant très présente en Afrique du Nord », déplore l’observateur. En 1994, en pleine décennie noire, Cheb Hasni, l’un des plus grands chanteurs de raï est assassiné à Oran. Le producteur star Rachid Baba connaîtra le même destin un an plus tard.

Pour Michel Lévy, le déclin du raï à l’international est lié aux attentats du 11 septembre 2001. « Dans le raï, on était habitué aux aprioris racistes », admet le producteur. « Déjà, lors du premier passage de Cheb Mami sur Europe 1 – c’était en 1986 –, des dizaines d’auditeurs appelèrent le standard pour que l’on rende l’antenne. Les indépendances n’étaient pas si loin et les rapatriés d’Algérie voyaient d’un mauvais œil le fait que des Arabes puissent s’émanciper par la musique en France. Mais à partir des attentats du World Trade Center, ça a pris une autre ampleur. Il est devenu impossible de faire jouer un chanteur arabe sur le sol américain. On obtenait les visas le lendemain des concerts. Les radios américaines ont arrêté de diffuser de la musique en arabe. En France aussi, l’ambiance a changé. On a commencé à ne plus parler que de burqa, de voile et d’identité nationale. » Surtout, le raï s’est peu à peu privé d’icônes. Cheb Mami est condamné à 5 ans de prison en 2009 pour tentative d’avortement forcé sur son ex-compagne. L’image de Khaled est écornée après une condamnation pour abandon de famille, et Faudel perdra une grande partie de son public après avoir soutenu Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007.
À Barbès, le marché de la musique survit au CD, pas au mp3. Privés de sources de revenus au cours des années 2000, les disquaires doivent s’adapter à leur époque. Riad et Karim Boualala se sont reconvertis dans la maroquinerie. D’autres vendent des narguilés ou de l’électroménager, parfois en conservant leurs enseignes de disquaires – c’est le cas à l’Étoile Verte de la rue Caplat. Ceux qui ont fermé ont laissé place à des boutiques de téléphonie mobile. Le marché de la cassette, désormais confidentiel, se concentre autour de quelques collectionneurs avisés. On en trouve aujourd’hui chez Dizonord, disquaire installé depuis le mois de février 2019 dans le 18ème arrondissement de Paris et qui puise dans des collections privées, dissimulées dans les arrière-boutiques de Barbès. À l’image d’Akuphone, les labels qui tentent de ré-éditer des morceaux de raï d’époque ne parviennent que rarement à obtenir les droits d’auteurs, faute de contrats écrits. Mais Moustapha, le patron de Royal Musique reconverti dans la robe de mariage, croit tenir la solution pour rendre à Barbès son industrie fétiche. « Vous voulez que le raï revienne à Barbès ? C’est simple, sourit-il, laissez tomber Internet ! »
