Guerre de pouvoirs à Ibiza : cet été Trax plonge dans l’ombre de l’île blanche

Écrit par Trax Magazine
Le 05.07.2016, à 14h50
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Écrit par Trax Magazine
Chaque année en période estivale, l’histoire se répète. Le clubbing du monde entier, DJ’s comme danseurs, converge vers cette petite île des Baléares nommée Ibiza. Mais dans l’ombre de la fête, la réalité est moins heureuse… Entre empires familiaux, guerres de gros sous et trafics de drogue, l’île blanche ne porte jamais aussi mal son nom que l’été. À Berlin, l’un des nôtres est allé expérimenter le club situé sous le Berghain, dédié au sexe homo sans limite. Il raconte, à la première personne. Nous sommes également partis sur la trace des raves de Los Angeles, planquées dans des hangars de banlieue pour échapper à la répression. Mais aussi en Palestine, où la fête techno, ici et là, bourgeonne pour ignorer le conflit et rassembler une jeunesse qui manque trop souvent d’air. Voici le sommaire du magazine Trax numéro 194, disponible en kiosque jusqu’à fin août.

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L’histoire était pourtant belle. Terre de débauche post-hippie dès la fin des années 60, les premiers clubs d’Ibiza – dont le célèbre Amnesia – furent rapidement le relais de ces nouvelles musiques américaines – la house, l’acid house, la techno – qui seront la bande-son des dancefloors anglais, puis européens.

« Si vous retrouvez mon corps cette nuit en mer, vous saurez qui est le coupable. » Mahy Marrero Sosa

Aujourd’hui, la jeunesse s’extasie partout devant les sound-systems, et malgré des line-up plus pointus, Ibiza est plus que jamais la caricature d’elle-même. Ses superclubs accueillent des spectacles sons et lumières. Et une jeunesse dorée, surtout anglo-saxonne, y vient dépenser sans compter, repoussant leurs limites dans la nuit ibicenca. Naturellement, en coulisses, ce flot d’argent attise les convoitises.

IBIZA : LE TRANSAT DE FER

Notre correspondant à Ibiza, Ricardo Fernandez Colmenero, connaît bien l’île et ses cuisines. Il y habite et relate faits et gestes du pouvoir pour le quotidien espagnol El Mundo depuis 11 ans. Il raconte dans ce numéro les derniers rebondissements du Game of Thrones ibicenco. Extraits.

« 4,6 millions d’euros. C’est le montant final adjugé lors de la plus épique vente aux enchères de l’histoire de l’île. Qui est ce Mahy Marrero Sosa ? Qui est cet inconnu qui réussit à faire doubler les prix des beach clubs d’Ibiza ? Représentant de huit sociétés différentes, l’homme n’a pas bonne réputation. Sosa attend toujours le verdict de la cour de Las Palmas pour son implication dans la saisie de 452 kilos de cocaïne, et ne semble pas inquiet des treize ans de prison requis contre lui. […]

Bien au-delà du seuil de rentabilité des lots, les surenchères de Marrero Sosa ont transformé le paysage économique de l’île. Seules les plus grosses entreprises, déterminées à conserver leurs hamacs et parasols devant leurs hôtels cinq étoiles et beach clubs de luxe, ont pu suivre le rythme. Même Abel Matutes, le tout-puissant ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement de José Maria Aznar, a dû débourser plus de 350 000 euros pour garder ses 180 hamacs et parasols devant son hôtel cinq étoiles à Platja d’en Bossa – la plus longue plage d’Ibiza avec ses 3 000 mètres […].

Oscar Carbonell s’est battu pour ne pas devoir licencier ses vingt employés à Platja d’en Bossa. Pour lui, l’opération de Marrero Sosa « n’est pas rentable, les chiffres ne collent pas ». À l’entendre, la seule raison qui justifie de payer des lots aussi cher est le blanchiment d’argent. Un terme qui était sur toutes les lèvres lors de la vente aux enchères. »

L’intégralité du reportage est à lire tout l’été dans le numéro 194 de Trax Magazine.

LES DEALERS CONTRÔLENT LA NUIT

Outre les trafics d’influence, un autre trafic est l’œuvre sur l’île des Baléares, et désorganise chaque saison l’activité de ses habitants. Ricardo Fernandez Colmenero est allé à la rencontre des habitants, policiers, urgentistes et fonctionnaires qui luttent contre les vendeurs d’ecstasy et de cocaïne en dépit d’un manque de moyens – et de volonté politique ? – patent.

Steve, chef de la sécurité du Pub Joy, dépeint le contexte : « J’ai vu des situations hallucinantes, vraiment hallucinantes. Ibiza est normalement un lieu très tranquille où il y a peu de violence. Ça ne colle pas avec sa culture. Pourtant, j’ai vu des gens se faire poignarder sur la plage de Bora Bora, des agressions souvent liées à des rivalités entre délinquants. En règle générale, ils ne sont pas d’Ibiza, ce sont surtout des Anglais qui vivent ici l’été et participent au trafic de drogues. Les parrains de Londres et de Liverpool se livrent une guerre permanente pour le contrôle des points de vente. Ça se passe surtout à San Antonio, mais le dimanche, ils viennent du côté de l’île où il y a de l’ambiance. » Que fait la police ? Ce qu’elle peut […].

L’intégralité de l’enquête est à lire tout l’été dans le numéro 194 de Trax Magazine.

ÉGALEMENT DANS CE NUMÉRO

CARL COX, LE DERNIER ÉPISODE

Notre correspondant à Londres Joe Muggs a rencontré Carl Cox au plus mauvais moment, à la sortie de son set à Fabric. Épuisé, celui qui soulevait récemment la question de sa retraite est pourtant resté fidèle à son image de « nice guy de la techno ». Où l’on parle de son autre passion pour les gros moteurs, de la nouvelle génération techno, et bien sûr d’Ibiza.

Il y a des revivals sans arrêt dans les clubs, surtout en ce moment : la soul ou le boogie des années 80, la house, le hardcore et la jungle. Ça vous fait quoi d’entendre ça pour la deuxième, voire la troisième fois ?

« Quand j’entends Disclosure, je me dis : mince, j’ai joué ça il y a vingt ans ! Je vois les jeunes danser les mains en l’air, alors je me dis que tout ce que j’ai à faire, c’est ressortir mes vieux disques.»

Comment ces changements ont affecté la scène d’Ibiza ? Vous la reconnaissez malgré tout ?

« […] Je n’ai jamais vu autant de jets privés à Ibiza. Auparavant, les gens très riches allaient plutôt à Monaco. Désormais; ils veulent être vus à Ibiza, avoir la meilleure table dans le carré VIP et les clubs seraient bien stupides de refuser. La première fois que je suis allé à Ibiza, c’était beaucoup trop cher pour moi, alors je faisais un ou deux clubs et j’avais juste de quoi me payer des spaghetti bolognaise et un paquet de chips ! »

L’intégralité de l’entretien est à lire tout l’été dans le numéro 194 de Trax Magazine.

ET AUSSI …

LAB.ORATORY : SOUS LE BERGHAIN, L’EMPIRE DU SEXE HARDCORE

Un reportage gonzo dans le lieu le plus perv de Berlin, par l’une de nos plus jeunes – et prometteuses – plumes. Il nous raconte tout, vraiment tout.

L’intégralité de l’expérience est à lire tout l’été dans le numéro 194 de Trax Magazine.

A LOS ANGELES, LA TECHNO EST CONFIDENTIELLE

L.A. ne possède pas de passé glorieux avec la house ou la techno, son histoire avec les musiques électroniques s’écrit au présent… Où l’on croise la route de Drumcell, John Tejada, et d’une scène autant frustrée que débrouillarde pour danser devant les enceintes tous les week-ends.

« Les lois répressives nous ont forcés à devenir plus rusés. Nous devions trouver une solution et on a choisi d’entrer par effraction dans des entrepôts pour y organiser des soirées de la manière la plus discrète possible » Drumcell, DJ/producteur

PALESTINE, LA NAISSANCE DES RAVES

Créative et engagée, la nouvelle génération palestinienne – à la fois influencée par les mouvements underground européens et enracinée dans la culture arabe – mène au travers de la création, du son et de la fête ce que certains nomment une « Intifada culturelle »…

« Pour trouver une fête, il faut prendre le minibus jusqu’à Jérusalem et croiser les doigts pour ne pas être arrêté au checkpoint. Une fois sur place, il faut faire attention à tout le monde. Quand on voit un soldat, on se cache et on attend pour courir dans une autre rue : un putain de film d’action ! » Ilian, teufeur

Et toujours…

Notre sélection de livres sur la culture électronique ; les albums et maxis du mois à ne pas manquer ; les playlists de grands DJ’s pour chiner leurs meilleurs tracks ; toutes les soirées près de chez vous ; la sélection d’émissions sur Rinse France et le cocktail du mois : le Blood On The Beach, forcément. Bonne lecture !

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