Au Palais Garnier, le marbre gris glacé et le temps pluvieux n’ont pas empêché le ballet et l’orchestre symphonique de l’Opéra de Paris de proposer quelques tableaux du Lac des cygnes ce mardi 24 décembre. En cette veille de Noël perturbée par les grèves, tous les corps de métier de l’Opéra ont décidé de présenter l’œuvre de l’immense Tchaïkovski pour lutter contre la réforme des retraites. En plein coeur de la capitale, on pouvait apercevoir les banderoles « Opéra de Paris, grève » et « La culture est en danger » accrochées à l’entrée du bâtiment, en grève depuis 15 jours.
« C’est notre art qui est mis en danger » a indiqué au Monde Héloïse Jocqueviel, 23 ans, danseuse du corps de ballet qui a participé au spectacle. L’Opéra et la Comédie Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Son régime spécial est l’un des plus anciens de France. Datant de 1698, sous Louis XIV, il permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la « pénibilité » du métier, des risques de blessure, et du fait qu’il peut s’avérer difficile pour certains danseurs de continuer à danser au-delà de cet âge avec le même niveau d’excellence.
Si de nombreuses représentations ont donc été annulées, la vieille institution n’est pas la seule sphère culturelle à soutenir le mouvement social qui secoue la France depuis 22 jours. Le 5 décembre dernier, les artistes contemporains sont descendus dans les rues aux côtés des syndicats pour dénoncer leurs conditions de travail, jugées intenables pour la plupart.