Dimanche dernier, la cérémonie des Grammys honorait Virgil Abloh de l’Award posthume de la meilleure pochette d’album pour son travail sur Watch the Throne – projet de Kanye West et Jay-Z sorti en 2011, sans d’ailleurs mentionner la nature de ce prix. Plus gênant encore : l’institution a choisi de décrire l’artiste comme “hip-hop fashion designer”, ce qui n’a pas manqué d’insurger Internet.
Malgré la profusion des réactions désapprobatrices de la part des internautes, l’Académie ne s’est pas encore prononcée le choix de ces termes, que l’on peut qualifier de réducteurs. En effet, Virgil était designer et cultivait un lien étroit avec la culture hip-hop au sens large, fact . Mais le mariage de ces deux caractéristiques pour représenter Virgil semble aussi maladroit qu’ignorant – voire absurde – l’étendu de ses réalisations étant bien plus vaste et variée. D’abord, l’expression “designer hip-hop” ne veut tout simplement rien dire. Mais par ailleurs, l’utilisation de la catégorie “hip-hop” pour qualifier le travail du créateur fait réapparaître la polémique des termes “urbain” et “hip-hop” bien souvent utilisés par ces institutions pour qualifier la création noire, la stigmatisant et l’empêchant d’accéder à d’autres catégories. Une problématique déjà identifiée par Tyler The Creator lors de l’édition 2020 de cette même cérémonie.
Décédé en novembre dernier à l’âge de 41 ans après deux ans de lutte contre un cancer, Virgil Abloh était une figure majeure de la culture, visionnaire excellant dans une pluralité de domaines parmi lesquels le design, la mode, l’art et la musique. Directeur artistique de la ligne masculine de Louis Vuitton, fondateur d’Off White, créateur, DJ, architecte et philanthrope, Virgil a notamment permis au street-wear d’intégrer le luxe et par le même biais d’ouvrir la voie à des profils issus de la diversité.