Sept mois se sont écoulés depuis l’annonce de la fermeture des discothèques partout en France le 15 mars dernier. Sans aucune perspective d’amélioration de la situation, les gérants sont en colère et se sentent délaissés.
Un rachat de fonds de commerce pour se lancer dans une nouvelle activité
Ce mardi 20 octobre, ils sont une dizaine à s’être réunis à Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher pour joindre leurs forces et faire entendre leur voix. Représentés par l’Union des métiers de l’hôtellerie (UMIH) du Centre-Val de Loire, ils ont écrit une lettre aux sénateurs et aux députés de la région pour leur faire part de leur demande : se faire racheter leur fonds de commerce par l’État afin qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, investir dans un nouveau commerce. Car, bien qu’à contrecœur, ils veulent continuer à travailler et ce ne sera possible qu’en reprenant une nouvelle activité.
« Une entreprise qui ne travaille pas et ne génère pas de chiffre d’affaires depuis sept mois ou plus est invendable. Elle est morte », déplore Sabine Ferrand, gérante du club Le Tango à Saint-Laurent-Nouan, selon des propos recueillis par France Info. « Je propose à Bruno Lemaire d’indemniser sur la base de notre chiffre d’affaires annuel la valeur notre fonds au 31 décembre 2019 et de la masse salariale pour qu’il se rende compte de ce que coûte un club. Il faut ouvrir des négociations. Même si ce n’est pas au prix du fonds de commerce du 31 décembre 2019, ça peut nous aider à rebondir sur d’autres entreprises. »
Un accompagnement de l’État insuffisant
Malgré une mise en place d’aides financières par l’État, notamment une prise en charge de frais fixes jusqu’à 15 000 euros par mois et du chômage partiel à 100%, ainsi qu’une exonération des cotisations sociales, les gérants de discothèque dénoncent un manque d’accompagnement du gouvernement.
« Alors qu’on peut bénéficier du prêt garanti par l’État (l’État garantit 80 % du prêt), les banquiers n’ont pas l’obligation de donner de l’argent. Donc moi le [prêt] on me le refuse », se désole Patrick Bonnefond, gérant de la discothèque Georges à Orléans. « Mon banquier, alors que cela fait 20 ans que je suis à sa banque, m’a dit devant le médiateur de la Banque de France : “les discothèques, on aimerait ne pas les avoir chez nous,” c’est ça la réalité. Quant aux aides de l’État, c’est tellement compliqué de les obtenir. Il manque toujours quelque chose. On ne remplit jamais la bonne case. Bref, on est censé avoir droit à 15 000 euros maximum par mois, mais c’est tellement la croix et la bannière pour les avoir qu’on abandonne. »