Geo Track ID : le boitier qui rémunère les artistes sur chaque titre joué

Écrit par Roxanne Gintz
Le 03.08.2015, à 14h02
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Écrit par Roxanne Gintz
Grâce à son boitier qui identifie les tracks, la société berlinoise Geo Track ID aide les artistes à être rémunérés sur chaque titre joué.

Problématique d’aujourd’hui et surtout de demain, la rémunération des artistes soulève de nombreuses interrogations quant à sa mise en application, que ce soit via les plateformes de streaming (comme nous l’abordions dans le Trax #183 de juin) ou via les performances live comme nous l’expliquait Laurent Catala dans le dernier Trax #184 de juillet-août :

“Concrètement, la gestion des droits d’auteurs est gérée pays par pays par des sociétés de gestion de droits – en France, la Sacem – qui collectent l’argent auprès des diffuseurs, plateformes de streaming/téléchargement ou clubs/salles de concerts. La situation des clubs est la plus intéréssante car la plus compliquée et la plus spécifique aux musiques électroniques. De fait, elle varie en fonction des pays, mais globalement, la plupart des sociétés de gestion de droits n’effectuent pas de veille précise sur la musique diffusée en club. La plupart redistribuent les droits provenant des clubs et festivals en fonction des charts radio et TV, estimant que les clubs diffusent plus ou moins les mêmes titres. Les labels indépendants ne figurant pas dans les charts radio et TV passent donc souvent sous le radar et ne perçoivent pas de droits lorsqu’ils sont diffusés.”

C’est justement pour pallier à cette dernière problématique que la société de tech berlinoise, Geo Track ID, a mis au point un boitier qui permet (enfin) d’identifier les tracks joués par un artiste lors d’une performance (oui, comme Shazam ou son concurrent TraxAir).

geo track id

Une fois cette tracklist décryptée, Geo Track ID a pour mission de la transmettre à l’organisme de redistribution des droits d’auteurs (la Sacem pour la France, la GEMA pour l’Allemagne, etc…), qui lui-même devra reverser aux artistes concernés ce qui leur revient : si leur track a été joué, ils toucheront une rémunération. Soit la fameuse philosophie du “get played, get paid” instaurée par l’AFEM (Association For Electronic Music) qui recensait une perte de 120 millions d’euros de royalties distribués aux mauvais ayants droits.

Geo Track ID

Boitiers de Geo Track ID, disposés en clubs ou festivals[/caption] Fonctionnant grâce à un algorithme spécialement développé et en s’appuyant sur la très riche base de données de leur partenaire Juno Plus, le boitier de Geo Track ID se différencie néanmoins de ses homologues comme Kuvo (Pioneer) ou Yakast. Alors que ces derniers favorisent un accès au grand public pour créer un réseau communautaire de music lovers, Geo Track ID s’engage à garder confidentielles toutes les données récoltées et ce, afin de protéger le travail des artistes. Comme le montrent les données analytiques ci-dessous, les seules informations dévoilées au grand public concernent la contenance quantitative de sa base de données. Et force est de constater que nombreux sont déjà ceux à être séduits par cette technologie. 

Geo Track ID

Geo Track ID en quelques chiffres depuis sa création[/caption] Une initiative qui semble couler de source mais qui est pourtant bien précurseur sur le marché. Car Geo Track ID est né suite aux conflits opposant, en 2012 et en 2013, la GEMA et les principaux clubs de la ville de Berlin qui avaient menacé (le Berghain inclu) de fermer leurs portes si la GEMA ne revenait pas sur ses dernières augmentations de taxes. Depuis la GEMA semble avoir prit conscience de l’inefficacité de son système puisqu’elle a récemment abordé un changement de politique : “Partant du constat que les titres joués dans les clubs étaient trop difficiles à identifier (…) depuis le mois de janvier, elle a donc introduit un système de boîtes noires directement connectées en régie pour mieux identifier ces morceaux” continue Laurent Catala sur Trax. Mais leur répartition étant encore trop basse (120 clubs sur les 5 000 répertoriés en Allemagne), Geo Track ID compte bien augmenter leur couverture, notamment en France.

Geo Track ID

Comme, Maxime Gazeau, responsable France GTI nous le confiait : en plus d’être adopté par le Live at Robert Johnson de Francfort, le festival PollerWiesen, le Love Family Park, ou la Mobilee Records x Fact Party au Sónar Festival, leur boitier fera sa grande première à la rentrée à Paris. Ils seront présents au Zig-Zag Club et au Yoyo, les deux clubs de Laurent De Gourcuff et dont la communication est assurée par Eric Labbé, l’initiateur de la retentissante pétition Paris : quand la nuit meurt en silence.

Au téléphone, ce dernier nous livrait ses interrogations : “Pourquoi lorsque tu cotises pour faire passer Perlon en club, l’argent se retrouve dans les poches de Michel Sardou ? C’est quelque chose auquel je pense depuis 10 ans et avec Geo Track ID je crois que nous pouvons enclencher des mécanismes. En plus, les tracklist sont complètement cryptées et protégées, elles respectent le travail des artistes. Mais en adoptant ce boiter, c’est surtout un geste symbolique, il faut que l’on se fédère autour de ces questions. C’est en communiquant dessus et en formant une unité que l’on pourra se faire entendre auprès de la SACEM : elle pourra voir comment ça fonctionne.”

Retrouvez l’intégralité de notre dossier “Droit d’auteur : la technologie au service des DJs” dans le Trax N°184 de juillet-août (couv : Seth Troxler)

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