Il y a quelques mois l’équipe de Triple-D imaginaient encore les structures de la quarantaine de festivals avec laquelle elle travaille chaque été. Mais en mars dernier tout s’est arrêté. Alors, en plus de la scénographie, Triple-D s’est décidé à développer une nouvelle activité pour les particuliers : la déco artisanale.

L’aventure commence en 2015, quand les trois jeunes étudiants Quentin Denys, Arthur Deslandes et Sylvain Denis créent leur collectif de musique. Des initiales de leurs trois noms de famille, ils le nomment « Triple-D ». Ils organisent alors quelques soirées et, pour leur centaine de participants, décident de bricoler eux-mêmes la décoration et l’aménagement. C’est l’effet boule de neige et le collectif commence à se faire connaître un peu partout.
« Ça a commencé par Aurélien Dubois de chez Surpr!ze qui aimait bien ce qu’on faisait et qui était intéressé pour qu’on vienne lui poser des aménagements au Weather festival, » explique Sylvain Denis qui reconnait s’être formé sur le tas en autodidacte. « J’ai téléchargé des logiciels 3D. Je me suis renseigné sur les méthodes de fabrication et de sécurité dans l’évènementiel ». Parmi les clients de Triple-D : des collectifs (Possession, Newtrack, Vryche House), des clubs (Batofar, Glazart, Yoyo, Trabendo, Wanderlust) ou des festivals (We Love Green, Dour Festival, Les Veilles Charrues, Marvellous, Mainsquare, Hellfest).
Nous avons eu 100 % d’annulations.
Sylvain Denis
C’est dans les anciens locaux d’Universal, en région parisienne, que les sept salariés de la société imaginent, dessinent, conçoivent et fabriquent pour ces événements des scènes, totems géants, bars, espaces chill ou VIP, vestiaires, babyfoot, et bien d’autres choses. Avec, toujours, le souci que ses structures soient éco-responsables.
« On récupère des matériaux un peu partout : des palettes, du bois, des bâches, un peu tout », explique Sylvain Denis. Parce qu’ils n’utilisent ni colle, ni clous mais que des vis, toutes leurs constructions sont démontables, réparables et réutilisables à l’infini. « On a un gros deal avec un fournisseur qui a des centaines de milliers de palettes et des entrepôts partout en France. Il nous met à disposition des palettes qui sont à moins de trente minutes du festival sur lequel on travaille. On se déplace donc seulement avec notre concept, nos petites idées et nos bras. Cela permet de réduire drastiquement l’empreinte carbone. » Chaque été, l’équipe de Triple-D traverse la France pour répondre aux commandes de dizaines d’évènements : « On va dire qu’on a des étés chargés. Et le mois de septembre est très attendu ».
C’est une activité complètement nouvelle pour nous. Si on arrive à garder les deux ce serait incroyable.
Sylvain Denis
Mais ça, c’était avant. Car l’entreprise est aujourd’hui touchée de plein fouet par la crise sanitaire. « La perte de revenu est énorme. D’autant plus que nous travaillons principalement de mars à fin septembre. On est tombé en plein dedans. Nous avons eu 100 % d’annulations ». Pour s’adapter, l’équipe a donc développé une nouvelle activité de vente de meubles.
Triple-D vient de lancer son e-shop, toujours dans la même veine. L’équipe fabrique et vend du mobilier aux particuliers, composé à 100 % de matériaux réutilisables. « On a fait des bureaux, des tables basses, des meubles télé pour que nos clients puissent un peu aménager leur espace. » Des meubles construits à partir de matériaux récupérés du secteur évènementiel qui peuvent même être conçus sur-mesure.
Mais une question demeure, comment garder l’exigence éco-responsable s’il n’est plus possible pour l’entreprise de réutiliser le mobilier vendu ? Sylvain Denis répond : « Vous pouvez démonter votre mobilier si vous ne souhaitez plus l’utiliser. Surtout, ne le jetez pas, car tous les matériaux sont facilement démontables. Réutilisez-les pour autre chose, donnez-les à quelqu’un, ou recontactez nous. Au final, si nous devons tout de même acheter un panneau de bois pour une création, on sait que ce panneau n’aura pas une seule vie mais plusieurs ».