Entretien avec Jonathan Kusuma
Tu as eu et tu as encore énormément de projets artistiques (designer graphique, label manager, gérant d’un disquaire en ligne, tu as un groupe et différents alias…). J’imagine que tu entretiens une relation plutôt particulière avec l’Art non ?
Au début ce n’était pas intentionnel et absolument pas planifié. À l’époque, j’ai monté un label (Space.Rec) avec mes amis Pattra et Aryo pour simplement sortir la musique qu’on faisait avec notre groupe Space System, et celle d’autres artistes talentueux de Jakarta. Avec mes connaissances en design graphique, j’ai naturellement fait les artworks pour les artistes qu’on signait et cette démarche continue encore aujourd’hui. Le graphisme et l’art sont des choses que j’ai toujours adoré faire. Mais oui, dans l’ensemble, j’ai toujours fait des choses créatives, d’abord de la musique, mais aussi tout un tas de choses relatives, l’art inclu.
Parmi tous tes projets, que représente ton alias Jonathan Kusuma ? Qu’essaies-tu de créer avec ?
J’ai pris ce nom là comme alias parce que c’est en réalité mon véritable nom que je n’utilise jamais ! Ici mes amis m’appellent Ojon. Je n’avais pas prévu d’utiliser ce nom là mais ça me semblait finalement logique, surtout après l’avoir utiliser pour des précédentes releases. Mais en y réfléchissant bien, c’est un nom bien étrange : ‘Jonathan’ sonne très western, et ‘Kusuma’ est un nom asiatique, du coup ça donne une combinaison des deux. C’est quelque chose que je veux aussi intégrer dans ma musique… et que je veux montrer. J’ai le sentiment que tous mes projets — que ce soit avec mon groupe, en solo ou en tant que DJ — sont reliés. À l’origine, je vois la musique comme un outil d’expression personnelle, mais aujourd’hui je pense qu’elle peut l’être pour construire quelque chose de plus grand.
“À l’origine, je vois la musique comme un outil d’expression personnelle, mais aujourd’hui je pense qu’elle peut l’être pour construire quelque chose de plus grand.”
C’est ta première signature sur I’m a Cliché et un premier pas sur la scène électronique française. Qu’est-ce que ça te fait ? Que penses-tu de cette scène ?
C’est génial ! Je suis très content et honoré d’avoir été contacté par Cosmo Vitelli pour soumettre une demo. Au début, ça a été difficile de chercher ce qui pourrait aller avec le label tout en y incluant ma propre personnalité. Ils ont été très honnêtes dans leurs retours, ce que j’ai beaucoup apprécié. Je ne suis jamais allé en France, mais de ce que je sais, je pense que la scène française est vraiment forte, dans le sens où il y a une grande diversité d’artistes et tout le monde est bon dans ce qu’il fait, de l’underground au mainstream. J’espère que Gong 3000 soit une bonne entrée en matière.
Jonathan Kusuma – Gong 3000 (official video)
Explique-moi un peu cet EP Gong 3000 justement… Aussi, connais-tu ton remixeur Karamika ? Que penses-tu de son travail sur ton track ?
J’ai tiré le nom de l’EP de l’instrument traditionnel indonésien, le gong. J’ai toujours été intéressé par les instruments de musique traditionnels indonésiens tout comme sa philosophie, que j’essaie d’incorporer à ma musique dès que je le peux. En général, dans la composition musicale indonésienne, le son du gong s’entend au début et à la fin d’une chanson. J’ai essayé de synthétiser son son avec un synthé modulaire pour le faire sonner différemment. J’ai ensuite ajouté “3000” au titre pour souligner le côté moderne, et montrer une version évoluée du gong traditionnel. Concernant Karamika, je ne les connaissais pas avant ce travail, mais je connaissais George Thompson en tant que Black Merlin. J’adore la façon dont ils ont approché mon track, parce qu’ils ont amplifié les sons des percussions qu’on entend pas — ce son de membranes qui frottent contre ma main — et en ont fait un point central. Ils l’ont aussi simplifié et rendu plus sombre… J’adore les détails !
Tracklist de “Gong 3000” de Jonathan Kusuma [I’m a Cliché]
Parle-moi de la scène électronique indonésienne ! Ses artistes, sa vie nocturne, son public, sa situation politique…
Nous venons d’élire un nouveau président donc il y a un grand sentiment d’espoir parmi les Indonésiens en ce moment. À Jakarta, d’où je viens, il y a plus de DJs que d’artistes de musique électronique. Les DJs tout comme les soirées d’ici sont ce qui inspire ma musique. Jakarta en elle-même m’inspire également. C’est une ville incroyablement dure, mais quelque part cette pression constante me remplit de créativité. Avoir des gigs dans lesquels je peux jouer la musique qui me passionne, c’est quelque chose de difficile ici encore, vu que la vie nocturne est dominée par la musique mainstream. Puis le public ne tolère pas toujours les choses plus sombres, compliquées ou différents modèles de DJ sets, et ça se voit sur le dancefloor. Mais on y arrive ! Quant aux artistes électroniques, certains d’entre eux sont des amis que j’admire et respecte, comme A Fine Tuning Creation, Svarghi, I Wayan Sadre, Midnight Savari, Senyawa, C.M.M, Kimo, KOMODO, et plein d’autres encore…
“À Jakarta, il y a plus de DJs que d’artistes de musique électronique.”
C’est quoi la suite pour toi ?
Encore plus de releases ! Je bosse sur un album, et j’espère pouvoir partir en tournée ! Sur le long terme, j’aimerais embellir la scène de Jakarta en continuant à produire ma propre musique tout en travaillant avec d’autres personnes talentueuses d’ici.
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Cliché 58 : Jonathan Kusuma – Gong 3000 EP (November 17th : Vinyl / December 1st : Digital) Obtenir l’EP sur : Retrouvez Jonathan Kusuma sur :ENGLISH VERSION
You have and had many artistic projects (graphic designer, label manager, band member, online vinyl store manager…) all along your life. I guess you’ve got a singular relationship with Art, haven’t you ?
At first it was unintentional and unplanned. Back then, I set up the record label (Space.Rec) with my friends Pattra and Aryo to simply release the music we were making as Space System, as well as other talented artists from Jakarta. With my background in graphic design, it was just natural that I would do the artwork and design (such as CD and vinyl sleeve) for the artists we release on the label. Graphics and art are something that I’ve always enjoyed making. But yes, as a whole, I was always doing creative things, primarily music, but also a lot of other things that are related to it, including art.
Between all your projects, what Jonathan Kusuma represents ? Artistically speaking, what do you want to do, to show, to create with this alias ?
Jonathan Kusuma became an alias because actually it’s my full name that I rarely use ! My friends here call me Ojon. I didn’t plan to use this name but it felt right, since I’ve also used it for my previous releases. But thinking about it now, it’s a strange name because ‘Jonathan’ sounds very western and ‘Kusuma’ is an Asian name, so you can say it’s a combination of both. This is something I want to achieve with my music too… and also it is something that I want to show. I feel that all the projects I do — whether in my band, as a solo artist, or a DJ — are all related. Initially I see music as a tool to express myself, but now I think it can also be a tool to build something bigger.
Initially I see music as a tool to express myself, but now I think it can also be a tool to build something bigger.
First signature on I’m a Cliché. What does it feel ? What are your thoughts about France and the french electronic scene ? Is that EP a first step in it ?
Feels great ! I’m glad and honoured that Cosmo Vitelli contacted me to submit a demo. At first I found it difficult to figure out what would be suitable for the label while still bringing my own character into it. They were really honest in giving feedback, which I appreciate. I’ve never actually been to France but based on what I know, I think the French scene is really strong, in the sense that there are a lot of variety and everyone is great in what they’re doing, from the underground to the mainstream. Hopefully Gong 3000 is a first step in.
Tell me about this « Gong 3000 » EP… What did you want to do, to show, to create ? Do you know Karamika ? What do you think of his work on your track ?
I got the name from an Indonesian traditional instrument, called the gong. I’ve always been interested in the sounds of traditional Indonesian musical instruments as well as its philosophy, and I try to incorporate it in my music whenever I can. In Indonesian musical composition the sound of the gong is usually found at the beginning and the end of a song. I tried to synthesize the gong with modular synth to make it sound different. I added « 3000 » to make the title of the song appear like it’s an updated version of the traditional gong. I didn’t actually know about Karamika before, though I knew of George Thompson as Black Merlin. I really like their approach to my track, because they amplify the unheard sounds of the percussion, its membranes rubbing against my hand, and turned that sound into the focal point. Also they made it simpler and darker… Love the details !
In Jakarta, where I’m from, there are more DJs than electronic music artists
Tell me all about the electronic Indonesian scene ! Its artists, its nightlife, its public, the actual political situation…
We just elected a new president so there’s a great sense of hope among Indonesians at the moment. In Jakarta, where I’m from, there are more DJs than electronic music artists. The DJs as well as parties here are what inspire my music. I also get inspired by Jakarta itself. It’s an incredibly tough city, but somehow the constant pressure seems to fuel me creatively. Getting venues where I can play the music I’m passionate about is difficult, as the nightlife is dominated by mainstream music. Also the public here isn’t always very accepting when it comes to dark, complicated, or different kind of template of DJ sets, and you can see that on the dancefloor. But we are getting there ! As for local electronic music artists, some of them are my friends that I admire and respect, such as A Fine Tuning Creation, Svarghi, I Wayan Sadre, Midnight Savari, Senyawa, C.M.M, Kimo, KOMODO, and so many more.
What’s next for you ?
More and more releases ! I’m working on an album, and hopefully be able to tour ! In the bigger picture I want to build an even better scene in Jakarta by continuing making my own music as well as working with other talented people out there.