European Lab : l’autre festival de Nuits sonores

Écrit par Théodore Hervieux
Photo de couverture : ©DR
Le 22.04.2016, à 18h58
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Écrit par Théodore Hervieux
Photo de couverture : ©DR
Soutenu, entre autres, par l’Union européenne, l’European Lab organise chaque année des espaces de réflexion sur l’avenir de la culture en Europe, à travers conférences, débats et autres animations.Entre une conférence sur l’émergence d’un nouvel underground des mondes arabes, une théorie futuriste sur ce que sera l’intelligence artificielle dans 20 ans, ou un talk-show sur la protection des lanceurs d’alertes, cette sixième édition – qui se tiendra du 4 au 6 mai au musée des Confluences à Lyon – s’annonce d’ores et déjà passionnante.


L’European Lab, espace de réflexion sur le devenir de la culture en Europe, est l’un de ces projets que l’on aimerait voir plus souvent. Forum ouvert depuis 2011 aussi bien au grand public, aux étudiants intéressés par les enjeux culturels, qu’aux “acteurs et porteurs de projets de la communauté créative, culturelle et numérique”, l’European Lab propose chaque année, autour d’un nouveau thème, une multitude d’interventions et d’animations chargées d’inciter tous les participants à penser ensemble – entre autres – les cultures numériques de demain.


L’European Lab Winter Forum, petit frère parisien de l’European Lab de Lyon, s’est tenu pour la première fois du 15 au 17 décembre dernier à Paris.

Une programmation extrêmement riche axée sur les cultures numériques

Parmi les réjouissances au programme, certaines concernent les cultures électroniques et underground. Hind Meddeb, réalisatrice franco-tunisienne, présentera son film sur “l’électro-chaâbi, une nouvelle musique qui mélange chanson populaire, beats électro et freestyles scandés à la manière du rap”. En outre, elle décryptera aux côtés d’autres le rôle d’une nouvelle génération de femmes artistes qui, depuis les soulèvements de 2011, occupent une place particulière dans ce qui est souvent qualifié de “nouvel underground du monde arabe”.

Electro Chaabi
Figure d’un nouvel underground pour certains, déjà mainstream pour d’autres, l’electro-chaâbi symbolise les mouvements populaires des printemps arabes. (© DR)

Notre homophone Tracks, l’incontournable émission d’Arte, prendra possession du plateau de la Gaîté Lyrique pour des émissions inédites à l’antenne de Radio Lab. Des intervenants prendront par exemple le micro afin de donner aux auditeurs quelques clés pour mieux comprendre et appréhender l’intelligence artificielle, à travers les théories du futurologue Ray Kurzweil, qui selon lui “atteindra celle de l’homme d’ici vingt ans” ; On parlera d’internet ou comment le chercheur suédois Christopher Kullenberg a réussi, grâce à de vieux modems low-tech, à aider les Egyptiens en 2011 à contourner la censure et transmettre au monde entier des images de la révolte ; Le collectif russe Pussy Riot enfin, bête noire de Vladimir Poutine, sera l’invité d’un talk-show consacré aux lanceurs d’alertes, dont l’histoire de Daniel Ellsberg, l’homme qui a déchu le Président Nixon grâce à ses révélations sur les atrocités commises au Viêt Nam, sera la caisse de résonance.

De son côté, le chercheur américain Evgeny Morozov invitera les participants à réfléchir à la nécessité “d’une politique mondiale des Big Data”, les exhortant de ne pas abandonner cette problématique aux seules multinationales de la Silicon Valley. On en vient presque à regretter l’absence d’une conférence sur l’Open Data, autre enjeu de notre siècle et mouvement militant pour un accès gratuit, illimité et pérenne aux données de la recherche dans les universités, cherchant à court-circuiter la chape de plomb imposée par des éditeurs multimilliardaires et peu scrupuleux. Si la problématique vous intéresse, vous pouvez retrouver un de mes articles sur le sujet ici.

European Lab
Une table ronde en compagnie de l’auteur Kieron Gillen, lors de l’European Lab Winter Forum à Paris. (© DR)

Arty Farty, une association au cœur du dispositif

Arty Farty est décidément une association ambitieuse. À l’initiative depuis 2003 de l’incontournable festival des Nuits sonores à Lyon (qui, pour sa 14e édition, attend plus de 130.000 spectateurs et convie près de 250 artistes du monde entier à s’exprimer sur une cinquantaine de sites de la ville), cette organisation engagée et militante multiplie les projets tous azimuts. Loin de rester spécialiste des musiques électroniques, Arty Farty a depuis sa création largement élargi le champ des possibles en proposant de nombreux projets réflexifs sur le devenir de la culture.

Cette année encore, l’association lyonnaise tend une énième main à ses voisins européens à travers We Are Europe, sorte de laboratoire géant des cultures numériques co-fondé en partenariat avec sept autres grands festivals européens, et dont Vincent Carry s’en était fait l’écho dans une tribune publiée dans notre magazine #191 (que vous pouvez également consulter sur notre site). Les rassemblements c/o Pop Convention et Elevate – Discourse & Activism, sortes d’équivalents de l’European Lab annexés aux festivals du même nom en Allemagne et en Autriche, seront les invités de cette édition pour présenter We Are Europe.

Toute la programmation est à retrouver ici

We Are Europe

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