« Père » et « mère » qui ne font qu’un, « femme » et « homme » regroupés en un seul mot, « il » et « elle » qui s’entremêlent. Telle est la proposition du jeune Tristan Bartolini qui s’est vu attribuer le prix Art Humanité de la Croix Rouge le 15 octobre dernier pour son travail sur l’écriture épicène, à savoir l’inclusivité des genres dans l’alphabet.
En s’inspirant de la lettre œ, l’étudiant en communication visuelle a créé une quarantaine de nouveaux caractères non genrés donnant naissance à une écriture inclusive où les mots se fondent élégamment les uns dans les autres. C’est peut-être le début d’une révolution typographique. « L’idée m’est tombée du ciel », raconte Tristan à la Tribune de Genève. « Il y avait beaucoup de débats autour de l’écriture épicène. Elle devenait de plus en plus fréquente dans les documents administratifs, les publicités. Je me suis dit que ce n’était pas qu’une affaire de linguistes, que l’on pouvait amener des solutions graphiques ».
« J’aimerais que ce projet ne soit qu’un début », explique l’étudiant genevois. « Ce système de caractères peut s’adapter à d’autres polices d’écriture. Dès lors, ce serait bien que des typographes intègrent mes signes dans leurs propres créations. J’ai simplement créé un outil de communication. D’autres pourraient l’utiliser pour faire passer un message ».
Notons que si ce prix attribué à Tristan Bartolini attire l’attention sur les typographies inclusives, l’étudiant n’est pas le premier à avoir travaillé sur la question. Roxanne Maillot ou Clara Pacotte s’intéressent par exemple à ces thématiques depuis déjà quelques temps et on peut également remarquer que les polices VG500 de Justin Bihan et Cirrus Cumulus de Clara Sambot proposent des caractères typographiques inclusifs et non-binaires. Depuis 2018, la collective franco-belge Bye Bye Binary imagine et expérimente elle aussi de nouvelles formes de langage et d’écriture inclusives, queer et non-binaires.