En Suisse, la techno vient d’être inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Verein Street Parade / Zurich
Le 04.07.2017, à 16h50
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©Verein Street Parade / Zurich
Écrit par Lucien Rieul
Photo de couverture : ©Verein Street Parade / Zurich
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La Suisse n’est pas franchement le premier pays qui nous viendrait à l’esprit lorsqu’on pense « techno »… Et pourtant, cette dernière vient d’être ajoutée à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO par le canton de Zurich.

Le patrimoine immatériel, c’est ce grand bassin de rites, de traditions et de fêtes qui donne tout son sens au mot culture. Formalisé en 2003 par l’UNESCO pour sauvegarder ce qui ne se manifeste pas sous forme de bâtiments ou de lieux, il embrasse des pratiques aussi variées et improbables que le théâtre de marionnettes slovaque, les croyances polythéistes vietnamiennes, la culture de la bière en Belgique… Et, depuis juin dernier, la culture techno à Zurich.

En tant qu’état membre de l’UNESCO, la Suisse vient d’actualiser la liste de son patrimoine immatériel, en y ajoutant 35 propositions. Aux côtés du yodel, ce chant tyrolien que vous essayez en vain d’imiter sans paraître raciste, et du platzgen, un sport traditionnel qui consiste à lancer de grosses étoiles de plomb dans une cible de terre humide, les beats répétitifs et les colliers multicolores sont désormais considérés comme un patrimoine d’une « valeur exceptionnelle », contribuant à « la cohésion sociale, stimulant un sentiment d’identité […] qui aide les individus à se sentir partie d’une ou plusieurs communautés et de la société au sens large. » La classe.

À Zurich, c’est à la Street Parade que revient le mérite d’avoir insufflé au canton l’amour de la fête sur fond de grosses basses. Cette techno parade lancée en 1992 – six ans avant sa petite sœur française – défilera pour la 26e fois dans les rues de la plus grande ville de Suisse le 12 août prochain. Les 1 000 ravers de la première heure sont devenus 900 000, et le défilé comptait l’année dernière pas moins de 27 chars pour un final orchestré par Carl Cox. Le reste de l’année, c’est dans des clubs comme le Hive, le Zukunft ou le Supermarket que la nuit zurichoise bat la cadence.

« Le développement de la culture techno à Zurich avec la Street Parade et une scène club pleine de vitalité confère à la ville une dimension jeune, ouverte, hédoniste et internationale » se félicite dans les pages du quotidien Limmattaler Zeitung Walter Leimgruber, professeur de sciences de la culture à l’université de Bâle et membre du comité de pilotage en charge d’examiner les nouvelles additions au patrimoine immatériel de la Suisse. Parmi celles-ci, l’on retrouve d’ailleurs aussi (à l’échelle du pays cette fois, pas seulement celle du canton de Zurich) la culture du festival open air – rien d’étonnant, lorsque ses ambassadeurs se nomment Montreux Jazz Festival, Live At Sunset et Paléo.

À l’instar de l’Allemagne, qui reconnaissait récemment le club Berghain comme « haut lieu culturel », ou de Detroit, dont le maire célèbre depuis 2013 la Techno Week, Zurich vient de rendre la techno un peu plus official, contribuant à faire découvrir au plus grand nombre cette musique longtemps stigmatisée. Bienvenue au club.

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