“J’ai voulu faire un mix qui se concentre exclusivement sur l’afrohouse” explique Poirier. “La grande majorité des tracks sont d’Afrique du Sud car c’est vraiment là que se trouve la scène, d’où le nom “co.za” (nom de domaine Internet de l’Afrique du Sud, ndlr).”
“C’est une scène qui me fascine et j’adore le son qui en sort. J’en joue dans mes sets quand je décide d’aller vers un son plus deep et que la vibe s’y prête, notamment à mes soirées mensuelles Qualité de Luxe à Montréal qui est dédiée à l’afropop et au soca. Ce n’est pas nécessairement une facette que les gens connaissent de moi, et c’est pour ça que je l’ai fait.”
Et son dernier remix produit pour Gilles Peterson est fortement inspiré par l’afrohouse :
Tracklist
1. DJ Sbu – Lengoma feat. Zahara
2. DJ Fresca & Black Motion – Nanka Lamaphoyisa feat. Tuna
3. DJ Malvado – Ze Diwa (Afrobeat Mix)
4. Black Motion – Cheri
5. Uhuru – Shoota feat. Heavy K & Dicklas One
6. Afrikan Roots – Akulu Wo
7. Big Nuz – Umlilo feat. Tira
8. Shota – Abantu Bami
9. Thebe – Nomathemba
10. Uhuru – Mariano feat. Bono Africa & Ja Seed
11. Revolution & Black Motion – Noqatiko feat. Yasirah
12. Homeboyz Muzik – Africa Central Soul (Extended Mix)
13. DJ Killer, Nyekk and Lady B – Dansa
Retrouvez Poirier au festival Crossover à Nice le 9 août
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“Ce disque, tu l’écoutes ou pas, mais si tu l’écoutes, tu t’arrêtes pour l’écouter en entier.”
En 2014, tu revenais avec le deuxième album de Boundary, ton side project ambient. Ça te permet de te rafraîchir les idées ?
C’est une entité complètement différente, musicalement et esthétiquement, une autre proposition. On fait juste du live avec un batteur et un clavier, moi je suis chef d’orchestre avec mon ordinateur. J’ai fait le premier l’an passé et c’était le moment de faire le deuxième, encore plus deep dans cette personnalité.
Calmer le jeu, c’est une réaction à la vague EDM ?
Oui, il y a de ça. Je compare souvent l’EDM à l’arena rock. Et Boundary, c’est tout le contraire. C’est un album, c’est posé, ce n’est pas un truc que tu peux zapper. C’est une réaction surtout au mode de vie véhiculé par l’EDM. Ce disque, tu l’écoutes ou pas, mais si tu l’écoutes, tu t’arrêtes pour l’écouter en entier.
C’est presque bizarre aujourd’hui de sortir un album.
Aujourd’hui, culturellement, on te propose trop de choses. C’est impossible d’avoir le temps de tout faire. Quand j’écoute un autre artiste, ce que je veux entendre, c’est un point de vue, une personnalité. Je préfère un disque contenant deux coups de génie et 10 chansons moins bonnes qu’un disque moyen tout le long. On est trop bombardés, on doit faire tout le temps des choix. C’est comme dans les restaurants. Quand tu commandes un sandwich, le mec te demande quel type de viande tu veux, quel type de pain, quel type de fromage etc. Mais est-ce qu’il n’y a pas un sandwich que tu es capable de faire qui est vraiment bon ? J’aime les restaurants où dans le menu, tu as 5 choix. Ça veut dire que les 5 sont bons. Boundary, c’est pareil. En plus sur le Net, on voit que les gens cherchent des mix et des playlists, ça veut dire qu’ils ne veulent pas changer de morceau toutes les cinq minutes.
Tu écoutes ce genre de musique depuis longtemps ?
Oui, j’ai écouté du Steve Reich, du Aphex Twin, du Brian Eno, des vieux Plastikman. Mais quand j’ai fait l’album, je ne me suis pas replongé dedans tout de suite. Je me suis plutôt nourri des souvenirs et des sensations que j’avais en écoutant ces disques. Je les ai tellement écoutés que je connais l’impression générale, même si je ne pourrais pas reproduire note par note. Mais les émotions, oui. J’ai préféré le faire selon mon propre parcours. C’est un disque où tu perds un peu la notion de temps. On l’écoutait en travaillant avec mon graphiste, et il me disait qu’il était court, alors qu’il fait 47 minutes. C’est un disque qui fait que le temps passe vite.
Tu pourrais faire un slogan : “Perdez votre temps avec Boundary.”
Oui, de toute façon, la musique, c’est organiser du bruit dans le temps. Et les silences font aussi partie de la musique. La notion de silence est d’ailleurs en train de disparaître. Le silence, ça veut dire qu’on réfléchit. Avant de liker un article, demande-toi si tu l’as lu complètement. Trop souvent, sur le Net, les gens lisent seulement le titre, ils ne lisent pas le reste. À ce propos, la radio publique aux USA a fait un presque poisson d’avril l’an passé. Ils ont titré un article “Les Américains ne lisent pas assez”. Et tout de suite après, dans le chapô, ils disent que c’est un poisson d’avril. Il y a eu plein de commentaires disant “Non, ce n’est pas vrai” et un débat qui s’est organisé juste à propos du titre. Les gens n’avaient même pas lu le chapô…