The Prodigy, trois compères qui ont façonné la culture rave britannique. Chacun de leur album a d’ailleurs terminé numéro 1 des charts britanniques. Et 24 ans après leur premier album Experience, leur musique dégage sur No Tourists, leur septième long format, toujours autant la même énergie. Cette fureur avec laquelle les “Voodoo People” ou “Mindfields” enflammèrent tant de raves, de dancefloors, rejaillit aujourd’hui peut-être plus encore qu’à leur débuts. Le secret d’une telle vitalité ? Laisser l’inspiration venir naturellement, en se fiant au lien impérissable qu’entretiennent Maxim Reality, Liam Howlett et Keith Flint. « On a traversé beaucoup de choses ensemble, ça nous a soudés comme des frères », déclarent-ils dans l’interview donnée à Trax pour son numéro de novembre (numéro 216, disponible ici). Et évacuer les studios des majors pour revenir à la base : le do-it-yourself, de l’écriture au mixage.
Sur No Tourists, les trois amis sont revenus à leurs premiers émois. Fini les gros studios, adieu les interminables sessions d’enregistrement. « Je me suis dit, OK, je vais simplement le faire moi-même. J’ai fait “Firestarter” et “Smack My Bitch Up” tout seul dans mon home studio. L’idée était donc de revenir à cela », évoque Liam Howlett. Cette spontanéité jaillit immédiatement de l’album. Du plus lent “Light Up The Sky” à l’effréné “Champions of London”, la batterie est lourde, simple, sans être simpliste. Il en va de même pour les mélodies, les riffs et cris saturés : c’est punk sans être brouillon, c’est fluide sans être convenu. « Nous ne sommes pas à la recherche du plus avant-gardiste, parce que demain, ce ne sera déjà plus aussi pointu. L’idée est surtout de faire un album qui marche sur scène ».
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Avec l’expérience d’un aïeul, l’insouciance d’un enfant, et surtout l’amour inconditionnel de la scène, les trois cinquantenaires peuvent encore lancer un “Boom Boom Tap” à la rythmique drum’n’bass dévastatrice, qu’on imagine davantage jouée par un batteur ruisselant qu’émanant d’une machine. Les hymnes hardcore et le synthé acid de “Resonate”, malgré leur design impeccable, ne donnent pourtant pas l’impression d’avoir été longuement lissés sur ordinateur. Ils sont le fruit d’une bande de hooligans sonores qui n’est pas prête de s’arrêter, en témoigne le morceau “We Live Forever”. Alors quand on évoque une possible fin du groupe, ils répondent presque en chœur : « Rien n’est prévu à l’avance. On ne se pose pas la question de la fin, seulement de jouer de nouveaux morceaux ».
No Tourists est sorti ce 2 novembre sur Take Me To The Hospital.