Le duo parisien Scratch Massive faisait ses dents au Pulp au début des années 2000, en pleine révolution du dancefloor. Depuis, Maud Geffray et Sébastien Chenut ont bien grandi : une flopée d’albums gambergeant entre electro-rock et techno, des productions musicales pour films et séries (Broken English, Junior), une couverture de Trax en 2008… sans oublier un détour en solo pour Sebastien Chenut (Motor of Love, paru sur bORDEL en 2017), ainsi que pour Maud Geffray. Les revoici pour souffler sur l’automne leurs enveloppantes vapeurs électroniques avec un quatrième album, Garden of Love. Comme un écho au poème éponyme de William Blake, l’album instaure une atmosphère délicieusement mélancolique.
Si Last Dance ouvre l‘album avec les chants de sirènes d‘une Maud envoûtante sur beats électro-pop, parfois c’est aussi Sébastien qui susurre sur basses percutantes des mots désordonnés, qui parlent aux sens à défaut d’en avoir. L’album oscille entre nappes sombres et envolées enivrantes dans un déséquilibre à l’orée de l’inconfortable. Des échos new-age synthétiques presque trance sur “Numéro 6” à l’unique et déroutant “Chute Libre” (qui n’est cependant pas sans rappeler un certain Clark sur Warp Records), lorsqu’arrive le très dance music Mono Arch, une vague d’espoir s’empare du tympan. Puis le morceau est englouti par des remous obscurs et puissants : c’est peut-être ce qui résume le mieux l’album et ses antagonismes mélodieux. C’est l’automne dans le jardin de l’amour, il y a des sépultures entre les fleurs, et on a tout de même bien envie d’y rester.