“Je suis comme dans la cabine de pilotage d’un vaisseau spatial.”
Tu as mis dix ans à faire ton premier album, paru en 2015. Celui-là arrive un an après. Est-ce que finalement la parution du premier a eu un côté libérateur ?
La sortie de ce premier album m’a mis en confiance. Surtout qu’il a été très bien accueilli. Ça fait du bien. En fait, ces deux albums, je les ai fait quasiment en même temps, en tout cas dans la continuité. Je travaillais sur ce deuxième album en sous-terrain. Cela fait toujours un peu peur de faire un album. Les maxis, tu as une marge de manœuvre. Ils ont une durée de vie plus courte. Alors qu’un album va rester dans le temps : tu as envie de le faire bien.
Quelle la différence de couleur musicale entre tes projets Maxime Dangles et DNGLS ?
Cette différence n’est pas encore très marquée. Mais j’ai pris justement ces deux identités pour développer deux projets. La musique sous Maxime Dangles sera techno, mais plus ouverte, avec notamment des morceaux electronica. L’étiquette DNGLS a un côté plus dur, plus techno, mais aussi très mélancolique. C’est un projet qui s’inspire beaucoup des images, des films, des musiques de films. Avec des nappes de synthé, des émotions et de la profondeur dans les mélodies où je mets pas mal de réverb. Pour les deux projets, ce n’est pas non plus la même manière de travailler en studio. Quand j’ai eu ce projet d’album avec Anemone Recordings, le label voulait que je prenne un pseudo. Cela m’a poussé à lancer ce projet DNGLS, et c’est parfait d’avoir deux identités pour deux couleurs musicales distinctes.
Quelles sont alors ces différences de production en studio ?
Pour Maxime Dangles, je joue les notes sur mes synthés. Alors que pour DNGLS, je me mets devant mon gros synthé modulaire, que j’ai entièrement construit, et je me laisse porter. Je suis comme dans la cabine de pilotage d’un vaisseau spatial. D’ailleurs, le titre « Hooly », qui était sur mon EP sorti l’été dernier, a été enregistré en une seule fois, quasiment en live, et sans aucun arrangement. Avant, j’avais quatre ou cinq modules et j’ai tout réuni dans un seul et très gros boîtier. J’ai dû créer des nouvelles connexions et cela m’a permis de nouvelles possibilités sonores. Donc, la construction de ce meuble a influencé ma musique.
“La musique sous Maxime Dangles sera techno, mais plus ouverte, avec notamment des morceaux electronica. L’étiquette DNGLS a un côté plus dur, plus techno, mais aussi très mélancolique.”
Peux-tu nous en dire plus sur Anemone Recordings ?
C’est un label underground basé en Espagne. Il a été monté par Sian, un DJ/producteur irlandais installé là-bas. Sian a aussi le label Octopus. C’est un mec qui assure et qui a un très beau réseau. Résultat, j’ai déjà eu pour remixeurs des pointures comme Xhin ou Len Faki.
Artwork de Lukarne
Derrière chaque titre de ton album Lukarne se cache une signification. Peux-tu expliquer le concept ?
En fait, chaque titre a un rapport avec un film ou une série. Et celui qui arrive à trouver tous les liens, je lui offre mon album ! Quand je pars faire une date, je prends souvent le train et j’en profite pour regarder des films ou des séries. Cela m’a inspiré tous les titres. La musique sur des images a toujours été importante pour moi. Que ce soit quelques sons électroniques dans le générique d’Inspecteur Gadget ou des bandes-sons entières avec des synthés comme celles d’Inception ou d’Avatar. J’aime aussi tous les petits sons que Tarantino met dans ses films. Cela peut être juste le bruit d’un vinyle qui craque sur une platine. Mais c’est tellement important dans la perception de l’image.
“Chaque titre a un rapport avec un film ou une série. Et celui qui arrive à trouver tous les liens, je lui offre mon album !”
Est-ce que tu aimerais travailler pour le cinéma ?
Ça me brancherait. Evidemment. Je fais déjà des musiques pour des films courts d’entreprises ou d’institutions. C’est un pote qui réalise les vidéos et il veut une musique électronique avec des sons d’ambiances, des nappes. La musique n’est pas l’élément principal de ces films. Elle accompagne l’image. J’ai déjà fait comme ça une vingtaine de musiques d’illustration. Travailler pour le cinéma évidemment, ça me plairait beaucoup. La musique représente la moitié du plaisir que j’ai à regarder un film. J’ai la chance d’aller régulièrement au cinéma avec ma grand-mère. Nous allons voir plein de films ensemble.
C’est cette même grand-mère qui t’avait emmené voir Jean-Michel Jarre en concert quand tu avais quatorze ans ?
Oui, exactement ! Ma mère écoutait beaucoup Jean-Michel Jarre. Et ma grand-mère m’a emmené le voir au concert de 1998 à Paris. Jarre, je l’ai tellement eu dans les oreilles quand j’étais gamin !
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Retrouvez DNGLS le 17 juin au Rex Club, Paris et le 2 juillet à Astropolis, Manoir de Keroual, Bretagne.