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Selon vous, y a-t-il une différence entre officier un label en région et dans une capitale ? Quel est le principal inconvénient/avantage ?
Global Warming : Au niveau gestion du label, je pense qu’il n’y a pas de différences majeures : c’est sur l’aspect promo que ça peut s’avérer plus difficile. Pour qu’un label monte plus rapidement, il a besoin d’être soutenu localement par des médias et des programmateurs, et c’est parfois ce dont certaines villes manquent, surtout dans des créneaux musicaux très ciblés et pointus. Mais c’est aussi une force plus qu’un inconvénient. Ça force à devenir acteur plutôt que spectateur.
Eumolpe : C’est parfois aussi intéressant d’être en région, car il est plus simple de trouver un soutien de la part des collectivités locales (mairie, département, région) et de fédérer un public au plus proche des artistes.
“C’est parfois aussi intéressant d’être en région, car il est plus simple de trouver un soutien de la part des collectivités locales.” – Eumolpe
CLFT : La principale différence entre Paris et le reste du pays, c’est sûrement la proximité des médias. La majorité des chroniqueurs, des magazines, et des différents blogs français opèrent encore depuis la capitale. Assez logiquement, ils se nourrissent essentiellement de ce qu’il se passe sous leurs yeux.
L’inconvénient découle surtout de la concentration de population, et de la concentration de labels au mètre carré. Paris sature, la concurrence y est rude, l’individualisme omniprésent. Il semble parfois difficile de sortir du lot, de se faire connaitre sur place, de ne pas se retrouver noyé dans la masse. C’est un système à l’ancienne, encore beaucoup basé sur le relationnel. Si tu ne connais personne à Paris, tu n’es personne, tu existes à peine. Paris n’est pas une ville simple, le train-train quotidien n’y est pas de tout repos, le coût de la vie s’élève bien au-dessus de la moyenne hexagonale… Gérer un label indépendant demande pourtant de pouvoir lui accorder un maximum de temps et engendre de nombreuses dépenses.
“La principale différence entre Paris et le reste du pays, c’est surement la proximité des médias. […] Ils se nourrissent essentiellement de ce qu’il se passe sous leurs yeux.” – CLFT
Fragil : Absolument aucune différence à mon sens.
Midi Deux : Peu importe qui tu es et d’où tu viens, à partir du moment où tu restes sincère et que tu sais pourquoi tu crées ton propre label.
“Peu importe qui tu es et d’où tu viens, à partir du moment où tu restes sincère et que tu sais pourquoi tu crées ton propre label.” – Midi Deux
Internet est-il la solution à tous les problèmes ?
Midi Deux : Internet permet effectivement de faire la promotion de ce que tu crées, de l’esprit que tu associes à tes créations et cela peut accélérer la notoriété de ton label. Je pense que ce qui peut encore plus propulser tout ça réside dans les contacts que tu as, le relais que tu peux avoir plus ou moins facilement, d’un Ben Klock qui joue l’un de tes morceaux à une chronique sur Resident Advisor par exemple. Le mieux reste tout de même de produire quelque chose de qualité, dont tu es fier, et que ça touche suffisamment de personnes pour te rembourser ou gagner ta vie, tout dépend de l’ambition que tu as.
Eumolpe : En effet, ça permet de rentrer en contact facilement avec ses homonymes en France et dans le monde. Je trouve que c’est surtout intéressant pour les connexions à l’étranger. Après, rien ne remplace la rencontre physique autour d’un verre !
“Internet c’est la révolution, mais le bouche à oreille d’une fanbase solide qui vient passer ses week-ends à danser sur nos disques, ça reste la com’ la plus cool du monde.” – Global Warming
Global Warming : La promo passe maintenant en grande majorité par le net, mais je pense que c’est important d’avoir un peu plus qu’une simple vitrine et de faire aussi vivre une communauté localement, en organisant des soirées où faire jouer ses artistes tout au long de l’année, et en invitant d’autres artistes de sa scène à venir jouer dans nos clubs… Internet c’est la révolution, mais le bouche à oreille d’une fanbase solide qui vient passer ses week-ends à danser sur nos disques, ça reste la com’ la plus cool du monde.
Ritual Process : Bien qu’Internet permette de réduire la différence d’exposition qui existe entre une capitale et la province, ça reste un outil limité. Il offre évidemment la possibilité de mettre en avant l’actualité du label, de communiquer avec les personnes intéressées, mais la rencontre physique doit intervenir à un moment donné, quel que soit le type d’événement organisé.
Comment être visible ? Cela serait-il différent si le label était basé dans une capitale ? En quoi ?
Midi Deux : Pour rester dans la continuité de la réponse précédente, il faut finalement se donner les moyens de ses ambitions. Tu peux démarcher des tonnes d’artistes, de labels et finalement tout faire pour que les webzines, DJ’s et autres relaient tes sorties. Tu peux aller plus loin et payer pour plus de visibilité sur Facebook par exemple. Et cela, peu importe si tu viens de Paris, de Rennes ou de Lamballe. Pour la distribution, tu peux même faire livrer tes vinyles dans un shop à Paris par exemple. Encore une fois, les contacts peuvent largement faciliter tout ça.
Global Warming : C’est là qu’il faut savoir être le plus créatif pour se forger une identité tout en fédérant un public, surtout quand on soutient une niche musicale spé plutôt qu’un grand courant. Ça passe par monter des soirées dans des lieux atypiques, continuer à faire du street marketing en plus de la promo Facebook, savoir se faire remarquer et rencontrer un maximum de gens pour les pousser à découvrir le projet…
Alpage : Être visible par notre singularité. Chez Alpage, on fait des erreurs, mais on a vraiment envie d’apprendre et les partenariats nous font confiance. Ce serait pareil si on était dans une capitale. L’endroit où nous exerçons notre activité ne changerait pas notre philosophie. Nous organisons des soirées pour promouvoir le label, nous envoyons des communiqués de presse et des newsletters, toutes nos sorties sont sur les plateformes numériques et nous avons un distributeur physique. Bref, nous avons notre image et essayons de l’étendre. Peut-être que si nous étions dans une capitale, nous aurions plus de visibilité grâce aux médias et à une plus grosse fanbase, mais vu le nombre de labels qu’il y a déjà, ce serait tout aussi difficile.
“L’endroit où nous exerçons notre activité ne changerait pas notre philosophie” – Alpage
Ritual Process : Aujourd’hui, il existe de multiples solutions pour être visible, cela peut passer par l’organisation de release party, de workshop ou par des articles dans la presse spécialisée. Généralement, ce type d’événement a davantage lieu dans une capitale où il est justement plus facile de rentrer en contact avec les professionnels du milieu, ou bien de créer des liens avec les autres labels.
CLFT : Évidemment, cela serait différent. Déjà, un label de province ne peut rester passif, se morfondre dans l’attente. Pour obtenir un minimum de visibilité, il doit se battre, se débrouiller comme il le peut avec ses propres moyens, être provocateur. S’il ne se bouge pas, alors il restera un label local, anecdotique, cantonné à s’occuper des warm-ups des événements qu’il organise lui-même. C’est du côté du DIY, du “fais-le-toi-même”, que se trouve d’abord la réponse à cette question.
Que répondriez-vous à ce “on dit” sur le public en région qui serait musicalement moins “connaisseur” ?
Eumolpe : Tout dépend des régions et du style de musique. À Paris, on a en effet la chance d’avoir accès à un vivier d’événements de nouveaux artistes et de têtes d’affiche que l’on a moins en province. Après, on se rend compte aussi que des scènes sont beaucoup plus représentées en région que sur la capitale, et parfois des programmations plus pointues ont lieu en région car les risques financiers sont moins importants et le public moins demandeur de grosses têtes d’affiche.
Global Warming : Ça dépend des styles musicaux et des villes dont on parle… Le public peut se faire l’oreille s’il a des concerts et soirées pointues où découvrir de la bonne musique les week-ends. Je pense que chaque ville a une vraie identité musicale en fonction des goûts des programmateurs de ses bars, clubs et festivals. Du coup, certaines ont une vraie culture rock, mais pas du tout house ; d’autres une scène techno hyperactive, mais rien pour les amateurs de disco… C’est très irrégulier. À ce niveau-là, c’est sûr que Paris a la chance d’avoir des lieux pour représenter toutes ces scènes (bien qu’elles ne trouvent pas toujours leur public !), ce qui est encore rarement le cas en région.
“Aujourd’hui, dans certaines villes de province, l’offre en matière de musique électronique est aussi importante qu’à Paris.” – Ritual Process
Ritual Process : Il existe une ouverture évidente dans les capitales de par le brassage de population, la multiplicité des événements culturels, l’attrait des artistes et labels pour celles-ci. Mais, comme évoqué précédemment, Internet permet de réduire cet écart et aujourd’hui, dans certaines villes de province, l’offre en matière de musique électronique est aussi importante qu’à Paris.
Côté événementiel, la capitale est-elle un passage obligatoire ?
Midi Deux : Non, c’est une opportunité de toucher plus de personnes, de partager son univers dans de nouveaux clubs, des lieux qui ont parfois une histoire importante comme le Rex. Mais vous l’aurez compris, on n’est pas “région versus capitale”, chaque lieu est une nouvelle expérience. On peut aussi créer une histoire avec une série de soirées dans un club en particulier, comme on l’a fait à Rennes avec l’Antipode.
“Pour certaines niches de son, il manque peut-être un public à certains artistes en province.” – Fragil
Eumolpe : Oui clairement, les dates parisiennes sont des rendez-vous indispensables à la carrière d’un artiste, qui permettent d’inviter beaucoup de professionnels et de prouver le niveau de notoriété auquel se situe le projet.
Fragil : Pour certaines niches de son, il manque peut-être un public à certains artistes en province. J’imagine que cela doit aussi dépendre de la ville concernée.