Diggers Factory : une nouvelle plateforme participative du pressage de vinyles

Écrit par Théodore Hervieux
Le 14.04.2016, à 17h32
03 MIN LI-
RE
Écrit par Théodore Hervieux
Diggers Factory, une nouvelle plateforme en ligne lancée en début d’année, cherche à aider un artiste dans la réalisation de ses vinyles, en lui offrant le contrôle de toute la chaîne de production. Sorte de mélange entre un site de crowdfunding et un réseau social du digging, Diggers Factory remplit par ailleurs une fonction de thermomètre, permettant de surveiller la température du marché du disque microsillon. Rencontre avec Alexis Castiel, à l’initiative du projet.


Diggers Factory, c’est une multitude de choses à la fois. Un intermédiaire d’abord, situé au carrefour du circuit traditionnel de la conception de vinyle. Un réseau social aussi, faisant le lien entre producteurs, consommateurs, labels, distributeurs et fabricants de vinyles. Un facilitateur du marché musical, en somme, résolument du côté des artistes, imaginant le futur de toute la chaîne de production, du producteur à l’acheteur.

Mais de quoi parle-t-on, au juste ? Diggers Factory, une plateforme au croisement d’un site communautaire et d’un site de financement participatif, propose aux artistes de les accompagner dans la production ou la réédition de vinyles. “On ne cherche pas seulement à ce que les gens viennent, consomment, puis repartent”, explique Alexis, cofondateur de la startup parisienne, justifiant le côté “réseau social” du site. En plus d’aider les artistes, le projet cherche à les responsabiliser, leur évitant d’abandonner entièrement la conception de leurs vinyles à une maison de disques : “Nous leur offrons la possibilité de contrôler de A à Z toutes les étapes de production”, appuie Alexis.

     À lire également 
Grâce à Diggers Factory, PW.FM fait presser Record#1, le vinyle de ses meilleures diffusions

Pour un producteur, cela signifie que son projet d’EP – qui doit être présélectionné au préalable par l’équipe de Diggers Factory – sera soumis aux internautes qui pourront le précommander. L’auteur fixe lui-même le palier à atteindre avant que la production ne démarre. “Une fois parvenu à l’objectif et l’argent récolté, il pourra sélectionner, en fonction de ses besoins, l’un ou l’autre des partenaires privilégiés que nous lui proposons, ou choisir de fonctionner avec d’autres dont il a déjà connaissance”, détaille le jeune entrepreneur.

En parallèle, un système de wishlist a été mis en place, permettant aux internautes d’imaginer et de proposer des projets de réédition auxquels tient la communauté de Diggers Factory, puis de voir si d’autres personnes y adhèrent. “Une fois le palier requis atteint, on notifie le label ou l’artiste concerné qu’une réédition de son EP intéresserait un grand nombre de fans”, précise Alexis. Ces opérations sans engagement pour les utilisateurs sont utiles pour les labels, qui prennent ainsi la température d’un marché sans bouger le petit doigt.

Diggers Factory
Quelques exemples de projets sur Diggers Factory (capture d’écran du site)

Alexis assure n’avoir pas peur des spéculateurs cherchant absolument à faire monter la cote de leurs vinyles, et qui pourraient ainsi mettre en péril une réédition attendue par de nombreux fans en n’accédant pas à leur requête. “La spéculation ne sert qu’à Discogs et aux artistes qui se veulent “hype”, ce qui représente moins de 5% du marché. C’est donc totalement marginal”, dégaine-t-il, avant d’ajouter, “d‘ailleurs, les labels eux-mêmes viennent nous voir. Quand la cote d’un vinyle est trop haute, ils sont tout à fait prêts à le rééditer mais ont simplement peur d’en faire trop ou pas assez. Ils n’ont pas les outils pour sonder le marché, ni l’argent pour se permettre de le rééditer cent par cent.”

Question financement, Diggers Factory touche une commission d’environ 10% sur tous les projets réalisés. Pas de quoi refroidir les producteurs, qui en temps normal, peuvent faire une croix sur la majorité des bénéfices générés par la vente de leur dernier EP, en raison d’intermédiaires souvent plus gourmands. Des partenariats “à la source”, mis en place avec les fabricants et les distributeurs, complètent le tableau des revenus. “Un gros partenariat vient d’ailleurs d’être mis en place avec Juno. Dès qu’un artiste propose un projet intéressant, Juno peut se rajouter à la liste des acheteurs, et proposer par exemple l’achat de plusieurs centaines d’exemplaires d’un coup. C’est un véritable coup de pouce pour le producteur, qui peut directement passer au palier de production supérieur sans rien faire”, se félicite Alexis. D’autres accords similaires existent déjà, comme avec le distributeur Topplers, spécialiste des musiques électroniques.

     À lire également
Arpentez les rues, diggez des sons et faites des rencontres, grâce à Soundgrabber

Le site vient de démarrer, et n’en est encore qu’à ses balbutiements. Quelques projets sont cependant déjà arrivés à maturité, comme la réédition d’une compilation d’ambient ou la mise sur les rails d’un EP de trip-hop. La petite entreprise a, quant à elle, intégré un incubateur parisien, permettant à Alexis et Victor d’emménager dans de nouveaux locaux. “On est en contact permanent avec d’autres start-ups installées près de nous, ça nous donne des idées pour emmener le concept encore plus loin”, se réjouit Alexis.

À terme, le duo d’entrepreneurs aimerait créer un label associé à la marque, adressé aux jeunes producteurs en quête d’une première signature, et diversifier leurs activités en intégrant plus d’événementiel, comme en témoigne leur présence au Disquaire Day ce dernier samedi 16 avril à Paris. Alexis en profite pour glisser, confiant : “On va aussi relancer les live streaming d’artistes que l’on cherche à mettre en avant, un concept ressemblant à celui de Boiler Room, que l’on avait dû stopper faute de temps, mais que l’on compte bien reprendre à raison d’une soirée par mois”.

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant