Des merveilles oubliées de l’électro underground de l’ex-URSS refont surface

Écrit par Paul Brinio
Le 16.03.2017, à 14h31
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Écrit par Paul Brinio
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Guus van Bentum, un jeune néerlandais, a décidé de plonger à corps perdu dans le digging de la musique électronique soviétique. En arpentant le monstrueux catalogue du label Μелодия (Mélodie), seule et unique maison de disques autorisée en ex-URSS, il a découvert de véritables trésors musicaux. Une ouverture sur un pan méconnu de l’Histoire qui défie notre conception de la musique électronique.

À partir de 1964 et durant 25 ans, Μелодия (“mélodie” en russe) fut le seul et unique label de musique autorisé en URSS. Dépositaire d’un mandat de l’État, il était entièrement dirigé par ce dernier, lequel contrôlait l’ensemble de la chaîne de production, de la sélection des artistes à la distribution. Aujourd’hui, près de 30 ans après la dislocation de l’Union soviétique, Μелодия peut être justement considéré comme la plus grande source d’archives musicales de la période soviétique, avec plus de 230 000 références musicales. Un pan de l’Histoire qui ne demande qu’à être exploré. Certains se sont déjà attelés à la tâche, comme Guus van Bentum. Repéré par le site Strange Sounds From Beyond, ce collectionneur atypique raconte comment il s’est épris de ce catalogue proto-électronique (merci à nos confrères de Nova pour la traduction). Et comme un track vaut plus que mille mots, une playlist de 7 morceaux d’anthologie illustre ses propos. 

Je suis né en 1989, l’année de la chute du Mur. Beaucoup de zones d’ombre de la période communiste commencent alors à être à nouveau mises en lumières et il s’avère que de nombreux musiciens enregistraient de la musique électronique depuis des années, avec un son à la fois unique et pourtant proche des enregistrements de l’Ouest.

Quelques années plus tard, alors que je commençais à collectionner des disques, j’ai acheté un 33 tours avec des remixes et des edits de disco et de musique électronique soviétique (The Very Soviet Cut-Outs), et cela m’a énormément intrigué.” 

“Весёлые Ребята” И всё это в Крыму 1982 “Vesyolye rebyata”

Le problème est qu’aujourd’hui, Discogs ne recense par exemple que 25 848 titres. Pour les non bilingues comme moi, le digging est extrêmement long. Du fait d’une censure très forte exercée sur le label par le gouvernement, la musique électronique que l’on retrouve sur Μелодия n’a ne partage pas les références sexuelles de celle que l’on retrouve aux États-Unis à la même période, par exemple. Cette musique était produite à des années-lumière des clubs et des sous-sols moites. Elle était pensée pour des cours d’aérobic ou des bandes son de films.

Une grande partie de cette musique n’a jamais dû être publiée et doit moisir sur des bandes inexploitées. Quelques-unes ont pu être découvertes dans le pays grâce à des copies pirates. Par exemple, l’album Banana Islands du groupe Vesyolye Rebyata a connu un grand succès en dépit de son interdiction par la censure.

Voici la playlist de Guus van Bentum, dont vous pouvez retrouver les commentaires dans l’article original

Eduard Artemyev – “Охота” (Hunting) (1984, Melodiya)


Zigmars Liepiņš – “Dance 85” (1985, Melodiya)

Igor Len – “Expectation” (1991, Melodiya)

Sven Grünberg – “Valgusõis” (1981, Melodiya)

Jaan Rääts – “Electronic Marginalia” (1981, Melodiya)


Peeter Vähi – “Evening Music” (1989, Melodiya)

Mikhail Chekalin – “Torn Page” (1989, Melodiya)


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