Le caractère universel de la musique n’est plus à prouver. Les instruments de musique font partie des objets les plus anciens que l’Homme ait inventé, il y a plus de 40.000 ans. Toutes les civilisations à travers le monde ont développé leur sens de la musique, avant même de pouvoir communiquer entre-elles. Les scientifiques se doutaient donc depuis plusieurs années de l’existence d’une zone du cerveau entièrement dédiée à la musique. Pourtant, aucun d’entre eux n’a jamais pu le démontrer. Jusqu’à aujourd’hui.
Une flûte en ivoire de mammouth, datant de plus de 42.000 ans
À l’Institut des Technologies du Massachusetts (M.I.T), une approche plus moderne de l’imagerie cérébrale, l’IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle), a été mise au point permettant de confirmer cette théorie. Cette technologie a permis aux chercheurs d’analyser le regroupement des cellules du cerveau, selon des stimulis particuliers, puis de les disséquer pour les observer les unes après les autres.
Au terme de leur étude, les professeurs de neurosciences Nancy Kanwisher et Josh H. McDermott, ainsi que leur collègue Sam Norman-Haigneré, ont pu affirmer qu’une zone du cerveau bien particulière s’activait lorsque l’on écoute de la musique. La parole par exemple, bien qu’elle soit un son, ne pénètre pas cette zone réservée.
Les chercheurs du M.I.T ont demandé un panel de dix personnes, qui ne comptait aucun musicien, d’écouter une liste de 165 sons mêlant toutes sortes de musiques (Bach, hip-hop, pop, world music,…), et des bruits (parole, aboiements, chasse d’eau,…). “La force de notre méthode était l’hypothèse neutre : nous avons seulement présenté un tas de sons et laissé la parole aux données” a expliqué le Dr. McDermott.
Lorsqu’une musique était jouée, peu importe son genre, les chercheurs observaient un groupe distinct de neurones se concentrer automatiquement dans une région particulière du cortex auditif. Les résultats ont également prouvé que la parole humaine bénéficiait, elle-aussi, de sa zone réservée au sein du cerveau. Ils ont également déterminé une zone chargée de traiter la hauteur du son, et une autre pour sa fréquence.
Ce que prouve cette recherche, c’est d’abord que la musique fait partie des gènes de l’Homme. Contrairement au feu ou à l’économie de marché, nous n’avons pas eu à concevoir la création musicale : elle a presque toujours fait partie intégrante de notre corps. “Il y a des théories qui disent que la musique serait plus ancienne que le langage”, a expliqué le Dr Rauschecker au New York Times. Il a ajouté : “La musique fonctionne comme un groupe homogène. Faire de la musique avec d’autre membres de votre tribu, c’est une pratique humaine très ancienne.”
L’étape suivante pour le M.I.T sera de démontrer quelle caractéristique acoustique, présente dans la musique, permet l’activation de cette région du cortex.
Source : New York Times.